Homélie de la messe du jour de Noël, 25 décembre 2024
Is 52,7-10 ; Ps 97 ; He 1,1-6 ; Jn 1,1-18
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Lors de la messe de la nuit, nous étions à la crèche et nous avons vu Joseph et Marie, accueillir un tout petit enfant. Ce matin à la messe de l’aurore à 7h15, nous étions avec les bergers et eux – qui avaient reçu la grande annonce par les anges – sont venus voir à la crèche et ils sont repartis en louant Dieu. Car effectivement, ils avaient reconnu dans ce petit enfant, un messie. Un envoyé de Dieu. Un sauveur. Un seigneur ! et le mot Seigneur est important car dans la tradition hébraïque, n’est seigneur que Dieu.
I – Le projet de Dieu
Dans la messe du jour, celle que nous célébrons maintenant, nous sommes dans l’autre sens. C’est-à-dire que dans les évangiles de cette nuit et de ce matin, nous partions d’une réalité tout à fait humaine, pas tellement impressionnante en vrai : un petit bébé ! Alors que là, maintenant, ce que nous avons entendu, c’est l’inverse. Nous partons de Dieu. C’est pour cela que l’on a attribué à l’évangéliste saint Jean comme animal représentatif l’aigle. Parce que l’aigle, dans la tradition ancienne, est l’animal qui est capable de regarder le soleil en face. Et là, saint Jean, au tout début de son évangile, il regarde Dieu en face. Le projet de Dieu. C’est Dieu qui a voulu nous donner son Fils. C’est Dieu lui-même qui a voulu habiter parmi nous. C’est Dieu qui a voulu que l’on puisse l’appeler et le reconnaître, « Dieu avec nous, Emmanuel ». Dieu est descendu jusqu’à nous. Et Il est venu éclairer le monde.
II – l’humilité de Dieu
Alors il ne l’éclaire pas d’une manière impressionnante. Là encore. Si nous, nous avions imaginé un Seigneur, un Sauveur, un Messie, on l’aurait vu comme un grand chef de guerre. On l’aurait vu comme quelqu’un d’extraordinaire et cela nous aurait sauté aux yeux. On se rend bien compte quand on lit les évangiles que c’est juste l’inverse. Jésus, au premier abord, n’a rien d’extraordinaire. Il est un homme comme nous. Et c’est là qu’est la lumière qui vient de Dieu. Il veut nous éclairer le cœur pour que nous comprenions que ce qui compte vraiment, ce n’est pas de se couvrir de gloire, ce n’est pas de penser à soi, ce n’est pas de chercher le confort et les plaisirs… Non. Ce qui compte vraiment, c’est humblement, petitement, discrètement, aimer. Il n’y a que cela qui compte. Vous le savez, il a fallu du temps, beaucoup de temps pour arriver à cette conclusion. Comme le dit l’auteur de la lettre aux hébreux : « à bien des reprises et de bien des manières, Dieu dans le passé a parlé à nos pères » et lorsque l’on relit l’Histoire biblique et qu’on relit la manière dont Dieu s’adresse à Moïse, dans la montagne, dans les tremblements de terre, la foudre, les éclairs, une voix de Dieu impressionnante. C’était la pédagogie de Dieu. Moïse n’aurait pas compris si Dieu s’était présenté autrement. On avance au cours de l’Histoire et on voit que Dieu va faire le choix d’être de plus en plus délicat, d’être de plus en plus discret, lorsque cinq siècles après Moïse, Dieu s’adresse à Elie, ce sera dans « le silence subtil d’une brise légère ». Et en ces jours où nous sommes, lorsque Dieu veut s’adresser à nous, il le fait par son Fils, Jésus.
III – la relation au Christ, comme un mariage
Jésus qui aujourd’hui encore frappe à la porte de notre cœur. Et il ne le fait pas en enfonçant la porte. Non. Tout petitement, tout discrètement, tout humblement, tout délicatement. Et Il nous demande : « Veux-tu me laisser entrer dans ta vie ? Veux-tu me laisser entrer dans ton cœur ? » Et cette naissance de Dieu, dans notre monde, c’est le pivot de l’Histoire du monde. Tout change. Et le jour où nous choisissons d’accueillir Dieu dans nos vies, tout change pour nous. Alors cet accueil du Christ, de Dieu, dans notre cœur, dans notre vie, ce n’est pas quelque chose qui se passe une fois. En réalité, c’est un accueil et un engagement mutuel qu’il nous faut renouveler chaque jour. En fait, cela nous fait penser un peu au mariage. Quand on est marié, on ne se marie pas le 23 juillet 1973, le mariage, ce n’est pas juste cela. Le mariage, c’est bien au contraire, le renouvellement, chaque jour, des petites offrandes, des petits dons de soi pour la joie de l’autre. Eh bien dans la relation avec Dieu, c’est pareil. Chaque jour, Il frappe délicatement à notre porte et nous dit : « Veux-tu me faire une place dans ta vie ? ». Alors il s’agit que nous répondions. Et si nous répondons, alors nous devenons d’autres Christ. Et nous entendons la voix de Dieu qui s’adresse à nous. Il l’a dit à Jésus. Il nous le dit à nous. « Tu es mon fils. Aujourd’hui, je t’ai engendré. Aujourd’hui, je mets en toi ma joie ». Tu es mon fils…
Entendons-nous cet appel ? Et voulons-nous y répondre ? C’est la grande question de Noël. C’est finalement la grande question qui va éclairer toute l’année qui vient. 2025 sera pour nous un choix. Oui, Seigneur, je veux t’accueillir dans ma vie. Nous le savons. Si nous accueillons Dieu dans notre vie, la paix va venir, là ! Et alors si la paix vient là, elle va pouvoir déborder de nous. Et elle va déborder sur ceux qui sont là, autour de nous. En vérité, ne soyons pas naïfs. Nous pouvons rêver de la paix en Ukraine, rêver de la paix en Arménie, en Somalie, en Terre sainte mais en réalité, si nous n’accueillons pas la paix dans notre cœur, ici et maintenant, si nous ne sommes pas artisans de paix, juste là autour de nous… C’est peine perdue de réclamer la paix loin, si nous ne sommes pas partie prenante pour faire la paix autour de nous. Alors en ce jour de Noël, accueillons qui vient visiter notre monde, accueillons Dieu qui vient frapper à la porte de notre cœur.