Homélie du 4e dimanche de l’Avent, Année C,
22 décembre 2024, Par l’abbé Gaël de Breuvand
Mi 5, 1-4a ; ps 79 ; He 10 5-10 ; Lc 1, 39-45
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – fondement de notre Espérance, la promesse de Dieu
Dans l’Ancien testament, il y a un certain nombre de prophéties. Les prophéties, il y en a trois sortes : il y a les prophéties d’action de grâce, car le Seigneur a fait des merveilles, et nous rendons grâce pour les merveilles qu’il accomplit. Il y a les prophéties d’annonce de catastrophe, lorsque Dieu veut nous alerter et nous appelle à un changement de vie. Enfin la troisième sorte, ce sont les prophéties de consolation : parce que l’on est au fond du trou, que tout semble perdu, un prophète prend la parole et au nom de Dieu, dit : « Ne vous inquiétez pas, le Seigneur est là ! ». Faisant grandir ainsi dans le cœur de ceux qui l’écoutent, la foi, l’espérance et l’amour. Lors de la prophétie du prophète Michée, nous sommes dans les années 700 avant Jésus-Christ, ce n’est pas un très bon moment pour Israël. A l’époque, le pays est divisé en deux, entre le royaume d’Israël et le royaume de Juda et le royaume d’Israël vient de se faire détruire, littéralement. Et le royaume de Juda, lui, est assiégé. On ne saura pas la fin, mais en réalité, un siècle plus tard, il n’y aura plus rien. Et le prophète prend la parole et rappelle : « Ne vous inquiétez pas ! Le Seigneur est là ». Et il met en valeur un tout petit village, Bethléem Ephrata. « Oui, tu es le plus petit des clans de Juda, mais tu n’es pas le lieu le moins important, bien au contraire ». Pourquoi ? Deux raisons. La première, c’est que c’est la ville de David, là où il a été appelé par le prophète Samuel. C’est là où un descendant de David surgira et lui sera vraiment l’envoyé de Dieu. Le Messie, celui que l’on attend. Cette prophétie a marqué. On la retrouve entre autres dans l’évangile selon saint Matthieu, lorsque les mages vont chercher à trouver où naît le messie, ils tomberont sur ce passage.
II – Jésus, accomplissement de la promesse
« Le Seigneur vient ». C’est le plus court résumé de toute la foi d’Israël. Entre la naissance de ce peuple aux alentours de 1800 avant Jésus-Christ, et la naissance de Jésus : un seul cri, une seule foi : « Le Seigneur vient ». Il est là avec nous. Il ne nous abandonne pas. Tout le travail, c’est de l’accueillir, Lui. Finalement, c’est un peu ce qui se manifeste dans l’Evangile. Le passage juste avant c’était terminé par une petite parole, trois mots : « L’ange la quitta ». Parce que Marie venait de vivre une expérience spirituelle formidable : elle avait rencontré Dieu par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. L’ange qui lui a dit : « Ce messie que tout Israël attend depuis si longtemps, c’est toi qui le porteras ». Ce messie, « il sera appelé « Fils du très haut » ». Ce messie va naître d’une manière un peu extraordinaire ; l’Esprit Saint te couvrira de son ombre. Puis, « l’ange la quitta ». Marie, elle croit. Comme en témoignera sa cousine Elisabeth : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites par le Seigneur » ; Marie croit. Mais peut-être qu’à l’instant où l’ange est parti, il y a pu avoir une petite question dans son cœur. « Est-ce que je n’ai pas rêvé ? ». Mais voilà ! Avant de partir, l’ange lui a donné un signe. « Ta cousine Elisabeth, tu sais, celle qui est très vieille, et qui est stérile, elle va avoir un enfant ». « Car rien n’est impossible à Dieu ». Donc on voit Marie courir avec empressement rejoindre sa cousine. Et là, alors qu’elle n’a encore rien dit, voilà qu’Elisabeth est remplie d’Esprit Saint. Et Elle nous donne la deuxième partie du ‘Je vous salue Marie’. « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ». Oui, c’est l’Esprit Saint qui parle par la voix d‘Elisabeth et c’est bien comme cela que Marie le reconnaît. Et d’ailleurs les mots qui suivent, vous les connaissez, nous les connaissons tous, c’est le chant du Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur », où Marie reprend toutes les merveilles que Dieu a faites pour son peuple. « Il s’est penché sur son humble servante. Désormais, tous les âges me diront bienheureuse ». Cela fait 2000 ans que cela dure et ce n’est pas près de s’arrêter ! Si Marie a pu voir l’accomplissement des promesses de Dieu, – finalement, en Marie, en cette Annonciation et en cette Visitation -, c’est toute l’histoire d’Israël qui vient se retrouver sur un point focal : Jésus. C’est parce qu’elle avait le cœur ouvert. C’est peut-être la petite leçon du jour : avoir le cœur ouvert. Il ne suffit pas de savoir que Jésus est Dieu et que sa parole est salvatrice. Il s’agit de l’accueillir véritablement dans notre cœur. Il s’agit que ça change nos vies et que nous acceptions de nous convertir. Que nous vivions comme si, -parce que c’est vraiment le cas -, comme si Dieu était avec nous. Emmanuel. Dieu avec nous. Et cela change tout.
