
28e dimanche de TO B
Sg7, 7-11 ; ps 89 ; He4, 12-13 ; Mc10, 17-30
Dans la deuxième lecture, vous avez entendu la Parole de Dieu est vivante. Pourquoi peut-on dire que la Parole de Dieu est vivante ? Parce que la Parole de Dieu, c’est Jésus. Et Jésus est vivant. Nous pouvons entrer en relation avec Lui. Nous pouvons écouter ce qu’Il a à nous dire. Nous pouvons Lui dire ce que nous avons dans le fond du cœur. La Parole de Dieu est vivante. Et puis il y avait un deuxième mot : la Parole de Dieu est tranchante. Pourquoi peut-on dire que la Parole de Dieu est tranchante ? Parce que la Parole de Dieu nous est donnée et que nous sommes invités à la recevoir et qu’elle nous dérange. C’est saint Paul, l’auteur de la Lettre aux Hébreux qui continue la comparaison : « Elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ». Nous sommes face à la Parole de Dieu comme découpés en morceau. Ce n’est pas confortable… Et pourtant, c’est le chemin de la vraie joie et du vrai bonheur. C’est le chemin de la vie éternelle.
I – Première étape, observer les commandements
Et dans le passage qui suit de la Lettre aux Hébreux, l’auteur nous explique que cette Parole de Dieu ouvre le chemin à la miséricorde. Finalement, quand nous avons la Parole de Dieu, elle nous est donnée et nous avons à nous positionner. Est-ce que j’accepte cette Parole ou est-ce que je la tiens loin de moi ? Et de fait, nous sommes invités à l’accueillir et alors, c’est la porte ouverte à la miséricorde. Dieu nous aime et Il veut forcément notre bien et notre joie. Vous avez entendu cet évangile ; ce jeune homme qui tombe aux genoux de Jésus et qui Lui dit : « Comment faire pour avoir la vie éternelle ? » Quelle bonne question ! Il n’y a pas de meilleures questions. Je vous invite à poser la question aussi : « Seigneur, comment faire pour avoir la vie éternelle ? » Et Jésus répond. Première étape : suivre les commandements. Ah, on les connaît ces commandements et d’une certaine manière, on peut dire qu’ils ne sont pas trop difficiles à suivre. « Tu ne tueras pas ! » Est-ce que vous avez prévu de tuer quelqu’un bientôt ? Non, évidemment. Est-ce que vous avez prévu de mentir ? est-ce que vous avez prévu de voler ? J’espère que non ! En tous les cas, pour nous, pour notre intelligence, cela paraît relativement normal. Parce qu’au fond de notre cœur, ces paroles-là sont inscrites. Et donc ce jeune homme : « Cela Seigneur, je l’ai observé depuis ma jeunesse ». Et on voit que ce pas que le jeune homme fait, eh bien, il plaît à Jésus.
II – Seconde étape, suivre Jésus
Et il nous est même dit : à ce moment-là, « Jésus le regarda et il l’aima ». Autrement dit, Jésus veut lui proposer quelque chose d’encore plus grand, d’encore plus beau. Il ne s’agit pas simplement d’être un honnête homme. Il s’agit d’entrer dans le projet de Dieu pour nous et ce que Dieu veut pour nous, c’est que nous soyons saints ; c’est que nous soyons parfaits ! Ce que Dieu veut pour nous, c’est que nous soyons à l’image et à la ressemblance de Dieu. Rien que ça. Et là, la Parole de Jésus est donnée. « Si tu veux aller plus loin, si tu veux entrer dans le Royaume de Dieu, si tu veux la vie éternelle, alors il faut que tu fasses un choix : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et puis viens ! Suis-moi ». Cet appel pour ce jeune homme riche, je l’ai entendu, il y a quelques années, comme les sœurs qui sont devant moi l’ont entendu il y a quelques années… Il a fallu qu’elles choisissent, que je choisisse, que nous choisissions entre des projets humains qui étaient bons et puis un projet de Dieu qui pouvait sembler un peu insensé à vue humaine. Mais en réalité, cet appel de Dieu, il s’adresse à chacun. Il a fallu un jour que vous choisissiez, si vous êtes mariés, une ou un, et renoncer à tous les autres du monde. Aujourd’hui encore, Dieu vous appelle. Il vous appelle à faire des choix qui sont des choix de vie. Il ne s’agit pas simplement d’avoir une petite vie moyenne, de ne pas faire de mal… de faire un petit peu de bien. Non ! Il s’agit de ressembler au Christ. C’est là le message de Jésus, aujourd’hui.
