Homélie de la vigile Pascale, 30 mars 2024,
Par l’abbé Gaël de Breuvand,
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale.
Les titres sont ajoutés après transcription.
Nous avons entendu la Parole de Dieu et, puisqu’elle est une nourriture, j’espère que nous n’en ferons pas une indigestion ! Il y en avait beaucoup, et peut-être que nous n’avons pas tout écouté très attentivement car c’est long et quand c’est long, on peut s’endormir un peu. Mais ces lectures ont été choisies entre mille, parce que, vous le savez, la Bible fait 2000 pages et, là, si on en a lu 10, c’est bien le diable… enfin non !
I – L’accomplissement de la promesse de Dieu, déception
On a entendu toute l’Histoire sainte : de la Création, qui est déjà un projet d’alliance pour Dieu : Dieu nous a créés à Son image, pour que nous soyons à Sa ressemblance, pour que nous aimions comme Lui aime. Une alliance qui est renouvelée avec Abraham, avec encore des promesses : par son nom, celui d’Abraham, toutes les familles de la Terre se béniront. Et puis encore Moïse, et puis encore le roi David – celle-ci, on ne l’a pas entendue –, et puis les prophètes et notamment celle de la dernière lecture, d’Ézéchiel, où Dieu nous promet un esprit nouveau. En 1h-1h15 on a entendu toute l’Histoire sainte.
Ainsi, toute la tradition juive, et les trois ans d’accomplissement de toutes les prophéties par Jésus, parce qu’Il est l’accomplissement de la Parole de Dieu, cette Parole qui vient nous parler, nous toucher, nous directement. Ce n’est pas un truc passé il y a deux mille ans, non, c’est aujourd’hui que Dieu nous parle.
Et tout cela pour arriver à un regroupement de trois femmes qui se posent une grave question : « qui pour nous rouler la pierre ? » Parce que cet accomplissement des prophéties, c’est comme une déception. C’est la fin de l’histoire : Jésus est mort et enterré. Alors ces femmes, qui sont les dernières courageuses – car les hommes, on ne les voit pas trop, et on ne les a pas trop vus ces derniers jours – ces femmes qui ont suivi Jésus pendant les trois ans d’enseignement, qui ont suivi Jésus sur le chemin de la Croix, ce sont elles qui étaient au pied de la Croix. Elles sont allées jusqu’à Le déposer jusqu’au tombeau. Elles se sont reposées le jour du Sabbat, elles se sont tournées vers le Seigneur, car il y avait un deuil à accomplir. Et là, elles viennent accomplir un dernier acte d‘amour sur ce corps qui était celui de Jésus. Dernière étape avant de tourner la page.
II – Deux leçons de la Résurrection
Entendez bien, cette conviction, cette certitude absolue : Jésus est mort et enterré, c’est bien fini. C’est triste : c’est fini. Et donc la question : « Qui pour nous rouler la pierre ? » Alors elles arrivent au tombeau et, nous l’avons entendu, la pierre est déjà roulée ! Première réaction, d’abord de l’étonnement, puis, plus que de la crainte, de la frayeur, dit l’Évangile. Elles ont peur ! Et l’ange leur dit : « Ne soyez pas effrayées. » Face à cette apparition, on aurait pu penser que déjà la joie éclate dans leurs cœurs : non, elles ne disent rien, elles restent en silence. Elles ont reçu une consigne et on ne sait même pas si elles l’accomplissent ! Elles restent en silence. Puis elles quittent le tombeau et là, confirmation, ce coup-ci c’est bien Jésus qu’elles rencontrent, mais ça n’était pas dit aujourd’hui.
Alors, quelle est la leçon à en tirer ? D’abord, première leçon de la mort et de la résurrection de Jésus, c’est que la mort vient. Nous allons mourir, ce n’est pas un scoop, nous mourrons tous. Ce sera toujours difficile, ce sera toujours un arrachement, il y aura toujours des deuils à vivre, nous mourrons. Mais, à la différence de ceux qui n’ont pas d’espérance, à la différence de ceux qui ne connaissent pas Jésus, nous avons une bonne nouvelle : la mort n’est pas la fin de l’histoire. Étonnement, peut-être crainte, en tous les cas silence, la mort n’est pas la fin de l’histoire. Viendra le jour où nous ressusciterons, nous dit saint Paul, qui nous rappelle que si nous mourons avec Jésus, nous ressusciterons avec Lui. Viendra la jour – pas forcément demain, mais cela peut être demain – où Il ressuscitera dans la gloire, et, ce jour-là, nous ressusciterons avec nos corps, et nous nous reconnaîtrons, et nous pourrons chanter ensemble la gloire de Dieu, et nous pourrons faire ce pour quoi nous sommes faits, pour l’éternité, et cela nous remplira le cœur. Nous ne nous ennuierons pas quand nous serons au ciel : nous aimerons Dieu et nous nous laisserons aimer par Lui. Et nous le ferons ensemble, chacun à notre manière, chacun à notre place, ce sera la joie parfaite.
