Le Christ nous sauve, mais pas sans nous !

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Si 27, 4-7 ; Ps 91 ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6, 39-45
Homélie du 8e dimanche de TO C – dimanche 2 mars 2025.

C’est la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés ensuite.

L’évangile que nous venons d’entendre, cela fait trois dimanches que nous le parcourons. Au chapitre 6 de saint Luc c’est le « discours dans la plaine ». Chez saint Matthieu, on a le « discours sur la montagne » et chez saint Luc, on a le discours dans la plaine où Jésus s’adresse à ses disciples et à la foule.

I – Jésus appelle

Et pour le 3e dimanche d’affilée, Jésus nous fait encore la morale. Et c’est vrai, c’est vraiment la morale qu’il nous fait, car il nous propose un chemin de vie qui est différent de celui que, naturellement, on aurait tendance à prendre. En fait, Jésus, nous est présenté comme sauveur ; Il nous sauve de quoi ? Il nous sauve du péché, de la mort… Il nous sauve de la tristesse, du malheur. Il nous sauve de la guerre, de la haine, de la violence… On pourrait faire une longue liste… Ce salut qu’il nous donne, il nous le donne de manière absolument gratuite. Par sa mort et sa résurrection, il nous a donné son amour pour qu’il puisse résider en nous ; Cet Esprit-Saint qui habite en nous. Mais pour pouvoir accueillir ce don de Dieu, pour pouvoir accueillir cet Esprit-Saint, pour pouvoir accueillir ce don de Dieu, pour accueillir ce salut de Dieu, le premier mot de Jésus dans l’évangile, c’est : « Convertissez-vous et croyez en l’évangile ». Changez de vie.
Un appel ! Oui, à une nouvelle morale ; à un nouvel art de vivre, l’art de vivre chrétien. Mais cela s’adresse à nous quand même… car pour ceux qui ne connaissaient pas le Christ, ceux qui ne connaissaient pas l’Amour de Dieu, lorsque Jésus leur propose ce nouveau chemin, il a fallu vraiment que tout change ; Mais nous, nous sommes chrétiens depuis longtemps… Donc c’est bon : La morale, on sait ce que c’est et on est bien obéissant.

II – Jésus sauve, et il faut que nous nous laissions sauver

Et c’est là que nous avons tous une petite tentation et une petite tendance : le projet de Dieu pour nous c’est le Ciel. Et sur ce chemin, il y a quelques obstacles, quelques barres à passer. Et nous, nous avons tendance à baisser un peu la barre. Alors Jésus nous secoue à nouveau. Il nous secoue : quand il nous appelle hypocrites, ce n’est pas gentil. Il nous traite presque d’arbre pourri. Non, Jésus n’est pas gentil, mais il nous propose un chemin qui est un art de vivre chrétien et qui est un chemin de bonheur. Nous pourrions dresser la liste des points d’effort, mais vous connaissez. Cela fait partie des passages évangéliques que nous connaissons le mieux. La paille et la poutre.
C’est là le cœur de cette morale que jésus nous propose. C’est que la conversion dans laquelle il nous invite à entrer, il n’y a que moi qui puisse décider d’y entrer pour la vivre. Je ne peux pas décider pour vous et vous ne pouvez pas décider pour moi. Je suis incapable de faire la paix dans le monde. Je suis incapable d’empêcher les voleurs de voler, d’empêcher les meurtriers de tuer. Je suis incapable de changer le monde. En revanche, il y a un lieu où j’ai un peu de pouvoir, c’est mon cœur à moi. C’est ça, l’appel de Jésus. Avant de t’occuper de la paille de ton voisin occupe-toi de la poutre qui est dans ton œil. Je ne sais pas si la paille est vraiment une paille. En revanche, ce que je sais, c’est que si c’est dans mon œil, là, je peux m’en occuper. La conversion ne peut être qu’un acte libre, un acte de la volonté : Je choisis pour moi-même de me tourner vers Dieu. Et du coup, de me détourner du péché.

