Homélie pour la Rentrée paroissiale

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27e dimanche du TO – B
dimanche 6 octobre 2024
Pour la rentrée paroissiale de la paroisse de l’Alliance

Gn 2, 18-24 ; ps 127 ; He 2, 9-11  ; Mc 10, 2-16

Les noces mystiques (détail)
par Pierre Henri-Rousseau (www.lestoilesdumatin.fr)
le Christ fait danser l’Église

I – Ouvrir le livre des Écritures

Nous allons faire comme Jésus, c’est-à-dire qu’en ouvrant le chapitre 2 du livre de la Genèse, nous allons aussi ouvrir le chapitre 1. Et même un peu plus, – car c’est toujours comme cela qu’il faut lire la Bible -, en ouvrant le chapitre 1 de la Genèse, nous allons ouvrir toute la Bible. Et en particulier, l’un des derniers livres de la Bible : la première Lettre de saint Jean, au chapitre 4, au verset 8, où il nous est dit que « Dieu est Amour ». Et nous l’avons entendu, Jésus l’a rappelé, dans le chapitre 1 de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa l’homme et la femme à son image ». Cela signifie tout simplement que nous sommes capables d’aimer. C’est inscrit en nous : à partir du moment où nous existons, nous sommes capables d’aimer. C’est une bonne nouvelle. Cela signifie aussi que Dieu nous aime. Sans conditions. Il nous aime… quoi que nous fassions. Il nous aime. Il veut pour nous le bonheur et Il s’engage pour cela. Il prend les moyens de nous donner le meilleur. Et vous le savez, quand on parle d’amour, on ne va pas parler de contrainte. Dieu ne nous force pas à être heureux. Sinon, ce ne serait plus tout-à-fait le bonheur…

II – Image et ressemblance

Quand on reprend le chapitre 1 de la Genèse, Dieu crée l’homme et la femme à son image, et si l’on reprend un peu avant, Dieu avait dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». Il est intéressant de constater que le projet de Dieu : « Faisons l’homme », c’est l’image et la ressemblance, et que la réalisation de Dieu, ce n’est que l’image.
Alors qu’en est-il de la ressemblance ? Eh bien la ressemblance, c’est le chemin sur lequel nous sommes. Nous sommes invités, chaque jour, à choisir le chemin de la ressemblance, pour rendre vivante cette image. Il ne s’agit pas d’être un vitrail. Il s’agit d’être vivant. Et c’est comme cela que l’on ressemble à Dieu. Et être vivant, pour nous qui sommes des êtres humains, qui sommes à l’image de Dieu, cela veut dire aimer en actes et en vérité. Et de toutes les manières qu’il y a d’aimer sur la terre, – c’était le cœur de la lecture d’aujourd’hui dans le livre de la Genèse, chapitre 2 -, Il y a une manière qui nous permet de ressembler le plus à Dieu dans l’ordre naturel, et cette manière, c’est l’union d’un homme et d’une femme qui se choisissent en toute liberté, en toute connaissance de cause, qui se choisissent dans la fidélité, pour toujours, et qui, à tous les deux, seront un lieu de fécondité. Autrement dit, ils donneront la vie. Comme Dieu.

Comme vous le savez, tout ne se passe pas toujours comme dans le meilleur des mondes. Parce que le projet de Dieu sur le mariage, le projet de Dieu pour notre vie est un projet de bonheur et d’amour, mais Dieu nous a fait un cadeau pour que nous puissions aimer en vérité, et ce cadeau, c’est celui de la liberté. Nous avons le choix. C’est le cœur du chapitre 3 de la Genèse. Nous avons le choix de faire confiance à la Parole de Dieu. Ou pas… Nous avons le choix de choisir d’aimer… ou de ne pas aimer. C’est le cadeau que Dieu a déposé entre nos mains. Si nous étions contraints, si nous n’avions pas le choix, ce ne serait plus de l’Amour. Car pour aimer, il faut être libre.