Mais, cette résurrection, ce n’est pas seulement une promesse pour dans longtemps : Dieu ne s’est pas incarné, Il n’a pas vécu au milieu de nous comme homme, pour que nous passions notre vie tout seuls pour qu’un jour, tout au bout, il y ait une promesse et une résurrection. Non. Cette résurrection vient aujourd’hui. De la même manière que ces trois femmes, qui étaient des fidèles, avaient perdu toute espérance, avaient perdu toute foi. À la rencontre avec l’ange, quelque chose change : la résurrection est déjà entrée dans leurs vies.
Cela ne s’est pas fait d’un coup, elles ont eu du mal à y aller, mais elles y sont allées. Elles ont laissé Dieu gagner en elle, la Résurrection se déployer en elles.
Alors, nous qui sommes dans cette église aujourd’hui, nous sommes ressuscités. Pourquoi ? Parce que, notre espérance étant un don de Dieu, nous pouvons la vivre au présent. La résurrection est déjà commencée, je peux même donner sa date : c’est au jour de notre baptême. Le jour où nous avons été baptisés, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus, et, ce jour-là, la résurrection est venue, elle a commencé pour chacun d’entre nous. Vous allez me dire que l’on n’en a pas toujours l’impression : il y a toujours des souffrances, des problèmes, des malheurs. Regardez notre monde, s’il est déjà rentré dans la résurrection… Mais cela dépend aussi de nous. Dieu nous fait cadeau de la résurrection : est-ce que nous l’accueillons dans nos vies, est-ce que nous choisissons de vivre chaque jour la résurrection ?
Notre pape avait, il y a quelques années, une expression disant : les chrétiens ne doivent pas avoir des ‘gueules de carême sans Pâques’. Qu’est-ce que c’est qu’une gueule de carême sans Pâques ? C’est de croire que notre vie est une épreuve, qu’il n’y a pas de résurrection. Oui, la vie est une épreuve, mais nous sommes ressuscités, la victoire est déjà obtenue ! Alors malgré les épreuves – elles viendront de toutes façons, Jésus est passé par la Croix, nous ne sommes pas plus grands que le maître, la Croix est aussi pour nous – la résurrection est donnée. Et là, il nous faut faire un effort – c’est peut-être là la plus grande épreuve – pour avoir un regard de contemplation pour admirer, contempler les merveilles de Dieu dans nos vies, dans notre monde.
III – Et alors, qui pour leur rouler la pierre ?
Vous le savez, vous avez comme moi lu les médias, vous avez entendu les annonces de la conférence des évêques de France, cette année, 7000 adultes sont baptisés, en 2015, c’était un peu moins de 4000. C’est un vrai changement en moins de dix ans. Et là-dessus on doit rajouter encore 5000 lycéens. Tous ces baptêmes, n’est-ce pas joyeux ? En ce moment sur les différents médias, on peut trouver des témoignages, ils parlent des baptisés de cette nuit. Ils témoignent comment, eux, ont rencontré le Christ. Mais même parmi nous, ceux qui ont été baptisés l’an dernier, ou il y a deux ans, trois ans, quatre ans, faites-les parler, demandez-leur quelle est leur joie d’être chrétiens. Écoutez la parole d’un autre qui nous dit la joie d’être chrétien, cela va raviver flamme qui est dans notre cœur. Et vous ? Est-ce que vous en parlez, de votre joie d’être chrétien ? Là aussi, parler, témoigner de sa joie d’être chrétien, cela ravive la flamme, la lumière du Christ dans nos vies. Et pourquoi est-ce important ? Parce que le monde entier doit savoir que la Résurrection a déjà commencé, et qu’il s’agit d’y entrer, dans cette résurrection. En réalité, ce monde entier, dans notre paroisse qu’est-ce ? Il y a quarante mille habitants, il y en a 400 qui viennent à la messe, 15 000 qui ne sont pas baptisés, comment vont-ils savoir si personne ne leur dit quelle joie c’est de vivre la résurrection ? En fait, qui pour leur rouler la pierre ?