Ac 2, 1-11 ; ps 103 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15
homélie du dimanche de Pentecôte B, le 19 mai 2024 ;
à l’occasion de 5 ‘premières communions’ et d’une profession de foi. Par l’abbé Gaël de Breuvand.
I – Du don de la Loi au don de l’Esprit
Fête de la Pentecôte : 1200 ans avant J.-C., que se passe-t-il ? Un peuple est en esclavage en Égypte, et à l’appel de Dieu ils vont être libérés d’Égypte, guidés par Moïse. Ils vont franchir la mer Rouge : ce jour-là – 1200 ans avant J.-C. – c’est la première Pâque. Ce passage de la mer Rouge, ce passage de Dieu au milieu de Son peuple, c’est la Pâque du Seigneur. Et voilà que ce peuple hébreu est maintenant dans le désert : pendant un peu plus d’un mois, cinquante jours, ils vont marcher. Et au 50e jour, ils arrivent au pied d’une montagne, le Mont Sinaï. Voici que Dieu vient à la rencontre de Son peuple. Dieu se présente à Moïse, et dans le vent, le tonnerre, les éclairs, Dieu promet, Il s’engage, et dit « Je veux faire avec toi alliance. » Et le peuple répond : « Oui, nous voulons bien être en alliance avec Dieu. »
Ce jour-là, où Dieu a donné Sa parole d’engagement, c’est la première Pentecôte, 1200 ans avant Jésus. Et depuis, les Juifs célèbrent tous les ans Pâques et la Pentecôte. Or, lorsque Jésus vient, Il va choisir un jour bien particulier pour mourir et ressusciter : c’est le jour de Pâques. Alors qu’avant c’était la libération d’Égypte, maintenant c’est la libération définitive de la mort. Nous le savons parce que Jésus est mort et ressuscité, nous mourrons quand même, mais notre mort ne sera pas définitive. Nous aussi, nous ressusciterons ! Cinquante jours plus tard, nous l’avons entendu (c’était la Première Lecture), alors que les apôtres étaient en prière – les apôtres, mais pas seulement eux, car il y avait aussi la Vierge Marie, d’autres femmes, et quelques disciples, on ne sait pas exactement combien – ce jour-là, alors qu’ils étaient en prière, l’Esprit Saint leur a été donné, « comme un grand coup de vent, des langues qu’on aurait dites de feu sont venues sur eux » et à ce moment-là leur cœur s’est mis à exploser d’amour. Et il fallait qu’ils sortent, qu’ils annoncent à tous la Bonne Nouvelle de Dieu – vous la connaissez : Dieu t’aime, chacun de nous, est aimé par Dieu, chacun de nous est une perle précieuse que Dieu veut valoriser. Dieu nous aime, c’est la Bonne Nouvelle de l’Évangile, et cela va changer nos vies !
Si Jésus a eu besoin de mourir et ressusciter, si Jésus a eu besoin de nous envoyer l’Esprit Saint, c’est parce que la première Pâque, et la première Pentecôte de 1200 ans avant J.-C. – cela nous avait dit quelque chose, que Dieu voulait prendre soin de nous, que Dieu nous donnait un chemin, celui du bonheur et de la joie – eh bien ça n’a pas suffi ! Lors de la première Pentecôte, Dieu a donné les tables de la Loi, les tables de l’Alliance. On connaît les Dix Commandements ; en réalité quand on regarde la Bible on en trouve 613, des commandements, alors je ne les connais pas tous. 613, il y en environ 400 qui disent : ‘il ne faut pas que tu fasses cela’, et environ 200 qui disent : ‘il faut que tu fasses cela’. C’est toujours un chemin vers la joie et le bonheur qui est proposé aux Juifs, mais voilà, quand le commandement vient de l’extérieur, c’est très difficile de le mettre en œuvre. C’est très difficile d’obéir à une loi qui vient de l’extérieur – les enfants, vous le savez bien, quand on vous dit « range ta chambre » cela ne donne pas envie ; les grands aussi, quand on nous donne des consignes, des ordres qui viennent de l’extérieur, souvent on résiste un peu, voire beaucoup…
C’est à ce problème-là, bien particulier que Jésus vient répondre. Lorsqu’Il nous envoie l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, cette Loi n’est plus une loi extérieure, dorénavant c’est une loi qui est en nous, c’est l’Esprit Saint. Et cet Esprit – c’est saint Paul qui le dit dans la Lettre aux Romains – cet Esprit peut crier en nous « Abba », père. Cet Esprit Saint, vous l’avez reçu le jour de votre baptême, et depuis ce jour, vous pouvez regarder le Seigneur et lui dire « Père ». On ne s’en rend plus compte, car nous sommes habitués à parler à Dieu, ou de Dieu, comme notre père ; mais c’est une bombe nucléaire, cette histoire ! Si Dieu est notre père, c’est que nous sommes Ses enfants, et si nous sommes Ses enfants, nous sommes de Sa famille. On ne le dit pas souvent, mais pourtant c’est vrai ! Nous sommes de la famille de Dieu ! Et lorsque l’Esprit-Saint crie en nous « Père », nous pouvons le crier avec Lui.