III – Offrande au Père, par Jésus, en Jésus, avec Jésus
La lettre aux Hébreux qui nous est donnée aujourd’hui illustre vraiment cela. Le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps, alors j’ai dit : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté ! ». Me voici, je viens. Ce sont quasiment les mots que Marie a dits. « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Le Seigneur a besoin de notre réponse. « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande » : ce n’est pas que le Seigneur ne veut pas de sacrifice, c’est qu’en réalité, il n’a jamais pu les accepter, les accueillir parce que de fait, le Seigneur n’a pas beaucoup d’intérêt à des offrandes matérielles. Qu’on lui sacrifie un bœuf, qu’on lui fasse une grosse offrande en monnaie, ne l’intéresse pas beaucoup. Lui, ce qu’Il veut, c’est notre cœur. Faire l’offrande va nous aider, certainement, mais il veut d’abord notre cœur. L’offrande matérielle que l’on offrira, ce sera le reflet de ce que l’on veut donner. Voulons-nous tout donner ? Eh bien donnons tout ! Le Seigneur est venu, Il est né, dans deux jours, nous fêtons cela. Mais c’est déjà arrivé, c’était il y a 2000 ans ! C’est aujourd’hui qu’Il vient et qu’il frappe à la porte de notre cœur. « Veux-tu me laisser une petite place dans ton cœur ? Veux-tu vivre l’offrande même que je fais ? » Jésus s’offre à nous et au Père. Et en fait, dans son offrande parfaite, qui s’accomplit sur la Croix et dans la Résurrection, Il veut nous entraîner. A chaque messe, c’est ce que nous vivons. Dans quelques instants, je redirai les paroles de la consécration, les paroles de jésus : « Ceci est mon corps, donné pour vous, mon sang, versé pour vous. » Puis à la fin de la prière eucharistique, on réentendra ces mots que nous entendons chaque dimanche : « Par Lui avec Lui et en Lui, à toi Dieu le Père tout puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles, Amen ». C’est le moment où nous pouvons nous concentrer un peu car c’est le moment de l’offrande du Christ à laquelle nous sommes invités à nous connecter. « Tout honneur et toute gloire… » Qu’est-ce que c’est que la gloire de Dieu ? Qu’est-ce que c’est que l’honneur de dieu ? C’est que nous soyons à sa ressemblance. Que nous soyons des saints. Que nous soyons dans une offrande de nous-mêmes, à Lui et à nos frères. C’est là la source de notre vie chrétienne.
C’est comme ça qu’à la fin de la messe, nous allons entendre : « Allez ! Glorifiez Dieu par votre vie » et que tout au long de la semaine nous serons véritablement des chrétiens, que nous serons des témoins de l’Amour de Dieu, que nous pourrons chanter les merveilles du Seigneur : « Mon âme exalte le Seigneur ! ». Et peut-être que l’on pourra dire de nous : « Heureux, heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».