
Homélie du 25 mai 2025, 6e dimanche de Pâques C,
avec des enfants qui font première Communion
par l’abbé Gaël de Breuvand
Ac 15, 1-2.22-29 ; ps 66 ; Ap 21, 10-14.22-23 ; Jn 14, 23-29
Nous allons faire un petit parcours biblique : nous allons revenir sur les trois lectures, et nous commencerons par la deuxième Lecture ; je ne sais pas si vous l’avez bien écoutée.
I – Notre cité se trouve dans les cieux
Elle est extraite du Livre de l’Apocalypse, et « apocalypse » signifie « ce qui est dévoilé », « ce qui est révélé », « ce qui est montré ». L’Apocalypse nous montre le but de notre vie, notre fin, au sens de ‘finalité’. Elle nous montre notre avenir. Saint Jean a vu un ange, et celui-ci lui a montré la cité sainte qui descendait du ciel, la Jérusalem céleste. Qu’est-ce que c’est que cette cité sainte ? C’est la manière dont l’Apocalypse nous montre le Paradis. Là où nous irons lorsque nous mourrons, ce sera la Cité sainte. Une cité où toutes les choses sont à leur place, où toute chose est en paix ; c’est peut-être la plus grande différence avec notre monde actuel !
Une cité… C’est intéressant… Quand nous mourons, nous sommes appelés à rencontrer Dieu et ensuite à resusciter, et là, c’est là notre avenir, nous serons dans la cité sainte. C’est une cité, pas un jardin où nous serions tout seuls avec les plantes, les animaux et le Bon Dieu. Non, c’est une cité : cela veut dire qu’il y a d’autres hommes avec nous : nous sommes appelés à rentrer au ciel tous ensemble, en communauté. J’espère que l’on se retrouvera ; je pense que oui, car Dieu nous l’a promis et Il tient toujours Ses promesses. Cette Lecture nous dit que nous sommes faits pour le Ciel, nous sommes appelés à voir Dieu face à face, à nous laisser éclairer par l’Agneau, Jésus-Christ Lui-même, à nous laisser réchauffer par Dieu, à nous laisser aimer. Et là-bas dans cette Cité sainte, il ne restera plus qu’une chose : la joie !
II – Priorité à l’amour
Comment est-ce qu’on obtient cette joie ? Comment est-ce qu’on arrive dans ce Paradis, comment est-ce qu’on entre dans la Cité Sainte ? C’est la première Lecture qui nous répond. À l’époque – nous sommes en l’an 49 – cela fait à peu près 15 ans que Jésus est mort et ressuscité, qu’Il est monté au ciel ; l’Église doit s’organiser, et la question est : comment est-ce qu’on va au ciel ? Il y avait un débat parce que les premiers chrétiens sont Juifs, comme Jésus. Les premiers chrétiens sont Juifs pratiquants, et donc la question est : est-ce que pour aller au ciel, pour accomplir le projet de Dieu, est-ce que nous devons être des Juifs, pour pouvoir être de bons chrétiens ? Cela a entraîné un débat, car ils n’étaient pas tous d’accord. C’est pourquoi ils se sont rassemblés, ils ont organisé le concile de Jérusalem, ils se sont mis en prière, ils se sont mis à l’écoute de la Parole de Dieu, et ils ont fini par dire : « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé ce qui suit ». Qu’ont-ils décidé ? Ils ont décidé que pour être chrétien, pour avancer vers le ciel, il fallait être Juif, comme Jésus. Mais, être Juif au sens des amoureux de la Parole de Dieu, parce qu’être un bon Juif, c’est être un amoureux de la Parole de Dieu.
Donc il faut la garder, cette Parole ; en revanche, toutes les autres lois – et il y en a 613 chez les Juifs ! – ne sont pas forcément très utiles. Il n’y a pas besoin d’être circoncis, il n’y a pas besoin de respecter les règles de nourriture, il n’y a pas besoin de respecter les règles de pureté, parce que tout cela, c’était pour nous préparer au plus grand commandement. Vous le connaissez tous, le premier commandement : « Écoute, Israël, le Seigneur est Un, tu l’aimeras de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Et Jésus ajoute un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres, comme Moi je vous ai aimés » ; et Il en ajoute un autre : « Aimez vos ennemis », vous savez, celui qu’on n’a pas envie d’aimer… Nous n’avons pas besoin de suivre les 613 commandements des Juifs à la lettre, nous sommes libérés de cela, mais nous sommes appelés – parce que cette loi-là est inscrite au fond de nos cœurs – nous sommes appelés à aimer et à nous laisser aimer.
