Nous sommes de simples serviteurs: 27e dim du TO Année C                                                          

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Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4- ; Ps 94 ; Tm 1, 6-8.13-14 ; Lc 17, 5-10
Homélie du 5 octobre 2025,
Par l’abbé Matthieu TOUVENOT, vicaire général                                    

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les annotations éventuelles sont ajoutées après transcription.

Je suis un serviteur du Seigneur et les disciples qui sont dans le chœur avec moi se considèrent aussi comme serviteurs du Seigneur. Et j’espère que vous aussi, si vous êtes là, c’est que vous êtes disciple de Jésus-Christ, et Jésus vient de s’adresser aux apôtres en particulier, et on peut l’expliquer à tous ces disciples, et il leur parle justement d’être serviteurs, et il leur dit précisément, quand vous aurez fait exécuter tout ce qui vous a été ordonné, dites : « Nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir. » C’est quoi notre devoir ? Pour pouvoir dire un jour : « Seigneur, je ne suis qu’un simple serviteur, je fais mon devoir. »

Quel est mon devoir ? Moi je connais le mien, les prêtres dans le chœur le savent aussi, et pour les fidèles, ce n’est pas forcément le même devoir que les prêtres, mais est-ce qu’on est chacun au clair avec notre devoir, le devoir de disciple de Jésus, pour pouvoir dire un jour, Seigneur, voilà, je n’ai fait que mon devoir.

Quel est le devoir de chrétien ? Quelle est la mission des chrétiens aujourd’hui, dans le monde ? Parfois, on se voit, comme chrétien devant le monde, on se dit, mais qu’est-ce qu’on peut faire ?

J’ai pensé à ça en entendant la première lecture du prophète Habacuc, qui pose des questions difficiles. Il s’adresse au Seigneur, il dit combien de temps je vais appeler sans que tu m’entendes ? Pourquoi est-ce que tu me laisses voir tout ce mal, toute cette misère, pillage, violence, etc.

Et ça, on le voit quand même beaucoup, surtout si on regarde la télé. On peut dire que ça peut être un peu loin de nous, mais depuis le temps qu’on voit ça, et qu’on prie, peut-être, j’espère, que ça change. On dirait que le Seigneur ne l’entend pas.

En même temps, on n’a pas une très grosse capacité d’action devant ce qui se passe dans le monde. Souvent, c’est un peu loin. Alors, bien sûr, on peut prier, mais on est un peu frustré parce qu’on aimerait faire plus que prier, mais je ne vais pas partir là, en Ukraine ou au Congo, pour essayer de changer les choses. Et pourtant, je veux faire plus que prier. Peut-être que c’est qu’on regarde trop loin.

Avec la télé, avec les infos, on voit l’échelle du monde, mais nous, on a l’échelle de notre village, de notre quartier, de notre famille. Et c’est peut-être là qu’on a à agir. Et là, je pense que c’est Saint-Paul qui peut nous dire plus précisément ce que nous avons à faire, mais beaucoup plus proche de nous.

Comme il écrivait à Timothée, on l’a entendu dans la deuxième lecture. Et ça, ça peut être des phrases vraiment données par la parole de Dieu pour nous. « N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. »

On peut entendre cette phrase pour nous. N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, c’est-à-dire à Jésus. Ça, c’est quelque chose qu’on peut faire à notre échelle.

Rendre témoignage, c’est-à-dire être capable de dire à d’autres : Voilà ce que ça fait pour moi de croire en Jésus, de connaître Jésus, d’aimer Jésus et d’avoir accueilli Jésus dans ma vie. Est-ce qu’il y a une différence dans votre vie entre le fait de connaître Jésus et de ne pas le connaître ? Imaginez votre vie sans Jésus, comparez avec votre vie aujourd’hui avec Jésus.

Est-ce qu’il y a une différence ? J’imagine que si vous êtes là ce matin, c’est qu’il y a une différence, parce qu’il n’y a plus grand monde qui vient par habitude à la messe. Si on vient, c’est que, manifestement, connaître Jésus, ça transforme quelque chose dans notre vie. C’est de ça que Paul parle.

N’aie pas honte de rendre témoignage à Jésus. Ce Jésus que toi tu connais et qui change ta vie, pense que autour de toi, il y a des gens qui ne le connaissent pas. Et donc si ce n’est pas toi qui rends témoignage du fait que dans ta vie, la présence de Jésus a tout changé, personne d’autre ne pourra le faire.

