Réjouissez-vous !

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homélie du 4e dimanche de Carême B, 10 mars 2024,
par l’abbé Gaël de Breuvand.
2Ch 36, 14-16.19-23 ; ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21.
Ce texte est la retranscription d’une prédication orale, elle reste donc en style « parlé ».

On ne va pas se mentir, les lectures du jour ne sont pas les plus faciles de l’année ! Et pourtant, elles ont du sens, elles veulent dire quelque chose. Je ne vais pas beaucoup vous étonner, elles veulent dire essentiellement une chose : Dieu nous aime. C’est cela la Bonne Nouvelle, la nouveauté absolue du christianisme : Jésus est venu nous dire : Dieu m’aime, Dieu t’aime, toi, personnellement, tu es une perle précieuse. « Je t’aime », voilà ce que dit Dieu.

Aujourd’hui, nous sommes en rose, on l’appelle aussi le dimanche Laetare, non pas le dimanche « des tarés », mais le dimanche « Laetare » qui signifie « Réjouissez-vous ». Parce que le premier mot du chant d’entrée de la messe, du chant en grégorien, c’est « laetare », cela veut dire : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez en elle, vous tous qui l’aimez, avec elle, soyez plein d’allégresse, vous qui la pleuriez, vous serez rassasiés de consolation. » Réjouissez-vous, parce que – c’était le thème de la Première Lecture – Jérusalem a connu toutes les tribulations possibles, elle a connu le pire, elle a été envahie, elle a connu la guerre et la famine, elle a été détruite, et le temple qui était à Jérusalem a été détruit aussi, et le peuple qui habitait Jérusalem a été envoyé en exil.

Et voilà que le prophète, un siècle plus tard, dit : « Réjouissez-vous avec Jérusalem », pourquoi ? Parce qu’étonnamment, c’était quelque chose qui n’était pas envisageable à vue humaine, les Juifs ont pu rentrer chez eux à Jérusalem ; ils ont pu reconstruire leur ville, ils ont pu reconstruire leur temple. Et, on l’a entendu dans la Première Lecture, rien n’allait, cela faisait 70 ans que les Juifs étaient en exil, ils se disaient que jamais ils ne retourneraient sur leur terre, et voilà que d’un coup, un roi païen, Cyrus, a décrété « Aujourd’hui, les Juifs retourneront à Jérusalem. » Le peuple de Dieu retrouve sa terre. Pour le peuple de Dieu, c’est la preuve que Dieu ne les abandonne pas, qu’Il les aime. Dieu promet aux Juifs cette terre, et cette terre est donnée.

Pour nous, chrétiens, c’est un peu différent, parce que le Christ ne nous a pas fait promesse d’une terre. Cela reste une promesse de l’Ancien Testament, cette terre ; la promesse du Nouveau Testament est bien au-delà. Elle dépasse cette terre terrestre ; la promesse que Dieu nous fait est celle d’un Salut, d’une vie éternelle, qui commence aujourd’hui, et qui ne finira pas. Et puisque Dieu tient ses promesses dans l’Ancien Testament avec les Juifs, soyons sûrs qu’Il tient Ses promesses aujourd’hui pour nous. « Réjouissez-vous, exultez en elle, vous tous qui l’aimez, avec elle soyez plein d’allégresse, vous qui la pleuriez », aujourd’hui, Dieu vient au milieu de nous, et Il veut nous donner Sa joie. Et nous avons bien besoin de ce Salut. Je pense que nous sommes d’accord pour dire que notre monde, nos vies également, tout n’est pas très folichon. Il y a eu une ambiance générale pas drôle, on parle de guerre en Europe, cela faisait longtemps que ça n’était pas arrivé, on parle de guerre en Terre Sainte, justement cette Terre Sainte où Dieu a concentré Ses promesses ; on est en guerre, et comme nous l’avons entendu lors de la dernière conférence de Carême, mercredi dernier, il semble qu’il n’y ait pas vraiment de solution, en vérité. En tout cas, à vue humaine, il n’y a pas de solution.

