20 octobre 2024
homélie du 29e dimanche de TO – B
Is 53, 10-11 ; ps 32 ; He 4, 14-16 ; Mc 10, 35-45
I – Messie dans l’Ancien Testament
Que nous disent les lectures d’aujourd’hui ? Elles nous parlent du messie, nous expliquent ce qu’est un messie et qui est le messie. Revenons dessus. Messie, cela signifie celui qui a reçu l’huile, celui qui a été choisi, qui a été élu, celui qui a été envoyé. Et dans la Bible, dans l’Ancien testament, il y a trois sortes de messies : le premier que l’on voit apparaître dans la Bible, c’est Aaron, le grand prêtre, le frère de Moïse. Il est messie, il est choisi de Dieu pour être grand prêtre, autrement dit, celui qui fait le pont entre la terre et le ciel. Deuxième type de messie que l’on rencontre dans l’Ancien testament, c’est le prophète Elie : il est missionné, appelé, pour être rempli de la Parole de Dieu, de son Amour et pour pouvoir donner cette parole de Dieu. Et puis enfin, le roi David et tous les rois, qui sont messies, ils ont reçu l’huile et ils ont reçu une mission, non pas d’être comme un pharaon pour leur peuple, mais pour être des serviteurs.
II – Jésus, le Messie,
Ce qui fait qu’à l’époque de Jésus, tout le monde dans le peuple juif attend un messie. C’est la promesse de Dieu. Viendra un jour le Messie par excellence. Alors on l’attend de pied ferme. Certains, peu nombreux, attendant un messie grand prêtre. Le pont par excellence. Celui qui ferait parfaitement le lien entre Dieu et les hommes. En fait, il serait à la fois du côté de Dieu et du côté des hommes. Dans l’Ancien testament, ils sont surtout du côté des hommes tout de même. Certains, un peu plus nombreux, c’est ce que nous avions entendus lorsque Jésus avait posé la question : « Pour les gens qui suis-je ? », attendent un grand prophète. Et certains, beaucoup plus nombreux, attendent un grand roi, un politique… Quelqu’un qui mettrait la pâtée aux romains, en tout cas, qui permettrait au peuple d’Israël de vivre sa vocation pleinement sans contraintes ni influences extérieures. C’est à cause de cette troisième attente à l’époque de Jésus, que Jésus demande à tous ceux qui le reconnaisse comme messie, de ne pas en parler. C’est assez net chez saint Marc, chaque fois que quelqu’un dit : « Tu es le messie, tu es l’envoyé de Dieu. – N’en parle pas ! ». Alors tout le monde n’est pas vraiment obéissant, mais c’est la consigne de Jésus. Parce que jésus veut d’abord nous dévoiler qui il est et il va falloir d’abord déconstruire ce que les gens ont dans la tête. Pour la première fois, il accepte ce titre de messie, est le jour ou Pierre le reconnaît. « Pour vous, qui suis-je ? Tu es le Christ ! » et « A partir de ce moment-là, Jésus commença à leur expliquer ouvertement qu’il allait être persécuté, qu’il allait souffrir, qu’il allait mourir… et au troisième jour ressusciter ».
Et c’est une parole que l’on entend par trois fois dans l’évangile, en quelques chapitres. Et le passage que l’on aborde aujourd’hui, cette réaction de Jacques et Jean, les fils de Zébédée, vient juste après la troisième annonce. Ils n’ont pas été désarçonnés par cette annonce, au contraire… soit ils sont un peu sourds, soit ils ne veulent pas y croire. Pour eux, le Messie, c’est quand même un grand roi. Quelqu’un dont il vaut le coup d’être bien placé à côté de lui. D’où la question : « Donne-nous de siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche », « que nous soyons tes premiers ministres ». Cela n’a pas changé… Et Jésus va leur apprendre quelque chose de nouveau. « Le chemin par lequel je veux vous emmener, le messie tel que je suis, c’est un messie qui va souffrir, qui va mourir ». Cela était annoncé par la première lecture : « Broyé par la souffrance, le serviteur a plu au Seigneur. Il remet sa vie en sacrifice de réparation. Il se chargera de la faute des multitudes ». Voilà ! le messie qu’est Jésus ne correspond pas tout à fait à l’imaginaire juif de l’époque. D’ailleurs, on voit bien que, alors même que Jésus avait expliqué qu’il fallait passer à travers « le baptême dont il allait être baptisé, boire à la coupe dont il allait boire », les autres disciples sont un peu jaloux. Jésus n’a pas dit non à Jacques et Jean. En fait, l’ambition de Jacques et Jean n’est pas mauvaise. Elle n’est pas très bien ordonnée, mais elle n’est pas mauvaise. Oui, il est bon d’être près du Seigneur. Mais il faut bien s’entendre sur ce qu’est la bonne place auprès du Seigneur… Qui sera finalement à sa droite et à sa gauche ? Ce seront deux bandits. Pas la place la plus confortable finalement.
