2e dimanche de l’Avent C – Dans la détresse, accueillir la joie du cadeau !

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Le lapin bleu de Coolus prend la Parole de Dieu à la lettre : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours« 

2eme dimanche de l’Avent, année C ;
Ba 5, 1-9 ; ps 125 ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6 ;
par l’abbé Gaël de Breuvand
c’est la retranscription d’une prédication orale.

Voilà un dimanche où je pourrais vous parler une heure ou deux, mais je ne vais essayer de ne pas le faire…

Nous sommes en Avent, dans cette attente, et comme nous le disions au début de cette célébration, l’attente, c’est déjà la joie. Noël arrive bientôt, nous allons retrouver nos familles, nos amis, nous allons nous retrouver ensemble, et nous allons vivre un beau moment, donc nous touchons déjà la joie. C’est sur cela qu’il faut se concentrer, et se consacrer à cette joie. Dans la prière d’ouverture, je ne sais pas si vous avez fait attention, mais il était dit – je le dis avec mes propres mots – Seigneur, que nous ne soyons pas engloutis dans les soucis du moment. Je pense que parmi nous, beaucoup ont des soucis. Mais gardons au cœur l’essentiel, qui est déjà la joie qui vient : celle dont nous profitons déjà aujourd’hui ; c’est tellement vrai que, dimanche prochain, dans le violet de mon aube, je mettrai un peu de blanc. Le violet de l’attente, le blanc de la joie, et cela donnera du rose. Il faut profiter du dimanche en rose !

La première lecture du livre de Baruch est un peu étonnante. Elle nous parle d’un moment-clé dans l’Histoire du peuple d’Israël. Ce dernier a été envoyé en exil, il n’est plus sur sa propre terre, il n’y a plus de roi, et le temple a été détruit. Quand le peuple prend conscience de cela, il se dit : les promesses de Dieu ne tiennent plus… Deux questions sont possibles, lorsque les paroles ne sont pas tenues, lorsque les promesses de Dieu ne s’appliquent plus : n’est-ce pas la faute de Dieu ? C’est Lui qui nous laisse tomber… Et la seconde : si on fait un peu d’introspection, ne serait-ce pas un peu de ma faute ? Les prophètes nous disent qu’effectivement, lorsque les promesses de Dieu ne s’appliquent plus sur le peuple d’Israël, c’est que le peuple d’Israël a été infidèle à la promesse. Dieu lui a dit : Je prendrai soin de toi, est-ce que tu veux bien te laisser faire ? Et le peuple avait répondu : oui, mais, non au bout d’un moment. De fait, les promesses ne marchent plus… Et ce que vient dire le prophète Isaïe, et après lui Baruch, c’est que même lorsqu’on est au fond du trou, même lorsqu’on est en exil, et que les promesses ne marchent plus, ne s’appliquent plus, Dieu, Lui, reste fidèle et nous tire de notre trou. Il se présente à nous, tel un bon Samaritain, pour nous relever et nous emmener à l’auberge. Je prendrai soin de vous. Alors, en réalité, dans cette annonce de la libération et du retour d’Israël sur sa terre, il est une image qui est assez frappante : il est dit dans ce texte que le désert sera une sorte d’autoroute pour pouvoir rentrer paisiblement chez soi. C’était Isaïe (vers 550 avant JC) qui avait annoncé cela. Et Baruch écrit la même chose bien longtemps après (vers 200 avant JC).

Deux siècles plus tard, alors que tout est déjà arrivé – il n’y a plus besoin d’annoncer ce retour d’exil… et pourtant…  Parce qu’à l’époque de Baruch, il y a encore des problèmes. Nous sommes dans les années 200 avant J.-C., il y a des persécutions, il y a un roi grec qui veut faire disparaître la religion juive ; donc il faut se souvenir des promesses de Dieu : Dieu nous a déjà sauvés dans l’Histoire, Il reviendra, Il nous sauvera à nouveau. Tout à l’heure, on préparait la lecture avec Giulia ; elle s’interrogeait sur le fait qu’en Israël, il y ait la guerre, alors que Dieu promet la joie, la paix, la lumière… De qui est-ce la faute ? Celle de Dieu ? Ou est-ce plutôt du côté des hommes qu’il faut chercher ? Est-ce que nous voulons, est-ce que nous décidons, d’être fidèles aux promesses de Dieu ? C’est une vraie question…