Et là, il n’y a pas besoin de prendre l’avion pour ça, il faut parler à ses voisins, à ses amis, aux collègues, etc. Saint Paul rajoute, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. C’est un peu la même question.

Annoncer l’Évangile, il ne s’agit pas de dire des phrases théoriques, il s’agit d’annoncer l’Évangile comme la bonne nouvelle que j’ai reçue dans ma vie et qui a changé ma vie. Donc c’est la même question. Et Saint Paul dit, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Parce que ça coûte un peu, en fait. Ceux qui ont essayé de témoigner de leur foi à quelqu’un d’autre, ils ont pu voir que ça apporte beaucoup de joie, mais avant de le faire, ça coûte un peu. On a peur …

Il faut se préparer. Cette part des souffrances, c’est que peut-être que parfois on ne se sent pas compris, peut-être que ça prendra un peu de temps, peut-être qu’on aura l’impression que ça n’avance pas. En fait, c’est ça le rôle du chrétien.

Si un jour vous voulez pouvoir dire à Jésus, je ne suis qu’un simple serviteur, j’ai fait ce que j’avais à faire. Et c’est pour ça que vous retrouvez un pasteur.

Un pasteur de paroisse, un curé, c’est un administrateur. On le nomme aujourd’hui, au 1er septembre.

Le but du prêtre dans la paroisse, ce n’est pas d’entretenir la communauté qui se réunit, qui est contente d’avoir la messe, puis les temps de prière, puis les temps de formation, puis peut-être un pèlerinage, etc. Ce n’est pas d’abord pour vous, excusez-moi. C’est pour tous ceux qui ne sont pas là, mais à travers vous.

C’est-à-dire que le prêtre, le pasteur, il est là pour vous aider à ce que vous, comme dit saint Paul, vous soyez capables de rendre témoignages du Seigneur à l’extérieur. Que vous preniez votre part de souffrance liée à l’annonce de l’évangile. Il y a plus de joie que de souffrance, mais quand même, ça coute un peu.

Après, ça dépend dans quel pays, à quelle époque on est. Mais en France, il n’y a pas énormément de souffrance. Il y a simplement à oser un petit peu.

Si aujourd’hui, le diocèse de Lyon vous envoie un administrateur. Ce n’est pas pour vous faire du bien directement. C’est pour faire du bien à l’extérieur, mais à travers vous.

Et vous, ça vous fera du bien, d’ailleurs. Et plus on va écouter le Père Ferdinand et plus on va apprendre comment évangéliser un peu plus. On va apprendre ce que ça veut dire de témoigner de sa foi, etc.

Et bien, y a tout à faire, et le faire ensemble c’est plus facile que de le faire seul.

Et ça, on peut le faire surtout, comme dit saint Paul, grâce à la force de Dieu qui nous est donnée. Et la force de Dieu, vous savez comment elle s’appelle ? La force de Dieu, c’est l’Esprit Saint. C’est-à-dire que quand on essaie de témoigner, quand on annonce la bonne nouvelle, quand on fait du bien dans tout ce qu’on fait, on le fait avec la force de l’Esprit Saint. C’est ce qui nous permet d’avoir la foi. Et la foi, ça veut dire qu’il n’y a pas besoin d’en avoir beaucoup.

Je reviens à l’évangile, quand les apôtres disent à Jésus, augmente en nous la foi, ils avaient l’impression d’en avoir pas beaucoup. Et ils pensaient que s’ils en avaient plus, tout serait plus facile. Et il leur dit, en fait, vous en avez assez.

Vous n’en avez pas beaucoup, mais vous en avez assez. Pourquoi ? Même si vous avez la foi de la taille d’une graine de moutarde, qui est la plus petite graine dans le jardin, si vous avez cette foi-là, quand vous l’utilisez, eh bien, ça fait des choses extraordinaires. Vous pourrez dire à tel arbre, déracine-toi, va te porter dans la mer et il obéira.

Ce qui paraît extraordinaire, ce serait un miracle. Peut-être pas très utile, mais je cherche, et je me dis, pourquoi est-ce que Jésus a dit ça ? Qu’est-ce qu’il avait cet arbre ? On a plutôt besoin des arbres, alors pourquoi vouloir le découper, le déraciner.