Et pour nous ! Pourquoi cela nous touche ? D’abord parce que Jésus est le Messie par excellence, le grand prêtre, bien au-delà de Aaron. Il fait parfaitement le pont entre le ciel et la terre. C’est ce que disait la deuxième lecture, la lettre aux Hébreux. Il est le grand prophète. Forcément, la Parole de Dieu, c’est lui. Ce qu’il dit est ‘parole d’Évangile’. Il est le grand roi. Il est le grand roi tel que Dieu l’avait pensé et voulu pour son peuple : un berger, un serviteur : le trône de Jésus, c’est la croix. La couronne de Jésus, c’est la couronne d’épines. Et c’est au moment de la flagellation, dans son manteau rouge, que vraiment, il est roi. Il l’avait manifesté la veille, le Jeudi saint, lorsqu’il s’était dépouillé de ses vêtements et lavé les pieds de ses disciples. Voilà ce qu’est être roi.
III – Chacun de nous, messie pour notre temps
Cela nous concerne parce que nous sommes baptisés. Nous avons étés plongés dans la mort et la résurrection du Seigneur, connectés à lui et nous aussi, nous avons reçu l’huile. Nous sommes des chrétiens, nous sommes des christs, nous sommes des messies. Pas tout seul, pas grâce à nos propres forces. Et alors comme le Christ, nous avons une mission, une triple mission. La première mission c’est d’être prêtre. Nous sommes prêtres, connectés au Christ. Nous avons à nous offrir nous-mêmes au Père ! Vous y repenserez à la doxologie à la fin de la prière eucharistique : « Par lui, avec lui et en lui. Dieu le père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire ». C’est notre offrande. Chacun de nous, offert au Père, par Jésus, avec Jésus, en Jésus. Nous sommes prêtres dans le sacerdoce du Christ. Et puis moi, d’une autre manière, au service de votre offrande. Prophète. Oui, nous sommes prophète par Jésus, avec Jésus, en Jésus. Nous accueillons son Amour et sa parole pour pouvoir la donner au monde. Il en a tellement besoin. Nous sommes 160 dans l’église, et il y a juste 13 000 habitants à Genas, Donc cela veut dire qu’il y en a 12 800 et quelques qui ne connaissent pas Jésus. Ils ne connaissent pas cette immense Bonne nouvelle : « Dieu vous aime ». Qui le leur dira ? Nous avons été appelés, missionnés pour cela. C’est cela notre ministère, notre fonction, notre mission de prophète. Et puis nous sommes aussi des rois. En Jésus, par Jésus, avec Jésus. Nous sommes appelés à nous mettre au service de ceux qui nous entourent. Au service de nous, frères, en communauté, puis au service de notre monde. Et là encore, vous le savez bien, il en a tant besoin.
IV – la mission confiée aux chrétiens
Aujourd’hui, c’est le dimanche des missions. On pense d’abord à la mission ad extra. Des prêtres, des laïcs vont annoncer la Bonne nouvelle au monde entier. Et il y a encore 3 000 diocèses dans le monde sur 6000 environ, qui sont considérés comme diocèses de mission. Ce sont les Œuvres Pontificales Missionnaires qui ont, entre autres, la charge de leur soutien matériel. C’est pour cela que la quête de ce jour ira à la mission universelle, à la mission des OPM. Mais on ne parle pas uniquement de mission ad extra, mais aussi de mission ad intra, vers l’intérieur, autrement dit, vers nos pays de vieille chrétienté, eux aussi, – et peut-être surtout eux ! – , ont besoin d’entendre la Bonne nouvelle de Dieu. Et là encore, cela repose sur nous. Alors quand je vous ai dit que nous étions 160 et qu’il y en avait 13 000 dehors, tout de suite, on n’a plus envie… c’est trop gros pour nous. Mais ce n’est pas comme cela qu’il faut regarder. Si dimanche prochain, nous sommes un de plus, si chacun invite un ami, une relation, une connaissance, nous serons le double. Après, on travaillera un peu le cœur de ces personnes-là et nous avancerons d’un pas supplémentaire. Et on sera encore le double. On peut aller très vite comme cela. Mais ce n’est pas grâce à nous. « L’Esprit-Saint éclairera vos cœurs. Vous saurez parler ce jour-là. Vous saurez témoigner. Ne vous inquiétez pas. Puis si jamais vous prenez un râteau, ce n’est pas grave ! » Le Seigneur, Lui, nous aime et Il nous a fait partie prenante de sa mission. Alors laissons-nous aimer et accueillons le cadeau qu’il nous fait. Quelle joie, quelle gloire de participer à l’œuvre même du Christ et d’être chrétien avec Lui.