III – Lâcher ce qui nous encombre
En fait, vous l’avez compris, cette parole de Jésus, chez saint Marc, elle correspond exactement à la première béatitude de saint Matthieu. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux. ». Alors il s’agit de choisir la pauvreté. Autrement dit, d’accepter de se détacher des biens matériels. Et vous le savez, les biens matériels, on les aime bien. C’est un peu difficile de les lâcher. Et pourtant, Jésus nous explique que c’est une condition nécessaire. Vous imaginez les enfants ? Louveteaux, Jeannettes… Imaginez quelques secondes : vous êtes un chameau et vous essayez de rentrer dans le trou d’une aiguille. Est-ce que cela va être facile ? Non. Qu’est-ce qu’il va falloir faire pour ça ? Il y a deux solutions : soit on agrandit le trou de l’aiguille, soit il faut beaucoup maigrir. Et ce que nous propose Jésus, en fait, c’est que nous maigrissions beaucoup. Que nous apprenions à lâcher prise. Nous en avons des valises… Il faut les lâcher, parce que nous n’en avons pas besoin. Parce que le Seigneur nous comble. Il nous le promet ; Il nous le dit ! Pierre voulait être sûr d’avoir bien compris : « Seigneur, nous qui avons tout quitté pour te suivre ! Celui qui a quitté tout cela à cause de moi, recevra en ce temps, déjà le centuple ». Aujourd’hui, je suis prêtre depuis dix ans, autrement dit, j’ai célébré à peu près 500 baptêmes. Cela fait à peu près 500 enfants pour moi… Voyez, Il a dit au centuple ! J’ai célébré, je ne sais… 150 mariages ! ça fait largement plus que le centuple. Donc le Seigneur nous promet dès aujourd’hui une joie.
IV – Accueillir les épreuves et se laisser mener
Par contre, Il ne nous ment pas. Il ne va pas nous faire croire que cela sera facile de maigrir, que ce sera facile de lâcher prise. Parce qu’Il nous dit : « tout ce centuple, vous l’aurez… avec des persécutions ! ». Car si nous choisissons d’être amis de Jésus, soyons sûrs qu’il y en a un que cela ne va pas satisfaire. Il ne sera pas content. Et il y aura même des hommes qui seront blessés, vexés, qui seront mis en colère à cause de cela. Parce que lorsque nous suivons Jésus, nous le suivons jusque sur la croix. Jésus nous sauve, par la croix ! Et Il le dit à un autre endroit : « Le serviteur n’est pas plus grand que le maître ». Pour nous aussi, il y aura la croix et soyons sûrs que ce ne sera pas confortable. On n’aura pas envie, et pourtant, c’est le chemin de la vie éternelle. Alors suivre Jésus, à ce compte-là, est-ce que c’est possible ? Jésus le dit : « Non ! ». Qui peut être sauvé ? « Personne ». Alors là, on reste un peu désarmés. Du coup, que faut-il faire ? Eh bien… il ne faut pas faire ! C’était la prière d’oraison : « Que ta grâce Seigneur, nous devance ». Autrement dit, que le don de ton esprit, que ton amour passe devant nous, nous ouvre le chemin. En réalité, il ne s’agit pas de faire des choses, il s’agit d’être. D’être. Être des amis de Dieu. Être des écouteurs de sa Parole. Être des donneurs de joie. Il ne s’agit pas de faire, il ne s’agit pas de cocher les cases. Il s’agit d’être. Et alors le Seigneur nous comble. Et alors tout ce à quoi on a renoncé… -, on aime bien faire les choses, nous ! On aime bien être maître de notre destin -, nous le recevrons d’une manière encore meilleure. « Que ta grâce Seigneur nous devance ».
Et là, dans quelques instants, sur l’autel, l’Eucharistie. Dieu lui-même, Jésus lui-même vient sur cet autel et il se donne en communion. Il nous invite à faire alliance avec Lui. « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». A ce mariage, à cette union, nous sommes invités, chacun ! Comme la fiancée. Lui est le fiancé. Nous sommes la fiancée. Alors accueillons-le. Laissons-le travailler notre cœur, acceptons d’entrer sur ce chemin de croix, tout en sachant que dès aujourd’hui, la joie nous est donnée et que nous recevrons tout cela au centuple puisque nous aurons la vie éternelle.