
Homélie du 15 juin 2025, Fête de la Sainte Trinité C,
avec des enfants qui font première Communion
par l’abbé Gaël de Breuvand
Aujourd’hui, nous sommes la fête de la Sainte-Trinité ; j’en connais beaucoup, même des chrétiens, qui disent qu’on se complique un peu la vie… Dieu est Dieu, avons-nous vraiment besoin qu’Il soit Dieu en trois personnes ? Est-ce qu’on n’est pas en train d’être polythéiste, c’est-à-dire de croire en plusieurs dieux ? Disons-le alors franchement : nous avons trois dieux, ou alors nous n’en avons qu’un et Il est Un…
Et pourtant, l’Église, depuis les tous débuts, assure qu’il y a UN Dieu, et que ce Dieu, Il est TROIS Personnes.
I – Un Dieu, créateur et bienveillant
Avec nos propres forces, notre propre pensée, lorsque l’on regarde le monde, le ciel, les montagnes, le foisonnement de la vie, les oiseaux, les plantes, les animaux, on perçoit qu’il y a quelque chose – quelqu’un… – qui a pensé tout cela et l’a créé. Et ce quelqu’un, on l’appelle « DIEU ». Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour cela ; tous les hommes sont capables de penser qu’il existe un Dieu, un Dieu Créateur. Par exemple, Aristote, un philosophe grec, a écrit un petit livre pour exposer cela. Dans sa « Théologie », son étude sur Dieu, il nous décrit un dieu qui est à l’initiative, au commencement de toutes choses, qui a créé ce qui existe, qui permet même à ce qui existe d’exister. Et, à la fin de son livre, il dit : maintenant, si on veut en savoir plus, il va falloir que ce dieu vienne nous le dire.
Et cela tombe bien ! Parce que, depuis quelques siècles déjà à l’époque d’Aristote, il y avait un petit peuple – c’était le peuple hébreu, puis le peuple juif – qui était en relation avec ce Dieu. Il se présentait comme le Créateur – ce qu’on s’était imaginé – mais aussi comme un Père, comme un Berger, et même comme un Fiancé ! Il se présentait comme quelqu’un qui trouvait de l’importance à la vie des hommes, quelqu’un pour qui nous comptons, chacun de nous, quelqu’un qui nous connaît par notre nom. C’est d’ailleurs pour cela qu’au début de la célébration, j’ai rappelé vos prénoms. Alix, Donovan, Matteo, Loris, Juliette, Lucas, Martin, Carla, vous avez été baptisés, vous êtes connus de Dieu par votre nom. Et c’est vrai pour toute la Bible : on connaît Abraham, Isaac, Jacob, on connaît Moïse, on les connaît tous, tous ceux-là qui ont été connus de Dieu par leur nom.
II – Dieu trine, Dieu amour
Et puis est arrivé Jésus : c’est le dernier « mot » de Dieu : quand on voit Jésus, on voit Dieu ; quand on voit Jésus, on voit le Père. Pourquoi ? Parce que Jésus le dit : « Le Père et moi nous sommes UN : tout ce que j’ai reçu du Père, Je vous le donne. » C’était l’évangile d’aujourd’hui : « Il recevra ce qui vient de Moi, tout ce que possède le Père est à Moi. »
En fait, entre le Père et le Fils et l’Esprit Saint, on parle bien d’une même réalité. On parle du Père qui se donne, et Il se donne parfaitement, dans un acte de don total ; et le fait de se donner totalement, cela le constitue comme « Père » : le Père, c’est Dieu qui aime en se donnant. Et par le fait de se donner, Dieu reçoit, et Dieu qui reçoit, on l’appelle « Fils ». Le Père donne tout, le Fils reçoit tout : entre le Père et le Fils il n’y a pas de différence, c’est la même réalité, un seul Dieu, Dieu qui aime en donnant, Dieu qui aime en recevant. Et le cadeau que le Père fait au Fils, c’est « l’Esprit Saint ». Pas de différence entre l’Esprit Saint et le Père, pas de différence entre l’Esprit Saint et le Fils. Le Père et le Fils et le Saint Esprit, c’est UNE réalité : Dieu : Dieu qui aime en se donnant, c’est le Père, Dieu qui aime en recevant tout, c’est le Fils, Dieu qui aime en étant donné, c’est l’Esprit Saint.

Quand on y pense un petit peu, cela nous fait penser à un objet, ce « handspinner ». Vous vous rappelez, les plus anciens ? Cet objet a été très à la mode il y a quelques années. Cet objet a trois branches, et quand il tourne vite, il y a plus qu’un objet, on ne les voit plus, les trois branches. Cela peut nous faire penser à la Sainte Trinité. Ce mouvement circulaire – un mouvement – en théologie, on va dire un mouvement de « périchorèse » – c’est ‘la danse’ en grec. La danse d’amour de Dieu, le Père qui aime, le Fils qui aime, l’Esprit qui aime ; le Père, le Fils, et le Saint Esprit qui aiment : un seul Dieu, qui aime.