Alors confions cela au Seigneur : nous avons besoin d’un Salut. Et puis, l’ambiance générale n’est pas folichonne, donc, on a besoin d’un Salut. Dans nos vies mêmes, on a une attirance vers la facilité et le confort, et on se rend bien compte que ce n’est pas pour cela que nous sommes faits. Nous avons besoin d’un Salut. Il arrive même que nous soyons complices du Mal, et même partie prenante du Mal, avec plus ou moins de volonté pour cela, mais quand même… Nous avons besoin d‘un Salut. Le péché envahit notre cœur, et la tristesse risque de nous dominer.

Petit conseil que je vous donne, à faire aujourd’hui ou demain : relisez la Deuxième Lecture. C’est une merveille ! Le Salut ne vient pas des actes, personne ne peut en tirer orgueil. Le Salut n’est pas grâce à nous, ce n’est pas le nombre de cases que nous aurons cochées. Non, le Salut c’est un don de Dieu, c’est un cadeau gratuit, cette grâce qui nous sauve par le moyen de la foi. Le Salut est un cadeau gratuit de Dieu. Et nous pouvons y entrer dès aujourd’hui, et c’est là tout le point : c’est la rencontre entre la liberté de Dieu et ma liberté. Dieu veut faire alliance avec moi, mais, d’une certaine manière, Il a déjà truqué les cartes car, d’une certaine manière, Il veut habiter en moi pour m’aider à Le choisir, Lui. Et donc, tout le combat pour nous, c’est de Le laisser entrer. Est-ce que vous voulez laisser entrer Dieu dans vos vies ?

Les enfants ? Il y en a trois parmi nous qui sont entrés en catéchuménat ; ils ont dit oui quand je les ai appelés. Ils ont choisi de laisser entrer Dieu dans leurs vies. C’est exigeant, car Dieu veut être un ami, et non une simple relation, pas quelqu’un de loin, Il veut être un ami, autrement dit, quelqu’un que l’on rencontre, à qui on parle, quelqu’un sur qui l’on s’appuie. Il y en a parmi nous qui préparent la première des communions, car il n’y en aura pas qu’une… En faisant le choix de vivre la première communion, vous faites un choix, celui de laisser entrer Dieu dans vos vies. Et, là encore, ce n’est pas juste en passant, ce n’est pas un diplôme ou un badge, c‘est une relation d‘amitié, une relation d’amour ; Jésus vous veut comme ami : est-ce que vous voulez être son ami ? Et lorsqu’on décide d’être ami, est-ce que l’on dit à la personne, ‘je te verrai dans trois mois, mais d’ici là…’ Non, on est d’accord. C’est Dieu qui nous a faits, Il nous a créés dans le Christ Jésus en vue de la réalisation d’œuvres bonnes. C’est Lui qui nous a créés, et Il nous veut heureux, et Il a tout donné pour cela.

Et c’est, en conclusion, l’Évangile. Cette rencontre entre Nicodème, un Pharisien très riche, extrêmement puissant : il fait partie du Sanhédrin, c’est-à-dire de la grande cour pénale du peuple juif. C’est quelqu’un d’important, et il est touché par la parole de Jésus ; il vient Le voir de nuit car il se méfie du « qu’en dira-t-on ». Est-ce qu’il a raison ? Pas sûr… Mais il vient voir Jésus et il L’interroge : Jésus lui dit : ‘oui, tu as raison de venir m’écouter, tu as raison de vouloir devenir ami avec moi, parce que Dieu le Père t’aime, toi personnellement, tu es aimé, et Il veut te sauver’. Il a envoyé Son Fils, Jésus pour nous sauver. Comment ? Pas en faisant le Superman, pas en nous empêchant d’avoir des problèmes, non, en étant élevé sur la Croix. Et quand nous regardons la Croix, nous voyons le pire dont est capable l’homme. Et en regardant la Croix, nous voyons à quel point Dieu veut nous aimer.

Regardons souvent la Croix, constatons que Jésus est venu vivre la souffrance et la mort avec nous, Il est venu les vivre avec nous pour que nous puissions les vivre avec Lui. « Réjouissez-vous, exultez, vous tous qui l’aimez, soyez pleins d‘allégresse, vous serez nourris de ses consolations ». Aujourd’hui, le Christ nous donne Son amour et Sa grâce, réjouissons-nous !