Qu’est-ce qu’un arbre viendrait faire dans la mer ? Je ne comprends toujours pas pourquoi Jésus a pris cet exemple, mais je me dis, ça c’était à peu près utile, si ce n’est pour montrer qu’avec un tout petit peu de foi, dès qu’on la met en œuvre, on peut faire beaucoup. Moi, j’ai vu des choses intéressantes avec un tout petit peu de foi. Ce que dit Jésus, c’est que n’attendez pas d’avoir une grande foi pour agir, parce que sinon, vous allez attendre encore mille ans, parce que vous n’en aurez jamais assez.

En fait, ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut l’utiliser, le mettre en œuvre, et puis dire puisque j’ai la foi, je sais que j’ai la foi en Seigneur, eh bien, il va l’accorder. Donc, il nous dit que Jésus, quand l’un d’entre nous sommes d’accord pour demander quoi que ce soit à mon Père, en mon nom, il l’obtiendra. Il suffit de demander.

Il nous faut oser demander. Avec la petite foi qu’on a, il faut oser demander. Et ça peut être dans beaucoup de domaines, tout ce dont on a besoin.

Par exemple, il y a quelques semaines, il y avait un problème de relation entre deux personnes qui se connait à cause d’une parole imprudente, fait que deux personnes qui avaient confiance l’une dans l’autre, on avait peur que cette confiance soit vraiment abîmée, et que ça dégénère, parce que ça n’avait pas été dit de la bonne manière, au bon moment. Ici, c’est quand même dommage, parce que ça risque vraiment d’abîmer beaucoup de choses. Et donc le Seigneur dans cette situation, non seulement se simplifie, mais que puisqu’il y avait un problème, une erreur qui avait été faite, que ça mène plutôt à un embellissement, profiter d’une difficulté pour que ça aille beaucoup mieux.

Eh bien, c’est ce qui s’est passé parce que non seulement, ils se sont expliqués correctement, mais ça a permis à une des personnes d’écrire une très belle lettre à l’autre personne, et je pense que ça ira beaucoup plus loin dans la relation. Ça, c’est dans les relations.

Et puis, une question très matérielle, il y a quelques jours, je me suis rendu compte que dans la journée d’hier, la même salle avait été réservée par deux groupes, un problème d’inscription, du fait que l’horaire n’avait pas été notée. Deux jours avant, je me rends compte que, gros problème, un groupe de 80 personnes d’un côté et 20 de l’autre. C’est quand même un gros problème alors je me dis Seigneur il faut résoudre ce problème et trouver la solution.

Et alors, non seulement, il a trouvé et en plus, j’ai eu deux possibilités et choisir. ça a permis à ces deux groupes de se rencontrer et d’avoir quelque chose de très beau entre eux.

La pire difficulté, ce n’était pas pire, mais c’était très gênant, la pire difficulté que vous puissiez connaitre et bien elle peut se transformer en excellente opportunité. Il suffit d’avoir un tout petit peu de foi, mais surtout de la mettre en œuvre.

C’est d’oser demander. Seigneur, je ne dis pas que j’ai une grande foi, mais avec cette foi, je te demande, et puisque j’ai cette foi, je sais que tu vas l’accorder, de transformer cette situation, d’enlever cet arbre qui me gêne. Pensez à quel est le plus gros obstacle dans votre vie actuellement, dans votre vie personnelle, dans votre emploi, etc.

Quelle est la chose la plus pénible où vous ne voyez pas de solution, et vous pensez qu’il n’y a pas de solution. Parfois on est certain qu’il n’y a pas de solution parce que nous on voit à notre niveau et le Seigneur voit beaucoup plus loin. Eh bien, cette situation-là, présentez-la au Seigneur, vérifiez que vous avez un tout petit peu de foi, je pense que si vous êtes là c’est que vous en avez, et dans cette foi, dites-vous, Dieu, c’est mon Père, Il m’aime, Il veut le bien de tous. Ça, c’est du bien que je demande, donc c’est sûr qu’il va toujours m’exaucer.

Faites cette demande, et puis regardez dans les prochaines heures, dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, c’est pas forcément sur le moment, mais comment le Seigneur agit, parfois on ne sait pas, mais un jour on apprend que s’il s’est passé quelque chose. Ma petite foi, je l’ai utilisée, et le Seigneur a fait des grandes choses, donc je peux continuer. Et avec cette foi-là, on peut même demander des grandes choses. Prenez le temps maintenant, dans votre cœur de voir.

N’ayez pas peur de quelque chose de très problématique, demandez au Seigneur, de trouver la bonne solution pour cette situation, et regarder dans les jours, prochainement comment ça évolue et surtout pensez à rendre grâce au Seigneur. Amen.