III – Garder la Parole : écouter, recevoir, demander, aimer !
En réalité, c’est bien plus dur… Comment est-ce qu’on va y arriver ? C’est l’Évangile qui nous donne la réponse. « Si quelqu’un m‘aime, il gardera ma Parole » ; cette Parole de Dieu, on l’a entendue : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », « Tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit », tu aimeras à la manière de Jésus « comme Moi Je vous ai aimés ». Il s‘agit d’aimer, et c’est cela, garder la Parole.
C’est aussi, très concrètement, ouvrir de temps en temps la Bible. On le fait quand on est au catéchisme, on lit des passages bibliques, parce que c’est la Parole de Dieu et que nous semons cette Parole, et qu’elle est pour nous un art de vivre. Cela change nos vies, si on veut être à l’écoute de cette Parole. Garder la Parole, c’est la lire, la méditer, la prier ; c’est tout spécialement pour vous qui allez faire votre Première Communion, mais aussi pour vous qui allez recevoir votre dixième, centième, millième Communion…
La Parole de Dieu, nous sommes appelés à la manger, parce que l’Eucharistie, c’est la Parole de Dieu que nous ‘mangeons’. Parce que, je vais le dire dans quelques instants : « Ceci est Mon Corps livré pour vous, Ceci est la coupe de Mon Sang versé pour vous ». C’est le Corps de qui ? Le Sang de qui ? Ce sont le Corps et le Sang de Jésus, c’est Jésus qui parle. Cette parole-là vient dans ce qui était du pain et du vin, et qui sont maintenant Corps et Sang du Christ. Quand nous communions, nous communions au Corps et au Sang de Dieu. Cette Parole, où Il nous dit « Je suis avec vous pour toujours et jusqu’à la fin des temps. »
Chaque fois que nous communions, nous entrons dans une union intime avec Lui : il y a un cœur à cœur, un corps à corps, un ‘bouche à oreille’. Chaque fois que nous communions, nous « adorons » : la racine latine est intéressante, car cela signifie « approcher sa bouche » de l’oreille de Dieu ; approcher sa bouche du cœur de Dieu, et mettre aussi son oreille sur le cœur de Dieu. C’est cela, communier ; donc, vivre en chrétien, c’est accueillir la Parole de Dieu dans nos vies, y compris dans l’Eucharistie. C’est le premier point. C’est demander ce dont nous avons besoin, c’est dans l’Évangile.
Nous sommes appelés à aimer… et je ne sais pas si vous le savez, mais c’est un petit peu difficile, d’aimer… Il y a plein de moments où on est un peu paresseux, on n’a pas envie de rendre service, on n’a pas envie de donner de la joie aux autres. On le sait tous, et pourtant… C’est la seule chose que l’on emportera au Paradis, l’amour qu’on a donné et celui qu’on a reçu.
Comment faire ? Il s’agit de demander au Seigneur de déployer en nous son Amour. De nous donner son Esprit. Dans quinze jours, c’est la fête de Pentecôte. Dans quelques années, vous serez confirmés, et ce jour-là, le jour de votre confirmation, ce sera le moment d‘accueillir l’Esprit de Dieu qui nous donne de tout comprendre, et surtout d’aimer.
Garder la Parole, demander au Seigneur ce dont on a besoin, et enfin agir, avec Lui, par Lui, en Lui. Jésus est monté au ciel, c’est la fête qui aura lieu dans quatre jours, Il s’en va, Il n’est plus avec nous ; on pourrait se croire abandonnés, on pourrait croire que le monde est abandonné, mais non ! Jésus nous a laissés pour que nous continuions ce que Lui fait. Il aime chaque homme et se tourne vers nous et nous dit : ‘tu vois celui qui est là, près de toi ? Je t’ai choisi, toi, pour l’aimer en Mon nom’.