III – le piège des pharisiens

Et c’est bien ce que l’on entend dans l’évangile. Question piège des Pharisiens. Ah… Ils connaissent la Bible par cœur, eux ! « Est-il permis de renvoyer sa femme ? » Pourquoi c’est un piège ? Parce qu’il existe deux réponses possibles : Si Jésus avait dit « Oui, on peut divorcer »… Eh bien ils auraient dit ‘Dieu a dit, au chapitre 2 : « L’homme quittera son père et sa mère et à eux deux, ils feront une seule chair »’. Jésus répond autrement : « Que vous a prescrit Moïse ? » Et ce que font les Pharisiens, nous en sommes capables, nous le faisons tout le temps ! Les Pharisiens tirent la Parole de Dieu à eux.Parce que Jésus pose la question : « Que vous a prescrit Moïse ? » Et ils répondent : « Moïse a permis de divorcer ». A condition d’établir un acte de répudiation. Et ce n’est pas tout-à-fait cela que l’on trouve dans le Livre du Deutéronome. En fait, face au fait que le divorce existe, Moïse donne un garde-fou. « Puisque vous divorcez, alors vous ferez cela proprement quand même ! Vous ne mettrez pas juste votre femme à la rue. ». Mais ce n’est pas une permission de divorce ; c’est un garde-fou face à une situation anormale. Evidemment, on tire la Parole de Dieu jusqu’à nous, et ça s’adapte… Jésus nous remet face à la vérité de la Parole. « Au commencement, il n’en était pas ainsi. C’était en raison de la dureté de votre cœur… » La dureté de nos cœurs !  Parfois, nous adaptons la Parole, pour la mettre à notre niveau, finalement. Mais le projet de Dieu pour nous, c’est le vrai bonheur et la vraie joie. C’est un amour libre, qui dure, qui est fidèle, qui donne la vie…
Mais cette histoire du mariage entre l’homme et la femme, on pourrait se dire que ce n’est pas quelque chose de très important. Car finalement, ce n’est qu’un art de vivre. Et cela correspond peut-être à une culture, à une époque. De nos jours, voilà ce que l’on entend… « Parfois, ça ne marche pas, il faut se séparer dans ces cas-là… On peut se remarier derrière ! ». C’est ce que l’on entend.

IV – le Signe de l’Alliance

Or le mariage nous est présenté dans la Bible, dans la Parole de Dieu, comme un signe. Pas seulement au chapitre 1 de la Genèse. Pas seulement au chapitre 2… Mais les prophètes reprennent cette image. Le cantique des cantiques reprend cette image. Le livre de la Sagesse, Les proverbes… Les psaumes ! Le mariage est le signe de l’Amour de Dieu. Dieu nous aime comme un fiancé aime sa fiancée. Dieu nous aime et Il veut vivre une union avec nous qui est très ressemblante à celle du mariage. En fait, elle est encore plus belle. Elle est le mariage par excellence. L’union de Dieu avec les hommes, c’est le modèle même du mariage. Du coup, quand on voit un mariage qui choisit de vivre cette union-là : fidélité, pour toujours, fécondité… eh bien on a une image, une idée de ce qu’est l’Amour de Dieu pour nous. Une image de l’Alliance dans laquelle nous sommes invités à entrer.

