L’Ascension du Seigneur

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Homélie de l’Ascension du Seigneur, Année C, Jeudi 29 mai 2025,
Par l’abbé Gaël de Breuvand,
Ac 1, 1-11 ; ps 46 ; He 9, 24-28 ; 10, 19-23 ; Lc 24, 46-53

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Jésus, parti pour que nous puissions recevoir le Don

Jésus est monté au Ciel. Il a disparu à nos yeux. Il est monté au Ciel avec son corps, tout son être. Et pour nous, 2000 ans plus tard, de temps en temps on a peut-être la tentation de se dire : « Jésus, si tu étais resté, cela serait plus facile quand même ». Mais à cette question-là, Jésus avait déjà répondu. C’était dans l’évangile selon saint Jean. Il avait dit : « Si je ne m’en vais pas, vous ne pourrez pas recevoir l’Esprit-Saint ». C’est quelque chose qui a été manifesté aussi lors des apparitions de Jésus. Lorsque Jésus apparaissait, les disciples ne le reconnaissaient pas et à l’instant où ils le reconnaissent, Jésus disparaît à leurs yeux. C’est comme s’il y avait une incompatibilité ou une impossibilité : Dieu ne peut pas être à la fois dans mon cœur et devant moi. S’il se présente à moi comme Jésus avec son corps, c’est qu’il n’est pas encore là dans mon cœur et inversement ; s’il est dans mon cœur, je n’ai pas besoin de l’avoir face à moi.

II – Jésus, premier né d’entre les morts

Jésus est monté au Ciel. Bonne nouvelle ! Cela veut dire qu’aujourd’hui, il y a un homme,  – le plus parfait de tous les enfants des hommes -, qui est auprès de Dieu, dans la plénitude de son être. Avec son corps, son âme, tout ce qu’il est. Nos défunts à nous, sont près de Dieu, nous l’espérons. Mais il leur manque encore quelque chose : leur corps. Jésus, lui, il est déjà tout entier auprès de Dieu. Il est le premier né d’une multitude de frères et de sœurs. Nous aussi, avec Jésus, nous ressusciterons. Nous nous retrouverons avec nos corps. Comme êtres humains, nous avons besoin de nos corps pour entrer en relation les uns avec les autres. Donc ceux qui sont morts, et nous qui mourrons un jour, il nous manquera quelque chose tant que nous ne serons pas ressuscités. Jésus est la preuve de cette résurrection. Il est monté au Ciel et il nous attend. Il reviendra dans la gloire… Il nous relèvera. Nous nous retrouverons avec nos corps auprès de Dieu. Donc grande joie parce que l’un de nous est déjà près de Dieu.

III – Jésus, présent dans le monde par nous !

Jésus s’en est allé ; il n’a pas pour autant quitté le monde. En fait, en montant au Ciel, en disparaissant aux yeux des disciples, il laisse deux choses : une promesse et une mission. La promesse, nous la connaissons, c’est celle de l’esprit saint. 10 jours après cette ascension, c’est la fête de la Pentecôte. C’est le don de l’Esprit-Saint. Pour nous, dans dix jours, c’est la fête de Pentecôte. C’est l’occasion d’accueillir à nouveau frais cet Esprit que Dieu veut nous donner. Cela, c’est la promesse. Mais cette promesse a une finalité. Et cette finalité, c’est une mission. En disparaissant à nos yeux, Jésus laisse aux apôtres mais à tous les baptisés, à tous les croyants, une mission. Et cette mission, c’est d’accomplir, sur cette terre, ce que Lui veut faire. Qu’est-ce que veut Dieu ? Qu’est-ce que veut le Christ ? Il veut pour chaque homme le bonheur et la joie ; Il se tourne vers nous et nous dit : « les enfants, à vous de jouer ! ». Alors il ne nous laisse pas seul : il nous laisse sa Parole, son Esprit saint, ses sacrements, l’église. Mais nous qui sommes l’Église, nous avons mission d’accomplir l’œuvre du Christ sur la terre. C’est être prêtre, car Jésus est le prêtre par excellence. Il l’est encore plus depuis qu’il est monté au Ciel, car il fait le pont parfaitement entre la terre et le Ciel. Evidemment, voyant son Père, il porte toutes les prières du monde. Du Père, il reçoit tout le don d’amour et il le transmet au monde. C’est la mission, l’œuvre du Christ. Et nous ? Nous aussi. Nous avons à être le pont qui unit le Ciel et la terre. Nous avons à accueillir le don de Dieu pour pouvoir le transmettre aux autres. Nous avons à recueillir les prières des hommes et les présenter au Père. Il faut que ce soit concret. Concrètement, quand est-ce que l’on accueille le don de Dieu pour le donner ? Quand est-ce que on recueille les intentions et les prières du monde pour les porter au Père ? Vous allez me dire : tous les jours ! et vous avez raison.

Prêtre… Prophète. Jésus est le prophète par excellence. Le prophète n’est pas celui qui annonce l’avenir ; C’est celui qui est tellement rempli de la parole de Dieu que cette parole, elle déborde de lui. Il annonce la Bonne nouvelle. La bonne nouvelle du Christ, de Jésus : ‘Dieu vous aime. Il vous a choisi comme ami. Voulez-vous lui répondre ?’ Cette Bonne nouvelle-là, il nous faut la partager. Et pour la partager, il faut nous en nourrir de cette Parole de Dieu. Il faut la lire, la méditer. Concrètement, quand est-ce que je suis prophète ? Quand est-ce que je me nourris de la Parole de Dieu ? Quand est-ce que je la laisse déborder de moi ? Avec ceux qui sont là… Pas besoin d’aller en Papouasie… Ceux-là qui sont près de moi… Un petit enfant à qui on pourrait faire découvrir la Parole de Dieu. Un ami, un voisin… Enfin la mission du Christ, c’est d’être roi. Alors le roi à la manière biblique. Ce n’est pas un potentat ou un pharaon. Le bon roi, à la manière biblique, c’est un berger qui se met au service. Au service de la joie de ceux qui nous entoure. C’est notre mission. Là encore, très concrètement, comment la vivons-nous ? En fait, si on y réfléchit 15 secondes. Prêtre, prophète et roi, c’est lié. Tout est lié. Si j’essaie de mettre en œuvre une dimension de cette mission, en réalité, je mets aussi en œuvre les autres. C’est l’appel que le Christ nous fait. Cette force qui vient d’en haut, c’est pour que nous puissions être d’autres Christ dans ce monde. Être les relais, les témoins du Christ.

Les anges s’approchent des apôtres qui sont là tout ébahis parce que jésus est monté au Ciel et ils l’ont vu disparaître. Et ses deux anges vêtus de blancs disent aux disciples : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le Ciel ? » C’est un appel à chacun de nous. Il est bon de contempler le Christ, de contempler Dieu. De se laisser regarder par Lui et de le regarder. Donc il est bon d’avoir la tête au Ciel. Et en fait, dans l’Ascension, c’est bien ce qui se passe. Notre tête, Jésus, tête de l’Eglise, du Corps qui est l’Eglise, est au Ciel. Donc il est bon d’être en contact avec notre tête. Mais il nous faut aussi garder les pieds sur terre. Il s’agit aujourd’hui d’aimer, en vérité. Pas simplement en théorie, ce qui est très facile, mais qui ne change pas grand-chose. Aimer en vérité. La tête au Ciel, les pieds sur terre ; C’est cela être vraiment chrétien. C’est ce qui fait notre joie et si nous le vivons en vérité, c’est ce qui fera la joie du monde.