Nuit de Noël 2024

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Homélie de la messe de la nuit de Noël, 24 décembre 2024
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Is 9, 1-6 ; ps 95 ; Ti2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

I – Creuser en nous le désir de Dieu

Je vais vous raconter une histoire, d’abord. Quand j’étais petit, dans ma famille, on montait la crèche. Peut-être que vous avez fait cela aussi. Et dans ma famille, à la crèche, on mettait sept moutons. Pourquoi sept moutons ? Parce qu’il y avait le mouton de papa, maman, moi, mon frère, mon frère, mon frère et mon frère. Tous les soirs, on se retrouvait pour la prière. Tous les soirs, on avait le droit d’approcher notre mouton, – et pas celui des autres ! -, de la crèche, du berceau qui attendait Jésus. Quand j’étais petit, je voulais être le premier d’abord ! Je voulais que les autres moutons soient derrière le mien. Et ensuite, moi, j’aurai bien aimé prendre le raccourci et aller directement au pied de la crèche. Et on me disait : « Non, attends ! » En fait, j’ai appris et compris après que c’était une bonne façon de m’éduquer. Je ne sais pas si vous vous rendez compte ; si tu reçois en cadeau quelque chose auquel tu n’as même pas pensé, tu es content ! mais juste content, et pas plus. Alors que si tu as réfléchi à un cadeau et que tu sais qu’on va te l’offrir, mais que c’est pas tout de suite, tu l’auras bientôt, tu ne sais pas exactement quand, mais tu sais que ce sera bientôt, peut-être demain, après-demain, dans huit jours… Je propose que les cadeaux de Noël, on les reporte au 6 janvier… Vous n’êtes pas d’accord ? Pourtant, c’est le jour où les mages ont porté leurs cadeaux. En fait, aujourd’hui, c’est Dieu qui nous fait un cadeau : et le cadeau qu’Il nous fait, c’est Jésus ! Quand est-ce que les hommes ont fait un cadeau à Jésus ? C’est le jour de l’épiphanie, le 6 janvier. C’est pour cela que je pense que l’on peut reporter les cadeaux.

Le fait de ne pas avoir tout, tout de suite, creuse en nous le désir. On a encore plus envie d’avoir le cadeau. On a tellement envie de l’avoir qu’au moment où on le reçoit, c’est la plus grande joie qui nous est donnée. Eh bien c’est ce qui s’est passé pour le peuple d’Israël. Et c’est ce que l’on a entendu dans la première lecture : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres ». Il a marché longtemps dans les ténèbres, à un moment où il y avait des ennemis qui leur ont fait du mal, qui les ont envoyés en exil. Leur temple a été détruit ; leur roi a été tué. Ils ont été obligés d’abandonner leur maison. Ils étaient dans les ténèbres ; Et alors qu’ils étaient dans les ténèbres, Dieu leur a dit : « Je vais vous envoyer un sauveur ». Et pour le peuple, cela a été une petite lumière, là-bas, au loin, que l’on ne voyait pas vraiment encore, mais ils savaient que le cadeau allait venir et il a fallu l’attendre… Le texte du prophète Isaïe, il date de l’an 600 avant Jésus-Christ. Il a fallu attendre 600 ans avant de recevoir le cadeau.

II – Accueillir le cadeau dans nos vies

 Alors nous, on ne va peut-être pas attendre tout cela, car en réalité, le cadeau, il est peut-être déjà arrivé. Jésus est né… vous savez à peu près depuis combien de temps ? … Depuis 2024 ans ! A quelque chose près car il y a peut-être une petite erreur de mathématique dans cette histoire. Mais il y a à peu près 2000 ans, Jésus est né. Et qu’est-ce qui est apparu ? Qu’est-ce que l’on a vu dans la crèche ? Un bébé ! Et il ressemble à tous les bébés du monde. Et vous savez qu’un bébé, ça pleure, ça mange, ça dort et ça pleure encore, puis ça mange encore… Est-ce que Jésus est un petit bébé extraordinaire ? Non. Les bergers entendent cette parole : « Vous allez voir un signe ! ». Un petit bébé dans une mangeoire… On a vu plus impressionnant comme signe. Si j’avais été l’auteur, si j’avais inventé l’histoire, j’aurais fait quelque chose de plus impressionnant. Il y aurait eu des éclairs et des tonnerres. Il y aurait eu une voix énorme disant : « ah vraiment celui-là est mon fils ! » Mais non. Un petit bébé dans une mangeoire, entouré par Joseph et Marie. Et ce petit bébé nous le savons, il est le Fils de Dieu. Et ça change tout ! Très discrètement, très humblement. Au début de l’Evangile, on a entendu que cela se passait à l’époque de l’empereur Auguste, à l’époque du roi Hérode, au moment du gouverneur Quirinus. Je suis sûr qu’Hérode ne savait même pas qu’un petit bébé allait naître. Quirinus encore moins. Et l’empereur ? Il n’a pas su. Parce que Jésus, c’est Dieu avec nous, venu tout discrètement. Tout humblement. Mais cette entrée dans le monde, toute discrète, elle a tout changé. Parce que Jésus, c’est Dieu avec nous. Jusque-là, on pensait que Dieu était loin. Hou… qu’est-ce qu’il était loin. D’ailleurs, on ne le voit pas. Vous avez déjà vu Dieu avec vos yeux ? Entendu Dieu avec vos oreilles ? On n’entend pas Dieu. On ne le voit pas. On ne le touche pas. Mais Jésus est entré dans le monde et ce jour-là, nous avons vu Jésus, Fils de Dieu, nous avons entendu et touché Jésus, Fils de Dieu. Dieu est entré dans le monde. Et alors il s’agit que nous nous mettions à recevoir ce cadeau. C’est le combat de nos vies. En vérité, pour recevoir le cadeau que Dieu nous fait, il faut le vouloir, vraiment. Et savez-vous comment recevoir le cadeau que Dieu nous fait ?

