Seigneur, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! : 30e dim du TO année C

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Si35, 15b-17-20-22a / 2Tm.4,6-8,16-18 ; (Lc 18, 9-14)
Homélie du 26 octobre 2025
Par l’abbé Ferdinand SEBRE

Un publicain et un pharisien. Deux attitudes et deux personnages nous sont proposés aujourd’hui.

La semaine dernière, Jésus nous disait qu’il fallait prier. Cette semaine, Jésus attire notre attention sur l’attitude à avoir.  Dans la prière aussi, le publicain et le pharisien incarnent deux postures que nous pouvons avoir dans la prière et je nous invite donc aujourd’hui à regarder ces deux postures et voir peut-être là où nous pouvons nous situer.

Le pharisien veut affirmer et démontrer sa supériorité. Il sent le besoin d’abaisser les autres qui sont pour lui injustes, adultères ou encore comme ce publicain. En affichant sa vertu orgueilleuse, il étale son mépris des autres. Il est centré sur lui-même et démontre un manque total de miséricorde et de bonté. Le publicain, de son côté, commence sa prière avec le psaume 50, mon Dieu, prends pitié du pauvre pécheur que je suis. Il ne juge pas les autres, il se juge lui-même. Cet homme souffre du rejet de la solitude à cause de ses propres péchés. Collecteur d’impôts, il est à la solde du Romain. Il se fait escorter par les soldats pour obliger les pauvres gens à payer de lourdes taxes. Et il n’a d’autres amis que ceux qui font le même métier que lui. Il est méprisé par les gens de son peuple. Il se méprise lui-même pour le travail qu’il fait ; dans sa peine, il se tourne vers Dieu et s’en remet à lui.

Toute la leçon de la parabole repose sur deux mots, et ces deux mots sont soulignés dans le texte que nous avons entendu au début. Le pharisien est convaincu d’être juste ;à la fin le publicain s’en retourne chez lui, justifié par le Seigneur. D’un côté, un qui est convaincu d’être juste, et l’autre qui retourne chez lui en étant justifié par le Seigneur.

Le Seigneur est donc celui qui accueille tout homme, qui accueille toutes nos prières. Mais Il accueille aussi bien les pharisiens comme Nicodème, comme Simon, comme Marie Madeleine, comme la pécheresse publique, les malades, les enfants, la femme adultère, la samaritaine, les veuves, les publicains et les pêcheurs. En fait, le Seigneur accueille tout le monde, tous nous sommes accueillis dans le cœur de Dieu tel que nous sommes. Quelle qu’ait été notre vie, Dieu ne détruit pas, Il guérit et Il redonne espoir. Il ne condamne pas, Il pardonne, Il ne punit pas, Il libère, Il traite avec ménagement la mèche qui fume encore. Ce que le Seigneur ne supporte pas ce sont nos comparaisons quelquefois malhonnêtes et nos justifications complaisantes : « Mon Dieu, je Te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ».

Et cette situation, nous la retrouvons même en politique et dans nos dans nos sociétés. Les partis politiques ont plutôt tendance à se comparer les uns aux autres disant qu’ils ont un meilleur programme que les autres.

Le Seigneur, Lui, attire notre attention sur une réalité. Et quelle est-elle ? Le Seigneur nous invite à ne point être en comparaison les uns avec les autres. Influencés par notre civilisation de super-héros, le numéro un, des meilleurs du monde, nous passons bien souvent notre vie à nous comparer aux autres. Nous cherchons à être le premier, le plus fort, le plus doué, le plus riche, le chef de file. Ceux qui ne correspondent pas à nos critères de sélection sont écartés, déclarés nuls, incompétents et sans valeur.

Par ces deux attitudes très schématisées, le Seigneur veut nous faire réfléchir sur la place que nous occupons dans notre monde et sur les relations que nous avons avec Dieu et avec les autres. La parabole de Jésus s’adresse à nous qui croyons peut-être être meilleurs que les autres et qui avons tendance à mépriser celles et ceux qui n’ont peut-être pas les mêmes valeurs religieuses, politiques ou sociales que nous. Chaque dimanche nous commençons nos Eucharisties par nous reconnaître pécheurs. Cela devrait nous convaincre de ne pas nous placer au-dessus des autres, de ne pas nous comparer les uns aux autres, de ne pas nous croire supérieurs les uns aux autres, mais reconnaître tout simplement que nous sommes des pécheurs devant Dieu. La rencontre dominicale est un événement tout plein de Miséricorde et de la Tendresse de Dieu envers chacun de nous. Nous n’avons pas à trouver ou à prouver que nous sommes supérieurs, que nous sommes meilleurs, mais nous devons accepter et accepter les autres tels qu’ils sont. Demandons au Seigneur, en cette Eucharistie, de nous donner réellement un cœur qui soit catholique, qui n’enferme personne, mais qui accueille tout homme tel qu’il est puisque Dieu Lui-même nous accueille tels que nous sommes, Lui qui est Vivant aujourd’hui, demain et pour les siècles des siècles.