Homélie du dimanche 4 août 2024,
18e dimanche du Temps Ordinaire B
par l’abbé Gaël de Breuvand
I. Un signe pour montrer !
Le texte que l’on vient d’entendre est à la suite de celui de la semaine dernière – la multiplication des pains -. Jésus a accompli un signe. Et c’est une chose importante.
Chez Marc, Matthieu et Luc, quand on parle des choses extraordinaires que fait Jésus, on appelle cela un miracle. Un miracle est quelque chose que l’on regarde, qu’on « ad-mire ». Et le risque du miracle, c’est de s’arrêter à l’événement extraordinaire sans aller plus loin. Saint Jean, lui, aime parler de signe. En soi, c’est la même chose, c’est quelque chose d’admirable, mais c’est comme un panneau indicateur, cela nous montre autre chose. Jésus a multiplié les pains. L’important n’est pas qu’Il ait fait cela… et pourtant, juste à la fin du texte de la multiplication des pains, Jésus s‘est enfui car « ils allaient l’enlever
pour faire de lui leur roi ». Ils s’étaient arrêtés au panneau indicateur. Lorsque vous conduisez, si vous voyez un panneau « sens unique », vous savez que ce qui est important ce n’est pas le panneau, mais le fait qu’il n’y ait qu’une seule direction sur cette route-là.
Ainsi lorsqu’on a un signe, il faut aller un peu plus loin. Alors Jésus a traversé la Mer, on a sauté le passage où Il marche sur les eaux et Il arrive à Capharnaüm, où la foule L’a rejoint. Cette dernière n’a pas tout compris, et Jésus va prendre le temps, tout au long du chapitre 6 chez saint Jean, de faire une grande explication de ce signe de la multiplication des pains. Elle est tellement longue que l’on va l’entendre aujourd’hui, dimanche prochain et le dimanche d’après, donc cela s’étend sur trois dimanches !
II. Jésus se dévoile
Ils trouvent Jésus et lui demandent une explication. Il leur dit exactement ce que je viens de vous dire « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd mais pour ce qui vient du ciel », ce qui nous est donné pour la Vie éternelle. Autrement dit, ne vous trompez pas, ce qui est important, ce n’est pas le miracle mais ce qu’il veut dire, ce qu’il nous montre. La première chose qu’il nous montre, c’est que Jésus, Dieu, veut prendre soin des hommes. C’est important, on l’a dit dans l’oraison, la prière d’ouverture, Dieu, dont on a dit qu’Il est notre Créateur est notre Providence car Il veut prendre soin de nous. Et puis Jésus va plus loin, on a l’impression qu’ils n’ont pas tout vu, qu’ils n’étaient pas là lors de cet événement. Quel signe vas-Tu nous faire ? Comment vas-Tu nous montrer que Tu es un envoyé de Dieu ? Parce que c’est cela le but ! Jésus veut montrer à la foule qu’Il est non seulement un beau parleur, un maître qui enseigne bien, mais Il est plus que cela ! Il est un envoyé de Dieu, et même plus que cela : Il est la Parole de Dieu. Pour l’instant, nous en sommes au premier pas ! « ‘Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?’ ‘Que vous croyez en Celui qui L’a envoyé.’ » Jésus leur dit : il faut que vous croyez en Moi, Je vous ai montré que J’étais capable de multiplier les pains, ayez confiance en Moi ! Croyez Ma parole, Je suis l’envoyé de Dieu. Alors la foule s’interroge : comment pouvons-nous croire que Tu es l’envoyé de Dieu, quel signe vas-tu faire ? Dans les temps anciens, il y a eu Moïse avec la manne : c’était la Première Lecture. Mais Jésus leur dit que le signe de Moïse, ce n’est pas Moïse, qui n’a rien fait et a juste dit ce qui allait se passer tandis que Lui a fait plus cela. Il y a un petit concours. Et puis Il conclut : « C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. » « C’est Mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel ». Le Pain de Dieu, c’est quelqu’un qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. Et là, les Juifs qui entendent cela comprennent exactement ce que Jésus dit, mais ils ne veulent pas y croire parce que lorsque l’on parle du « pain de Dieu », chez les Juifs, on parle de la ‘Torah’, de la Parole de Dieu Lui-même, du don de Dieu. Et là Jésus dit, d’une certaine manière, ‘Je suis la Torah, Je suis le Pain de Dieu. Je suis la Parole de Dieu’. Là, au cas ils n’aient pas compris, Jésus insiste « Moi Je suis le Pain de Vie, celui qui vient à Moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » Et on s’arrête là parce que c’est la semaine prochaine où ils vont réagir, où ils ne vont pas être d’accord. Teasing : venez la semaine prochaine !