III – Pour recevoir, il faut donner, se donner

De fait, qu’est-ce que Dieu veut pour nous ? Il veut que nous soyons heureux. C’est votre bonheur, c’est votre bonheur, mon bonheur que Dieu veut ; Et Il le veut aujourd’hui, maintenant. Et Il me fait cadeau de Jésus pour cela. Alors que vais-je faire avec Jésus ? J’ai deux choses à faire : la première, c’est de lui ouvrir la porte de mon cœur. « Viens habiter en moi ! ». Et la deuxième ? Eh bien ce cadeau que je viens de recevoir, Jésus, il s’agit que je le donne aux autres. Un jour, cette question a été posée à Jésus : « Quel est le plus grand des commandements ? » Autrement dit, quel est le meilleur moyen pour être heureux ? Et Jésus a répondu : « Ecoute Israël ! Le Seigneur notre Dieu est un, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force ». Accueille Jésus dans ta vie. Accueille Jésus dans ton cœur. Et le second commandement, qui lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tu donneras tout pour la joie de ceux qui t’entourent ; avec même au cas où l’on n’ait pas bien compris un autre commandement : « Aime ton ennemi ». Vous savez, celui-là, pour lequel on a juste envie de dire : « Non. Tout le monde, mais pas lui ! ». Aime ton ennemi… Travaille à sa joie et à son bonheur. Ce n’est pas facile… C’est pour cela que nous sommes appelés à le contempler, lui, Jésus, qui est là, tout petit, dans la crèche, humblement. Lui, Jésus, qui a enseigné. Et nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de sa parole. Lui, Jésus, qui se donne dans l’Eucharistie. C’est Lui, Dieu. Qui est là. Qui se donne. Et que nous sommes invités à manger, pour communier, pour être en cœur à cœur, en corps à corps, dans une union intime avec Lui. C’est Lui, Jésus, qui change nos vies si nous le laissons faire.

En résumé. Moi, j’avais un petit mouton à la crèche. Il existe toujours, il y a toujours mon nom dessus. Alors je suis moins souvent chez moi alors je ne peux pas toujours le faire approcher. Mais demain, je vais aller voir mes parents, et il y aura la crèche et il y aura le mouton avec mon nom dessus. Et je vous assure que je vais le mettre tout près, tout près, tout près de Jésus ! Parce que c’est ça qui nous sauve. C’est la seule chose qui change, qui change le monde en fait. C’est que nous accueillons Jésus dans notre cœur, que nous l’accueillions dans notre vie et cela change notre vie. Ça change notre famille, ça change notre monde. Nous n’aurons pas la paix en Ukraine, en Somalie… on pourrait faire le tour de monde comme cela, si nous ne choisissons pas d’accueillir Jésus dans nos vies ici et maintenant. Parce que, comment avoir la paix dans le monde si nous n’avons pas la paix dans notre cœur ? Comment avoir la paix dans le monde si nous n’avons pas la paix dans notre famille ? Comment avoir la paix dans le monde si nous n’avons pas la paix avec ceux qui sont là, tout près de moi. Ceux pour qui je peux vraiment faire quelque chose. Il s’agit d’aimer et de se laisser aimer. Ou peut-être même de commencer par se laisser aimer par Dieu qui vient à notre rencontre, qui nous parle, qui frappe à la porte de notre cœur et qui nous dit : « Laisse-moi entrer. J’ai un tellement beau cadeau pour toi ! ».