Mais qui est Jésus ?

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homélie du 24e dimanche de TO B
15 septembre 2024,
par l’abbé Gaël de Breuvand

L’évangile que nous venons d’entendre se trouve exactement au milieu de l’évangile. Il y a 16 chapitres dans l’évangile selon saint Marc, et là, nous sommes au chapitre 8. C’est le cœur. Et c’est vraiment quelque chose que Marc a voulu : il l’a calculé. A tel point que le premier verset du premier chapitre de l’évangile selon saint Marc, c’est : « Évangile de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu ». C’est à la fois un titre, – la bonne nouvelle que nous attendons, la voici ! -, et c’est aussi un plan. Parce que la grande question à laquelle veut répondre saint Marc, c’est « Qui est Jésus ? ».

I – Jésus Messie

On voit Jésus, tout au long des 8 premiers chapitres, qui se dévoile, qui se révèle. Il parle, Il enseigne. Il vit. Il fait des miracles, puis des signes. Et voilà que, arrivé au chapitre 8, donc au milieu : « au dire des gens, qui suis-je ? ». Les gens ont bien compris qu’il y avait en Jésus quelque chose qui était particulier. Et immédiatement, qui est-il ? Un prophète ! Certainement un prophète et certainement un prophète que l’on a déjà vu et qui est revenu. Evidemment, nous, nous le savons, ce n’est pas tout à fait cela. Mais c’était quand même une bonne piste car un prophète dans l’Ancien testament, c’est un messie, un « massiah » en hébreu, un qui a reçu l’huile. Le mot messie n’est pas seulement destiné à Jésus. Ce mot désigne tous ceux qui ont été appelés par Dieu, autrement dit, qui ont reçu une mission de la part de Dieu. Et des messies dans l’Ancien testament, il y en a trois grandes sortes : les prophètes, les rois et les prêtres, les grands prêtres. Aaron est un messie, David est un messie, Elie est un messie. Mais les hébreux et puis les juifs, ont attendu le messie tout au long de l’Histoire. Pour certains, ce sera un prophète, pour d’autres, ils pensaient que ce serait un roi, et pour certains autres, ils pensaient que ce serait un prêtre. Et voilà que Jésus vient. « Pour vous, qui suis-je ? ». Réponse de Pierre, au nom des disciples et même une parole de foi : « Tu es le Christ !». Et vous le savez, Christ en grec et messie en hébreu, c’est le même mot. C’est celui qui a reçu l’huile. On a fini la première partie de saint Marc, et nous avons découvert quelque chose, que Jésus est le Christ.

Et étonnamment, Jésus leur dit : « n’en parlez pas ! ». Pourquoi est-ce que les disciples, qui ont trouvé, qui ont compris que Jésus était le messie que l’on attendait, ne doivent pas en parler ? Pourquoi ? Parce que messie, dans la tradition juive, cela peut entraîner à une fausse interprétation. Quand on attend un messie, on attend quelqu’un de puissant. On attend quelqu’un qui vient nous libérer. On attend un roi qui mettra les Romains dehors. Mais il ne faut pas se tromper, Jésus, ce n’est pas cela. Il n’est pas superman. Il ne vient pas nous empêcher d’avoir aucun problème. Il n’est pas un messie à la manière des hommes. Il est bien le messie de Dieu. A la manière de Dieu.

II – Jésus, Fils de Dieu

Du coup, nous entrons dans cette deuxième partie. « Evangile de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu ». Et finalement, et c’est le point tournant : « Il commença à enseigner qu’il fallait que le Fils de l’Homme souffrît beaucoup, qu’Il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’Il soit tué et que trois jours après, Il ressuscite ». Il vient leur dévoiler qui est le Fils de Dieu. Et la manière par laquelle le Fils de Dieu vient nous sauver. Le chapitre d’après, le neuvième, ce sera la Transfiguration. Peut-être que les trois disciples, Pierre, Jacques et jean, auront une tendance à se tromper et à croire que Jésus, c’est superman. Mais finalement, dans l’évangile selon saint Marc, le point d’orgue, c’est le moment, où un homme, enfin, reconnaît en Jésus le Fils de Dieu. Et vous savez quand cela se passe ? Au chapitre 15… Jésus vient de mourir et le centurion, un païen, dira : « Vraiment. Celui-ci était Fils de Dieu ». Etonnant ! au moment où il est mort… Au moment où son humanité vient de montrer qu’elle était… très humaine. Il est mort. Et on voit bien que passer du ‘messie superman’ au ‘messie Fils de Dieu’ qui nous sauve par sa mort et sa résurrection, ce n’est pas si évident à croire.

La preuve, Pierre. Pierre vient critiquer Jésus : « Tu es en train de dire ouvertement que tu vas mourir. Je ne suis pas sûr que ce soit bon pour le moral des troupes ». Il le fait à l’écart… Et Jésus insiste au contraire, parle à haute voix, ouvertement : « Passe derrière moi Satan ! tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». Oui, saint Pierre a envie d’un superman. Et pour guérir de cette maladie-là, il lui faudra encore du temps. Car la croix, il ne l’acceptera pas tout de suite.

III – Qui est Jésus pour moi ? entrer dans le paradoxe chrétien

Alors aujourd’hui Jésus nous pose une question : « Pour vous, qui suis-je ? ». Quelle est notre réponse ? Souvent, c’est encore vrai, nous aimerions bien avoir superman, qui nous empêche d’avoir aucun problème. On est malades, Eh bien puisque l’on croit en jésus, on est guéri. On est fatigué. Eh bien puisque l’on croit en Jésus, on est restauré. « Non, les difficultés ne sont pas pour nous car nous avons un sauveur qui est Jésus ». Mais ce n’est pas comme cela que ça marche. Jésus nous le dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix ». La croix n’est pas optionnelle ! Non… ce qui va se passer lorsque nous croyons à Jésus, Lorsque nous croyons en Jésus, c’est que nous savons que notre croix, nous pourrons la porter avec Lui ; Et nous pourrons faire ce pour quoi nous sommes faits. Parce que notre plus grande croix, c’est d’aimer et se laisser aimer. C’est cela la chose la plus difficile dans nos vies. Aimer vraiment. Pas simplement se retourner sur notre petit nombril et essayer de se faire plaisir. Non. C’est se mettre au service du bonheur et de la joie des autres. C’est ça qui nous comble. C’est pour cela que nous sommes faits. Oui, le christianisme, c’est un peu paradoxal. Pour être sauver, il s’agit de mourir. « Celui qui veut sauver sa vie la perdra. Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera ». Oui, il s’agit de nous donner totalement. De nous donner à qui ? A Dieu d’abord. Puis à nos frères. Puis à ceux… ceux qui nous fatiguent aussi. Peut-être surtout à eux. Aujourd’hui encore, il nous faut répondre à cette question. Jésus nous la pose : « Pour vous, qui suis-je ? ». Est-ce que nous voulons bien l’accueillir tel qu’Il se donne et pas tel que nous aimerions qu’Il soit ? C’est saint Paul qui disait : « Que la croix du Seigneur soit ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde ». Oui. Il s’agit que nous entrions dans ce mystère de la croix. C’est cela être chrétien.

Être chrétien, c’est être aussi pour notre monde des messies, des Christ, d’autres Christ. Donc accueillir la mission que nous avons reçu, et cette mission-là, c’est d’annoncer l’Évangile. D’annoncer Jésus. De vivre avec Jésus, de se laisser aimer et de l’aimer en retour et en son nom, aimer ceux qui sont autour de nous.