III. L’acte de Foi
Il y aura une marche à franchir, mais une bonne partie ne va pas y arriver. Parce que ce que demande Jésus c’est la foi, c’est-à-dire de faire confiance au Christ qui parle pour Dieu, au nom de Dieu. Nous qui sommes chrétiens, baptisés depuis petits, on a toujours entendu dire que Jésus était Dieu, ce n’est pas trop difficile, [après il faut le vivre], mais déjà penser intellectuellement que Jésus est le Fils de Dieu et qu’Il a la parole de la vie, on le sait depuis 2000 ans. Mais qui est pour eux Jésus ? Jésus est né, il n’y a rien eu d’extraordinaire… Qui est au courant que Jésus est un enfant hors du commun ? Pas grand-monde. Marie ? Joseph ? Élisabeth ? Peut-être Zacharie, Jean-Baptiste ? Ensuite, les bergers, mais eux, par définition, on ne les croit pas car ce sont des pauvres. Les Mages ? Ce sont des étrangers donc c’est pareil, on ne les croit pas. Il faut dire que Jésus a grandi comme tous les autres bébés, Il a dormi, pleuré, mangé, il a fallu changer sa couche, comme tous les petits bébés, Il a appris à marcher, à parler… Rien d’extraordinaire… Il était peut-être un peu plus sage que la moyenne. Cela ne L’a pas empêché de faire une sorte de fugue quand Il avait douze ans, Il a appris le métier de Son père, ensuite Il est parti de chez Lui, Il a commencé à parler, Il était intéressant. Puis, Il a commencé à faire des signes : les noces de Cana, Il a guéri un aveugle, puis Il a multiplié les pains… Cela commence à devenir un peu frappant. Autant lors des noces de Cana, il y a la maman de Jésus, les trois, quatre disciples et quelques serviteurs qui savent, mais les autres ne voient rien. Autant lors de la multiplication des pains, les cinq mille personnes se sont rendu compte qu’il se passait quelque chose. Mais, de là à se dire qu’Il est le Fils de Dieu et quand Il nous parle c’est Dieu qui nous parle, il y a un pas à franchir et c’est cela le pas de la foi. Il est tellement difficile à franchir que nous ne pouvons pas le franchir tout seul, nous avons besoin que Jésus Lui-même vienne l’implanter dans nos cœurs. Nous avons besoin que Jésus Lui-même vienne l’implanter dans nos cœurs et c’est pour cela que c’est un cri que l’on entend souvent dans l’évangile : « Seigneur, fais grandir en moi la foi ! » Cela peut-être notre prière d’aujourd’hui « Seigneur, fais grandir en moi la foi. »
Cet évangile du Pain de Vie va s’accomplir dans quelques instants, sur cet autel, je vais prendre un petit morceau de pain, pas très joli, je vais prendre un peu de vin. Et ce pain-là, ce ne sera plus du pain une fois que la Parole de Jésus aura été dite, ce sera le Corps du Christ ; ce vin-là ce ne sera plus du vin, ce sera le Sang du Christ. C’est évident que si l’on s’appuie simplement sur nos sens humains, ce n’est pas crédible. Alors demandons au Seigneur : « Seigneur, fais grandir en moi la foi ! » Et en faisant grandir en nous la foi, le Seigneur fait grandir en nous l’espérance et l’amour parce que tout est là : c’est une question d’amour. Il s’agit qu’une fois que nous ayons communié que notre vie change, que nous soyons les témoins du Christ ressuscité, que nous soyons les témoins du fait que Dieu dise à chacun à ceux qui sont là, mais aussi à ceux qui sont dehors : Je t’aime, tu es mon enfant bien-aimé.