3e dimanche de l’Avent C
So 3, 14-18a ; Cant Is 12 ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18
par l’abbé Gaël de Breuvand
avec les couples qui se préparent au mariage.
I – Soyez dans la joie car le Seigneur vient
« Éclate en ovations, Israël ! », « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je vous le redis : soyez dans la joie ! », « Jouez pour le Seigneur, Il montre Sa magnificence », « Jubilez, criez de joie, habitants de Sion. » En tout cas, la Première Lecture, la Deuxième Lecture, et le psaume, ont un thème commun : la joie ! « Soyez dans la joie ! »
Pour quelles raisons ? Quel est le motif de notre joie ? En réalité, c’est le cœur même de toute la révélation biblique. Nous savons, nous expérimentons, souvent, que le bonheur, nous n’y touchons pas très souvent, nous pouvons rarement dire : ‘je baigne dans le bonheur parfait, aucune ombre n’existe’. Parce que, même si dans ma vie personnelle en ce moment, cela va bien, il suffit que je lève les yeux pour voir qu’autour de moi, cela ne va pas si bien : l’actualité récente, les guerres, qui ont l’air de se multiplier autour de nous, nous donnent une image de notre monde où la joie n’est pas victorieuse… Et pourtant, « Soyez dans la joie, je vous le redis : soyez dans la joie. » Pourquoi ? Parce que le Seigneur vient ! Il est venu il y a 2 000 ans, et on a entendu dans l’Évangile Jean qui annonçait Jésus : « Il viendra dans la gloire ». Quand ? Dans 1000 ans, dans 10 000 ans, nous ne savons pas, mais quand Il viendra, nous savons une chose, c’est que tout sera dans l’ordre ! Lorsque l’on pense à la fin du monde, on pense au chaos, à la catastrophe… En réalité, la partie catastrophe de notre monde, c’est déjà aujourd’hui ! La fin du monde, c’est lorsque le Seigneur vient, et ce jour-là, ce sera le plus beau jour de notre vie, et la partie catastrophe, nous pourrons l’oublier !
II – Choisir la conversion ?
Le Seigneur vient, et Il vient aujourd’hui, Il vient et frappe à la porte de votre cœur. Il vous dit : est-ce que tu veux bien Me laisser me charger de ton fardeau ? Est-ce que Tu veux bien me laisser être le bon Samaritain pour toi ? Et finalement, à cette question, nous avons le choix. Qu’allons-nous répondre ? Oui, Seigneur, je veux bien que Tu m’aides, que Tu me soutiennes, que Tu m’élèves, que Tu me portes, que Tu me soignes… ou alors, nous restons indifférents : non, Seigneur, c’est bon, je me débrouillerai tout seul. Attention, « spoiler » : quand on se débrouille tout seul, cela ne se passe pas bien…
Vous l’avez entendu ? Jean prêche la conversion, autrement dit, un changement de vie. Mais quand les gens entendent « conversion », ils ont besoin de choses un peu plus concrètes ! Qu’est-ce qu’il faut faire pour être converti ? Que devons-nous nous faire ? Alors Jean, pour tous, donne quelques principes de base, que nous pouvons reprendre aujourd’hui : le premier principe, c’est la charité concrète. Tu as des vêtements ? Donne à celui qui n’en a pas. Tu as à manger ? Donne à celui qui n’en a pas. En réalité, charité concrète veut dire amour réel, qui se traduit en actes. Nous avons mission d’aimer, nous avons mission de donner de la joie autour de nous. Comment, concrètement, le faisons-nous ? Jean rappelle à ceux qui l’écoutent et à nous, très concrètement : il s’agit d’aimer.
Puis, très vite, les soldats s’approchent, puis les publicains, les collecteurs d’impôts – c’est intéressant : les soldats, les publicains, ce sont ceux qui sont très loin – et aux « très loin », Jésus demande juste : écoutez votre conscience. Il ne demande pas des choses extraordinaires : est-ce que c’est extraordinaire de ne pas faire de violence quand on est soldat ? Non ! Normalement, ça n’est pas extraordinaire. Contentez-vous de votre solde ; exigez ce qui est juste, vous les publicains. Normalement, c’est la base ! et de fait, parfois, pour la conversion, il faut revenir à l’essentiel : revenir à la base.