Alors on peut se dire : oui, je veux, mais, en même temps, je n’arrive pas ; mais alors, ce n’est pas grave, car le Seigneur prend le plus petit de ce que nous avons dans notre cœur, et Il l’élève, le transforme. Il nous comble de Sa joie, de Son amour. C’est la prière de saint Paul pour les Philippiens, qui est pour vous, pour moi, pour nous tous. « Dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus ». Il n’est pas dit quelle quantité d’amour il faut qu’il y ait… Un tout petit peu d’amour dans notre cœur ; tournons-nous vers le Seigneur, et demandons lui « Seigneur, fais grandir en moi cet amour que Tu as déposé dans mon cœur, fais-le grandir », parce qu’en fait, dans cette histoire entre Dieu et Son peuple, entre Dieu, qui nous aime, et nous, qui sommes bien souvent infidèles avec des hauts et des bas, c’est toujours Dieu qui vient nous chercher. Alors, si nous voulons bien nous laisser chercher, est-ce que nous voulons bien nous laisser ramasser ? Ou bien sommes-nous comme cet homme qui va de Jérusalem à Jéricho, qui croiserait le bon samaritain – Jésus – et qui Lui dirait : « Non, non je préfère rester dans mon sang. » Non, laissons-nous ramasser, laissons-nous aimer.

Et au cas où nous n’ayons pas compris, dans l’évangile selon saint Luc – nous sommes au début de l’évangile – on voit l’apparition de Jean le Baptiste. On le connaît, c’est ce petit enfant qui était dans le ventre d’Elisabeth, et qui a tressailli de joie lorsque Marie portait, elle aussi, un enfant, Jésus. Ce petit enfant a grandi et, un jour, il nous est dit qu’il est sorti de chez lui et a commencé à parler du royaume de Dieu qui vient. L’introduction, « L’an 1 du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée », est vraiment un choix délibéré de saint Luc pour nous dire que c’est une histoire vraie. Voilà précisément quand ça se passe, où ça se passe. Et donc Jean reprend les mots du prophète Baruch, il reprend les mots du prophète Isaïe, et il dit : aujourd’hui, le Seigneur vient à votre rencontre, et veut faire une grande autoroute à travers le désert pour que vous puissiez vous approcher de Lui. « Tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Alors, aujourd’hui, deuxième dimanche de l’Avent, c’est l’occasion de plonger un peu plus dans le mystère de Dieu qui vient, qui nous sauve et vient à notre rencontre. Dans quinze jours, c’est Noël, oui, ce sera bien le temps des cadeaux, nous sommes heureux de nous faire plaisir les uns les autres, mais rappelons-nous que le cadeau le plus important c’est Jésus Lui-même. Et, vous le savez, si nous voulons donner de la joie à celui qui nous offre le cadeau, c’est de l’accueillir, ce cadeau, de se réjouir déjà, de remercier.

Alors, pendant ces quinze jours qui nous séparent de noël, chaque jour, entraînons-nous à accueillir le cadeau de Dieu. Levons nos regards vers le ciel, chaque jour un petit temps pour la prière, chaque jour un petit temps pour la parole de Dieu. Ouvrons nos cœurs : Lui, Dieu veut s’installer en nous, naître en nous, parce qu’Il est déjà né dans l’Histoire, mais c’est aujourd’hui qu’Il veut naître en nous. Alors laissons-Lui cette chance de s’installer en nous, et laissons-nous cette chance de Le laisser s’installer, et c’est cela finalement le chemin du vrai bonheur : accueillir le Seigneur. « Tout être vivant verra le Salut », c’est ce que je vous souhaite, c’est ce que je nous souhaite, que tout être vivant puisse accueillir ce salut. Et alors, ce sera la joie, ce sera la paix, ce sera la Lumière et ce le sera même en Terre Sainte, même dans ces lieux où, pour l’instant, on ferme la porte à la lumière. Le monde changera, à une seule condition : c’est que nous acceptions, nous, de changer. Ce n’est pas aux autres de changer, mais c’est à moi. Alors, laissons-nous aimer, aimons en retour et accueillons Jésus qui vient.