‘Ta foi t’a sauvé’: 28e dim du TO année C

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2 R 5, 14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19
Homélie du 12 octobre 2025,
par l’abbé Ferdinand SEBRE

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les annotations sont ajoutées après transcription.

Aujourd’hui je vous propose de regarder les textes qui nous sont proposés en faisant un parallèle entre deux personnages des textes qui nous sont proposés. Le personnage du lépreux et Jésus.

Au temps de Jésus en Palestine, avoir la lèpre, c’était, encore plus qu’aujourd’hui, être condamné à vivre en marge, en dehors de la communauté humaine ; d’ailleurs la législation du Lévitique en témoigne : « Le lépreux portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués [. .] et il criera : Impur ! Impur ! [. .] Tant que durera son mal il demeurera à part ; sa demeure sera hors du camp » (Lv 13, 45).

On imagine l’intensité de cette rencontre entre Jésus et ses exclus du camp. La croix de Jésus ne sera pas elle aussi élevée en dehors des murs de la ville ?  

Jésus monte vers Jérusalem, mais c’est en dehors de la ville hors du camp qu’il sera conduit pour être crucifié ; là où demeurent les lépreux. Sur la croix Jésus rejoint tous les exclus, tous ceux tous ceux qui sont mis de côté que l’on ne veut pas voir. Le salut passe par ce lieu de la croix, symboliquement placé en dehors du camp, hors de la ville. Ces lépreux coupés du reste des hommes sont en fait les plus proches du salut.  Leur cri rejoint Celui qui entendra vociférer : crucifie-le ! crucifie-le !

Jésus est le maître qui entend tous les cris de notre monde en détresse. Ce monde qui se tient à distance par habitude et par crainte peut-être ; ils ne veulent pas s’imposer peut-être par crainte d’indisposer Jésus n’ose pas s’en approcher. ainsi en va-t-il dans notre relation avec Jésus. Nous croyons que notre lèpre nous rend indigne de l’amour du père et qu’elle va rebuter le seigneur. Nous avons encore peur de nous approcher tels que nous sommes. Nous avons de la peine à croire que Dieu nous aime ainsi, tels que nous sommes ; non pas qu’il aime notre lèpre spirituelle mais il nous aime tout lépreux que nous sommes, car il n’y a pas de place dans le cœur de Dieu ni pour le rejet, ni pour le dégout « d’un cœur broyé, le seigneur ne le méprise pas » nous dira le psaume 51.

Nous imaginons sans cesse qu’une distance nous sépare du Christ, or jamais on n’est plus proche lorsque que nous sommes en souffrance lorsque nous sentons le poids de la solitude, lorsque nous croyons coupé du secours humain. Jésus ne brusque rien, il respecte les gènes des lépreux ; ils se sentent si laid et si peu agréables, il ne leur dit pas « approcher, approcher, je vais vous guérir » mais avec beaucoup de douceur et de doigter, il dit « Allez-vous montrer aux prêtres ».

En effet d’après la LOI, il revenait aux prêtres de faire le constat de la guérison puis d’offrir divers sacrifices à la charge de l’homme guéri et selon ses possibilités financières. Alors pour le constat Jésus leur demande un acte de foi total ; se mettre en route pour le constat de guérison alors que leur lèpre est encore là, sous leurs yeux, qui ronge leur chair, ils partent néanmoins sur la seule parole de Jésus. Quelques instants plus tard, c’est la guérison subite et complète pour les 10 lépreux en même temps ; oui allez-vous montrer aux prêtres.

En fait du dehors du camps Jésus les pousse à entrer dans le camp, dans son centre symbolique qui est le temple. Le temple est le lieu où l’homme est ré-introduit dans la communion ; les lépreux sont invités à mettre fin à leur exile qui les coupait du temple et de leurs frères.

Et en chemin ils sont guéris, cependant l’un d’entre eux revient sur ces pas.  Regardons ensemble son retour d’exile ; c’est un retour vers Jésus, vers le seul prêtre qui soit et vers son corps qui est le vrai temple. Mais en même temps qu’il revient vers Jésus, il revient aussi vers lui-même ; vers le temple de son âme. La lèpre le maintenait comme un exilé et il vivait en exile de lui-même. On le voit désormais lui qui n’était qu’un impur, un homme à fuir jusque maintenant et qui ne faisait qu’« exister », désormais il désire « être » en vérité ce qu’il est, son retour vers son être vers son identité véritable se fait parallèlement à son retour vers Jésus. C’est cela la conversion. Seul Jésus nous conduit à la vérité de nous-même. « Il est le chemin, la vérité et la vie », nous dira Jn.14, 6.

 Désormais le lépreux guéri rend grâce, il fait l’eucharistie selon le thème que saint Luc va utiliser. Jésus lui dit relève-toi c’est-à-dire ressuscite, ta foi t’a sauvé. le lépreux passe de la guérison physique au Salut qui relève par l’action de grâce, l’eucharistie.

Et nous ? Nous venons avec nos croix, nos infirmités, notre lèpre que nous déposons sous les épaules du Christ et lui, il nous offre sa vie. Notre retour d’exil, notre conversion est toujours à reprendre mais nous savons qu’au cœur de chaque eucharistie notre vie se greffe à celle du Christ. le salut nous est donné, Jésus actualise son don, le don de sa vie sur la croix, nous passons désormais de la mort à la vie et chaque eucharistie est pour nous le lieu pour faire déborder la louange est l’action de grâce. A travers ce lépreux qui rend grâce, c’est chaque chrétien qui chaque dimanche vient à la rencontre de celui qui guéri et qui rétabli. Puisse cette Eucharistie nous rétablir dans la communion avec le Christ mais aussi dans la communion avec nos frères pour faire de nous des vivants aujourd’hui, demain et pour les siècles et des siècles Amen.