III – Se laisser brûler par le feu de l’Amour
Mais cela ne suffit pas. La conversion, c’est un premier pas, et c’est la deuxième partie de l’Évangile qui nous le dit : « Moi je vous baptise avec l’eau – autrement dit c’est un geste, un signe, un symbole, pour marquer votre désir de conversion – mais vient derrière moi Celui qui est plus grand que moi : Lui vous baptisera dans le feu, et l’Esprit Saint ». Alors, nous utilisons toujours l’eau, comme signe de la présence de Dieu, du don de l’Esprit saint, mais nous savons, en réalité, que ce qui se passe au fond du cœur du nouveau baptisé, c’est l’Esprit Saint – qui est un feu – qui est donné. Et là, cela change tout : parce qu’il ne suffit pas d’aimer en honnête homme, d’aimer ceux qui nous aiment, et de se désintéresser de ceux qui ne nous aiment pas. Non, il s’agit de vivre en chrétien ; et alors le commandement de l’amour est encore plus grand : ce n’est pas quelque chose qui est à notre portée, c’est en réalité quelque chose qui n’est possible que si nous avons Dieu dans notre équipe. Vous vous préparez au mariage ? Aujourd’hui, cela ne va pas trop mal, vous êtes heureux d’être ensemble. Il y en a certains qui sont ensemble depuis quelques années… Vous le savez : dans une vie de mariage, il y a des hauts, heureusement, et des bas où ça va ‘moins bien’. Et là, ces jours-là, on a envie de laisser tomber… alors nous nous tournons vers le Seigneur : nous sommes baptisés, nous sommes chrétiens, nous voulons vivre en honnêtes hommes, oui, mais pas seulement. Nous voulons vivre en chrétiens, c’est là que nous devons être capables de pardonner l’impardonnable, de supporter l’insupportable : nous devenons capables d’être comme Jésus.
Oui, la marche est haute ; en vérité, elle est trop haute pour nous ; c’est bien pour cela que Jésus veut s’installer dans nos cœurs. Il y a un enjeu très important : car si, moi, je deviens un peu plus semblable au Christ, eh bien, déjà là, le règne de Dieu s’installe, et juste autour de moi, il grandit ; et si nous voulons la paix dans le monde, il faudrait déjà qu’il y ait la paix dans mon cœur, et la paix tout autour de moi… Il est là, l’enjeu. Je ne peux pas souhaiter la paix dans le monde si dans mon cœur, si dans ma famille, si dans mes amis, je ne veux pas la paix et je ne mets pas tout en œuvre pour cela.
IV – Le Christ est avec moi
C’est trop dur pour moi ? Le Christ est là, avec moi, « Il se tient là, avec, à la main, la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé ». Qu’est-ce que cette aire à battre le blé ? C’est mon cœur… Jésus est présenté ici comme un meunier, comme un agriculteur, et il faut qu’Il fasse le tri. Il y a les grains, et il y a la paille. Hier, nous avons demandé aux enfants ce que c’était que ‘les grains’. Ils ont compris tout de suite : ce sont les bonnes actions que nous faisons, les actes d’amour. Et ça, le Seigneur qui a fait le tri, le garde précieusement pour nous. Et la paille, ce qui doit partir au feu, au feu qui ne s’éteint pas, ce sont nos mauvaises actions, nos péchés, nos manquements à l’amour. Le Seigneur vient aussi pour faire le tri.
Ce tri-là, forcément, est un peu douloureux, car nous avons un peu tendance à nous accrocher à nos mauvaises actions… Ne nous accrochons pas trop fort, car lorsque la paille part au feu, il ne s’agirait pas que nous partions avec… Le Seigneur fait le tri dans nos cœurs : Il ne le fait pas sans nous ; Il faut que nous sachions ouvrir nos cœurs, pour déposer ce que nous sommes dans le cœur de Dieu, que nous puissions Le laisser œuvrer. Parce qu’à la fin, nous le savons, Dieu nous aime, Il veut pour nous le plus grand bonheur et la plus joie. Alors Il nous propose un chemin, et comme ce chemin est toujours un peu trop difficile pour nous, Il nous accompagne. Il est pour nous le bon Samaritain, et Il nous emmène jusqu’à l’auberge, où nous pourrons nous reposer, définitivement. Non pas en nous ennuyant : mais nous pourrons nous reposer en contemplant l’amour de Dieu, en contemplant l’amour que nous aurons les uns pour les autres, en aimant et en nous laissant aimer. C’est le ciel tout simplement.
Oui, c’est une bonne nouvelle que Jean annonce, c’est une bonne nouvelle que Jésus nous porte, c’est Lui qui est une bonne nouvelle. Et il s’agit aujourd’hui, alors que nous sommes à 10 jours de Noël, de L’accueillir dans nos cœurs. Il frappe, et nous demande encore : veux-tu me laisser un peu de place dans ton cœur, dans ta vie ?