Et dans cette périchorèse, dans cette danse d’amour de Dieu, Il veut vous faire entrer, me faire entrer, faire entrer chacun de nous. Voulez-vous entrer dans la danse de Dieu ? Il vaut mieux répondre oui, car nous sommes faits pour ça. « Dieu a créé l’Homme à Sa ressemblance ». On est fait pour ça ! Est-ce que vous voulez entrer dans la danse de Dieu ? Moi je réponds oui, et je crois que vous aussi, car sinon vous ne seriez pas là ! Dans quelques instants, en effet, vous allez recevoir un don immense : Jésus qui Se donne.
III – Eucharistie pour entrer dans la danse de Dieu
Nous avons parlé de Dieu UN, nous avons parlé de Dieu TRINE, trois, et là maintenant, nous parlons de l’Eucharistie. C’est la manière que Dieu a choisie de nous faire entrer dans Sa danse. Dans quelques instants, une parole étonnante, un petit mot : trois mots, que je vais dire, mais en les disant ce n’est pas moi qui parle, c’est ma voix que vous allez entendre, mais ces mots-là « Ceci est Mon Corps », ce sont les mots de Jésus. Et la parole de Jésus est efficace : lorsqu’Il dit à un paralysé « Lève-toi », le paralysé se lève, quand Il dit à un lépreux « sois purifié », le lépreux est guéri ; quand Il dit à un homme « Tes péchés sont pardonnés », ses péchés sont pardonnés. Quand Il dit « Ceci est Mon Corps », ce qui n’était que du pain devient le Corps du Christ, et quand Il dit « Prenez, mangez-en tous », lorsque nous le mangeons, lorsque nous ‘mangeons’ le Corps du Christ, nous ‘devenons’ le Corps du Christ.
« Devenez ce que vous recevez. » Les pères de l’Église aimaient dire cette phrase-là. Pourquoi ? Parce que lorsque nous disons ‘Dieu est amour’, lorsque nous recevons Jésus, c’est Dieu tout entier qui vient à nous, et nous sommes invités, appelés, à devenir comme Lui : Amour. L‘Eucharistie, quand nous la recevons, ce n’est pas juste pour dire ‘nous faisons partie du club’, mais pour être transformés à l’image de Dieu, pour entrer dans la danse de Dieu, pour aimer à l’image de Dieu, pour être des donneurs, des porteurs de joie à tous ceux qui sont autour de nous. Il y a ceux avec qui c’est facile, nos proches (oui, il y a aussi des proches avec qui ce n’est pas facile ). Il y a ceux avec qui c’est moins facile, ceux que nous n’avons pas tellement envie d’aimer ; mais nous sommes invités à faire comme Dieu, et Dieu aime, sans condition. Il ne nous dit pas « Je t’aime si tu es sage », non, Il nous aime, point. Il veut nous combler de Sa joie et de Son amour.
Il y a d’autres manières pour entrer dans la danse de Dieu. Toutes ces manières-là se complètent. Vous le savez, pour pouvoir être en amitié avec Jésus, il faut prendre le temps de la prière : tous les jours, prendre 2 mn, 5 mn, 15 mn pour parler à Dieu, pour L’écouter, pour le regarder, pour se laisser regarder par Lui. Il faut prendre le temps de la vie des sacrements, la messe du dimanche, le sacrement de la réconciliation. Laissez-vous pardonner, laissez-vous aimer par ce beau sacrement !
Il y en a parmi vous qui ne sont pas confirmés : vous n’avez pas reçu l’Esprit Saint… Il y a 760 adultes qui ont reçu la confirmation dimanche dernier, 760 juste à Lyon, Et vous ? Voulez-vous entrer dans la danse de Dieu, recevoir ce don ultime qu’est l’Esprit Saint ?
Et puis, parce qu’on ne peut pas marcher seulement sur une jambe, dans l’amour dans lequel nous sommes invités à entrer, il y a la relation avec Dieu, et puis il y a la relation avec les autres. Je reçois Dieu dans ma vie pour aimer au nom de Dieu les autres, ceux qui sont là, près de moi, ; c’est saint Jean qui dit : « Si quelqu’un dit j’aime Dieu, mais qu’il n’aime pas son prochain, celui-là est un menteur. » Elle est dure, cette parole, mais Dieu est là, et quand Il se donne à nous dans l’Eucharistie, c’est pour que nous puissions aimer vraiment, comme Lui.