Qu’ils soient Un – 7e dimanche de Pâques

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ils avaient les yeux fixés sur Étienne, et ils virent que son visage était comme celui d’un ange.

Ac 7, 55-60 ; ps 96 ; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26.
Homélie du 7e dimanche de Pâques, Année C, 1er juin 2025
Ac 7, 55-60 ; ps 96; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26 ;
Par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Etienne, protomartyr

On l’appelle le protomartyr, parce qu’il est le premier martyr. Étienne. C’est un garçon brillant. Il est juif. Et c’est un amoureux de la Parole de Dieu. Les apôtres l’ont appelé et il est devenu diacre. Serviteur des plus pauvres. Serviteur de la Parole. C’est un peu le saint patron de tous les diacres du monde. Étienne, il est donc un annonciateur de la Bonne nouvelle du Christ. Et cela dérange. Parce qu’annoncer la Bonne nouvelle du Christ, cela bouscule pas mal d’habitudes. Des habitudes qui sont neutres ou des habitudes qui sont mauvaises. Et vous le savez, on n’aime pas être dérangé dans nos habitudes. Du coup, cela va entraîner une haine croissante contre lui. Et ce qui est arrivé à Jésus, pour les mêmes raisons, va arriver à Étienne. Il est jugé dans un procès où la décision a été rendue avant même que le procès commence. Il est condamné à mort et il meurt lapidé. Innocent, il est mis à mort. Et dans cette mise à mort, il fait un acte d’offrande. Il se donne lui-même au Père. Il est vraiment le premier imitateur de Jésus. Dans sa mort, qu’il n’a pas choisie. Il n’est pas masochiste, il n’y est pas allé avec plaisir. Cette mort contre laquelle il ne peut rien, il choisit d’en faire un acte d’offrande. Un acte d’offrande au Père : « Entre tes mains, je remets mon esprit ». Jésus avait dit la même chose. Et surtout, un acte d’offrande à ceux-là même qui sont en train de le massacrer. « Père, ne leur compte pas ce péché ». Evidemment, cela fait écho à la Parole de Jésus : « Père, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font ». Etienne, le premier imitateur de Jésus, le premier martyr. Et martyr, martyrios en grec, c’est le ‘témoin’. En regardant Etienne, finalement, on a vu Jésus.

Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que l’acte d’offrande et de pardon d’Étienne va porter un fruit. Personne ne pouvait l’imaginer. Saul était là. Saul, c’est un jeune pharisien, sûr de lui, très compétent et convaincu que les chrétiens empruntent une fausse voie, un chemin de perdition. Et donc il est là, et s’il ne lance pas les pierres parce qu’il ne fait pas partie des témoins et des accusateurs, il est tout-à-fait d’accord avec la mise à mort d’Étienne. Il est absolument complice. Et là, cette prière d’Étienne pour ses persécuteurs, – « Ne leur compte pas ces péchés » -, va être efficace. Parce que quelques années plus tard, Saül va être bousculé, renversé sur le chemin de Damas. Et il va devenir le plus grand prédicateur, le grand Apôtre de la bonne nouvelle. On sème et on ne sait pas forcément ce qu’on va récolter. Étienne n’avait aucune idée de la portée de son martyr, de la portée du pardon qu’il donnait. Et cela a porté du fruit.

II – Que tous soient Un

Dans l’évangile, on est peu d’heures avant l’offrande du Christ, avant ce martyr du Christ, ce procès. Et Jésus, au chapitre 17 de l’Evangile selon saint Jean, fait une grande prière. On l’appelle la prière sacerdotale. Parce que Jésus agit là comme prêtre. Il fait le pont entre la terre et le Ciel. C’est cela un prêtre. Il prie pour ceux qui sont là. Pour ses disciples. Et pas seulement pour les disciples qui sont présents, mais aussi pour tous ceux qui croiront à sa parole. Donc en fait, il prie pour nous. La grande prière de Jésus : « Que tous soient un ». Qu’ils soient un. C’est de là que vient le titre de notre bulletin paroissial. « Qu’ils soient un ». « Comme toi Père tu es en moi et toi en moi ». En fait, que fait Jésus ? Il nous dévoile un mystère étonnant : celui de la Trinité. On en reparlera dans 15 jours car ce sera la fête de la sainte Trinité. La Trinité, c’est cette folie de penser à la fois que Dieu est absolument unique, et en même temps, il est plusieurs, il est trois. Il n’y a que chez les chrétiens que 1 + 1 +1 = 1 ou que 3 = 1. D’ailleurs, cela choque et étonne. Parfois même, nous on dit que c’est un peu compliqué cette histoire. Or en fait, c’est le cœur de la foi chrétienne car c’est la seule chose qui nous permet d’affirmer que Dieu est Amour. Le Père donne tout ce qu’il est dans un acte d’amour parfait. Le fait même de se donner, cela constitue le Fils qui reçoit tout. Il reçoit tout ce que le Père donne, donc entre le Père et le Fils, il n’y a pas de différences, c’est la même réalité. « Qu’ils soient un comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ». Et l’Esprit-Saint, c’est le cadeau que le Père fait au Fils. C’est bien encore tout Dieu. Il n’y a pas de différence, c’est la même réalité. C’est Dieu unique qui se donne : il est Père. Il se reçoit : il est Fils. Qui est donné : c’est l’Esprit saint. « Pour qu’ils soient un comme nous sommes un ». Le projet de Dieu, c’est de nous faire entrer dans cette unité du Père, du Fils et du saint Esprit. Le mot savant, c’est périchorèse, pour parler de la relation entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Périchorèse, c’est la danse : Il y a une danse d’amour entre le Père qui se donne, le Fils qui reçoit et l’Esprit saint qui est donné. Et Dieu veut nous faire entrer dans cette danse-là. Et c’est le cœur de la fête de dimanche prochain, la Pentecôte. Nous attendons l’Esprit-Saint, parce que l’Esprit-Saint, quand il est installé dans nos cœurs, il nous entraîne dans le tourbillon de l’Amour de Dieu. Nous sommes faits pour cela. C’est notre plus grande joie et notre plus grand bonheur. C’est pour cela que pendant ces dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte, il est de tradition dans l’Eglise de prier instamment : ‘Seigneur, envoie ton Esprit dans nos cœurs. Seigneur, fais-nous entrer dans ta danse’.

En conclusion, c’est le dernier mot de la Bible. La lecture de l’Apocalypse que l’on vient de lire, au chapitre 22, jusqu’au verset 20, c’est le dernier mot de la bible. « L’Esprit et l’épouse disent : ‘Viens !’ Celui qui entend, qu’il dise : ‘Viens !’. Celui qui dit qu’il a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement. Et celui qui donne ce témoignage déclare : ‘Oui, je viens sans tarder. Amen, Viens Seigneur Jésus !’ ». Le dernier mot de la Bible, c’est un appel à entrer pleinement dans l’Amour de Dieu.