 Quel beau nom quand même… Alliance, c’est notre nom ! Et nous sommes là pour témoigner de la vérité de cette alliance avec Dieu. Et de l’importance de l’alliance entre les hommes et les femmes. Ce qui est étonnant, c’est qu’à l’époque de Jésus, il n’était pas plus facile de comprendre cela qu’aujourd’hui. Ce passage-là, on le trouve deux fois dans l’Evangile : une fois chez saint Marc au chapitre 10 et une fois chez saint Matthieu au chapitre 19. C’est le même événement, qui est raconté d’une autre manière, avec une petite différence. Juste après cet enseignement, sur le mariage, sur l’union, sur l’alliance, chez saint Marc, il y a cette histoire des petits enfants. Il s’agit de ressembler aux petits enfants. Il s’agit d’accueillir le Royaume de Dieu comme un petit enfant accueille le Royaume de Dieu. Chez saint Matthieu, c’est un peu différent. Une fois que Jésus a terminé son enseignement sur le mariage, les Pharisiens s’en vont et les disciples restent tous seuls avec Jésus et ils lui disent : « à ce compte-là, si vraiment le mariage c’est pour toujours, cela ne vaut pas le coup de se marier ». C’est trop dur… Vous voyez, à l’époque de Jésus, ses disciples, qui sont avec lui déjà depuis un an ou deux, qui l’ont déjà entendu parler d’amour, qui l’ont déjà entendu parler de « pour toujours », de l’amour même de Dieu, les disciples ne comprennent pas. Pour eux, la barre est trop haute. Alors ne nous étonnons pas qu’aujourd’hui, nous trouvions la barre trop haute. C’est normal. Et d’ailleurs, dans saint Matthieu, Jésus confirme. « Effectivement, tous ne comprennent pas ce que je viens de vous dire. Tous ne comprennent pas ce langage. Mais seulement ceux à qui cela est donné ». Seulement ceux à qui cela est donné. En fait cette phrase est exactement le parallèle et a le même sens que : « celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu de la manière d’un enfant n’y entrera pas ».

V – Se marier pour aimer

Autrement dit, pour pouvoir accueillir cette bonne nouvelle sur le mariage, pour pouvoir accueillir cette bonne nouvelle sur l’alliance entre Dieu et les hommes, il faut poser un acte de foi. Il faut faire confiance à Dieu. Dieu ne nous abandonne pas. Dieu a envoyé son fils unique Jésus-Christ, pour nous donner les moyens d’entrer dans cette alliance, d’entrer dans cette fidélité, d’entrer dans ce « pour toujours ». Alors peut-être que nous tomberons, peut-être que dans la relation avec notre femme ou avec notre mari, il y a des moments compliqués, il y a des moments où l’on est plus vraiment amis, où l’on est plus vraiment alliés… C’est la même chose dans la relation avec Dieu. Il y a des moments où on le laisse tomber. Lui. Dieu qui nous aime. Mais comme dans la relation avec Dieu, il est possible, – parce que Dieu nous aime -, de nous relever, et de recommencer à aimer, eh bien c’est aussi possible dans le mariage. Je ne dis pas que c’est confortable et facile. En tout cas, le projet de Dieu, c’est que nous soyons des champions de l’Amour. Et c’est comme cela que nous trouverons le vrai bonheur et la vraie joie. C’est pour cela que – on en a ici, des préparateurs au mariage -, que la préparation au mariage, c’est sérieux ! Cela prend du temps. Il faut creuser pour que ce soit un choix libre. Pour que ce soit un choix dans la fidélité, un choix pour toujours, un choix qui donne la vie. « Tous ne comprennent pas ce langage, mais seulement ceux à qui cela est donné. Celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas ». Parce qu’un enfant, c’est absolu. Quand on aime, on aime. Et on ne compte pas. C’est ce que nous sommes appelés à vivre nous aussi. Aimer et ne pas compter.

Dans quelques instants, c’est l’Eucharistie que nous célébrons : le pain devient le corps du Christ ; le sang devient le sang du Christ. Et nous sommes invités à communier. En communiant, juste avant de manger le corps du Christ, nous allons entendre cette parole, – vous la connaissez bien -, « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». L’agneau, c’est le fiancé. Et la fiancée, c’est qui ? Alors la question qui se pose pour nous aujourd’hui, c’est : « voulons-nous entrer dans cette alliance. Voulons-nous être la fiancée de l’époux, l’épouse de l’époux. Voulons-nous entrer dans une alliance, libre, fidèle, pour toujours, et qui donne la vie ? »