Mais, lorsque nous décidons de nous convertir, on n’y arrive pas toujours. Cela fait quelques années que nous vivons des carêmes. Tous les carêmes, on se dit que l’on va changer, que l’on va progresser, que l’on va se convertir. Et chaque fin de carême, on se dit : « Encore raté ! ». Et de fait, ce n’est pas nous qui nous sauvons, ni nous qui sauvons les autres. Nous avons à nous laisser sauver ; C’était le cœur de la 2e lecture, dans la 1ère lettre aux Corinthiens, que nous lisons depuis quelques semaines, saint Paul nous montre la puissance de la résurrection du Christ. Jésus, par amour, a décidé de venir habiter au milieu de nous, de vivre en homme comme nous, tout est semblable, tout est humain chez lui. IL a vécu tout ce qui fait notre vie d’homme, sauf le péché. Mais il a connu quand même les tentations et les tentations qu’il a connues, elles n’étaient pas là juste en passant.
La tentation des pains, par exemple, qu’est-ce ? Lui qui a tout pouvoir, il pourrait faire une ONG remarquable et faire en sorte que plus personne n’ait faim. Mais voilà… le projet de Dieu pour nous, ce n’est pas juste de nous empêcher d’avoir faim. Le projet de Dieu pour nous, c’est le plus grand Amour. Et donc ce qu’il fallait que Jésus nous donne, c’est son amour ; Tout entier. Lorsqu’il est au Jardin des Oliviers et qu’il voit la mort arriver ; La tentation est là d’éviter cette mort-là. Ce serait plus simple de sauver tout le monde. Mais voilà, ce qu’il devait nous donner, c’est son amour tout entier. Un amour qui nous laisse libre, Un amour qui nous laisse la capacité de choisir. S’il nous avait sauvé d’un claquement de doigt, nous n’aurions plus eu de choix. Donc nous n’aurions plus pu aimer.

III – Laisser entrer la victoire du Christ dans ma vie

Donc Jésus est entré dans la mort et il est ressuscité, donc il a manifesté par-là, la victoire de la vie sur la mort. La victoire de l’amour sur le péché. La victoire de la paix sur la haine. Cette victoire est déjà obtenue. Le Christ a déjà gagné. L’histoire, d’une certaine manière, est déjà terminée. Quand je vous dis cela, vous pourriez me dire : « Mais pourquoi, en commençant la messe, on a dit une prière et on a demandé à Dieu la paix. La paix n’est donc pas là ; Et pourtant la victoire est déjà obtenue. Oui, la paix n’est pas là. Pourquoi ? Parce que c’est toujours un choix que nous propose le Seigneur. Est-ce que vous voulez entrer dans mon salut ? Est-ce que vous voulez entrer dans mon amour ? Est-ce que vous voulez choisir la paix, pour vous, dans votre cœur ? Et comme c’est un choix libre, nous avons aussi la capacité de ne pas répondre ou de répondre non. Et s’il y a encore la guerre aujourd’hui, c’est bien pour ça. Alors, je ne peux pas convertir le cœur de ceux qui se battent à l’Est, au Sud, mais je peux convertir [le prêtre montre son propre cœur] celui qui est là, juste ici. En tout cas, je peux accueillir le don de Dieu pour me laisser convertir ; ce sera difficile parce que je vais prendre cette décision et je vais me convertir au moins un quart d’heure. Et puis après, je vais retomber ; je vais me laisser aller dans mes vieilles habitudes, mes petites mesquineries recuites. Mais là, le Seigneur nous appelle et nous dit : « Ne te lasse pas de te convertir car Moi, je t’aime et je t’appelle. Je te pardonne sans cesse ». En fait, ce que le Seigneur nous demande, ce n’est pas de réussir, d’avoir une vie parfaite, où tout irait bien dans le meilleur des mondes, – non ! -, il s’agit de sans cesse essayer. Nous tromper. Puis recommencer ; Puis on s’engage. Ça rate… et on recommence ; Le Seigneur nous appelle à surtout ne pas être paresseux et avoir confiance en Lui. Il ne nous laissera pas tomber ; Sans cesse, il est près de nous pour nous relever.

C’est là le plus grand témoignage que l’on puisse donner. Le témoignage des chrétiens n’est pas que l’on soit parfait – si c’était vrai, cela ce saurait -. Le témoignage des chrétiens, c’est que nous ne sommes pas plus parfaits que les autres, mais nous savons que nous sommes aimés et que le Seigneur nous appelle ! Alors, notre témoignage est que souvent et trop souvent peut-être, alors que nous sommes tombés, nous nous relevons et nous choisissons à nouveau aujourd’hui d’aimer.