Résultat : le chemin du bonheur et de la joie est beaucoup plus facile à arpenter. Cela reste un peu difficile quand même… C’est saint Paul qui le disait dans la Deuxième Lecture, qui est impressionnante, car si on se laisse aller, si on ne laisse pas l’Esprit Saint parler dans notre cœur, alors on se laisse aller sur des chemins qui sont des fausses pistes ; vous en avez entendu la liste : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, rivalité, haine, jalousie, emportement, intrigue, division, sectarisme, envie, orgie, c’est pesant tout cela ! Mais voilà : l’Esprit Saint, quand Il vient dans nos cœurs, nous donne Son fruit, qui est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi. C’est le cadeau de l’Esprit Saint !
II – Profession de Foi
Aujourd’hui, Pentecôte, c’est la fête du Saint Esprit. Et voilà qu’aujourd’hui Elina a choisi de faire profession de foi : ça tombe bien, parce qu’elle fait mémoire, aujourd’hui, du jour où elle a reçu l’Esprit Saint pour la première fois lorsqu’elle a été baptisée. « Baptisé », cela veut dire plongé, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit : elle a été plongée dans l’amour de Dieu Lui-même, parce que Dieu est Amour. Et dans quelques instants, elle fera, en Son nom propre, l’engagement que son parrain, sa marraine, et ses parents, ont fait pour elle, il y a 13 ans ; elle va choisir de laisser parler l’Esprit Saint en elle, et je lui poserai deux grandes questions : renonces-tu au mal – et elle dira : oui, j’y renonce ; crois-tu, autrement dit, adhères-tu, veux-tu faire confiance à Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit – et elle répondra oui, je crois ; et si elle y croit vraiment – et je crois qu’elle y croit vraiment ! – cela changera sa vie, comme cela change la nôtre. Nous ne vivons pas seulement pour être de bons citoyens, on ne vit pas pour être des honnêtes hommes et femmes. On vit pour être des saints, et être saint, ce n’est pas grâce à nous : être saint, c’est tout simplement laisser Dieu s’installer dans notre cœur.
III – Communion
Dans quelques instants, Anna, Lorna, Élise, Romane, et Chloé vont faire leur première communion. « Communion » c’est un mot intéressant qui signifie « uni avec ». Elles choisissent de s’approcher ; Dieu Lui, se donne, il se laisse approcher depuis toute éternité, Il est Dieu, il aime, c’est Son être même d’aimer, et Il veut se donner à vous aujourd’hui, et si vous êtes là aujourd’hui, c’est que vous voulez L’accueillir, et ça, c’est cool ! Et si vous voulez L’accueillir, c’est parce que vous pensez qu’effectivement il faut L’accueillir dans votre cœur et dans votre vie. En recevant votre communion, vous choisissez d’être des amis de Jésus. Ce n‘est pas si facile d’être ami avec Jésus, car c’est un ami qui nous aime vraiment, et comme tout bon ami, Il veut pour nous le meilleur. Or le meilleur ce n’est pas toujours facile à faire ou à vivre ! Parfois, il faut se battre contre soi-même… C’est bien pour cela qu’Il se donne dans l’Eucharistie, pour nous donner une force, pour que toute la grâce qu’on a déjà reçue au baptême, l’Esprit Saint qui est en nous, se laisse déborder de nous : c’est cela l’Eucharistie. C’est le don de l’amour de Dieu pour que cet amour déborde de nous. En communiant, nous sommes en communion avec Dieu, et c’est pour cela que, pour communier, il faut avoir le cœur pur. Je ne dis pas qu’il faut être parfait, mais il faut avoir le cœur pur, c’est-à-dire vouloir vraiment être ami avec Jésus. Si on ne veut pas être ami avec Jésus, ce n’est pas la peine de communier… En vérité, il y a les théologiens font une comparaison théologique : ils nous disent que la communion eucharistique est comparable – tout n’est pas exactement pareil – à ‘l’union des époux. On peut continuer la comparaison un peu plus loin : si nous nous sommes disputés, l’union des époux’ ne va pas passer tout de suite, il va falloir d’abord nous demander pardon, changer quelques petites choses ; c’est pour cela vous avez reçu, hier, le sacrement de la réconciliation, le sacrement du pardon, pour pouvoir être ajusté au projet de Dieu pour vous, car Dieu vous aime, vous êtes Ses merveilles, et vous êtes Ses perles. Il vous a choisis pour être en communion avec vous, que vous puissiez Le recevoir, et que Lui puisse déborder de vous.
Chacun de nous, aujourd’hui, en cette Pentecôte, rappelons-nous le jour où nous avons reçu la Confirmation, cet Esprit Saint qui nous a été donné ; et si nous ne l’avons pas reçue, c’est encore possible, allez voir votre curé, il sera ravi ! C’est l’occasion pour nous, avec la profession de foi d’Élina, de faire mémoire de notre baptême, de nous rappeler le jour où la porte a été ouverte ; c’est l’occasion, pour nous, de vivre comme si c’était notre première communion, cette communion d’aujourd’hui – c’est mère Térésa qui nous le proposait : « cette communion, aujourd’hui, vis-la comme si c’était la première, vis-la comme si c’était la dernière, vis-la comme si c’était la seule » car, aujourd’hui, Jésus vient à notre rencontre, Il se donne dans l’Eucharistie, et Il veut nous remplir de Son amour.