5e dimanche du Carême, B.
Jr 31, 31-34 ; ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33
Ce texte est la retranscription d’une prédication orale, elle reste donc en style “parlé”.
Si vous voulez apprendre une référence biblique par cœur, c’est Jérémie 31, 31. Ce n’est pas trop compliqué… « Voici venir des jours où je conclurai avec vous une alliance nouvelle. » Voilà une grande promesse de Dieu. Le prophète Jérémie s’exprime dans les années 600 avant Jésus-Christ, et cela nous dévoile deux choses : d’abord que la relation entre Dieu et l’homme est forcément une relation d’alliance – et cela s’est manifesté dès le jardin des origines : Dieu crée l’homme à Son image, autrement dit capable d’aimer – et ensuite qu’Il veut établir une relation avec nous, un face à face, un vis-à-vis. Mais, vous le savez, cela ne se passe pas très bien, car Dieu nous a fait cadeau de la liberté pour que cela soit un véritable acte d’amour… mais nous avons choisi de nous tourner vers notre propre nombril plutôt que nous tourner vers Dieu.
Nous sommes entrés, dès les premiers instants, dans l’idolâtrie. Avoir une idole, c’est placer quelque chose d’autre à la place de Dieu. La chose que l’on préfère placer à la place de Dieu, c’est nous-mêmes. C’est précisément ce qui s’est passé dans le Jardin des origines, et l’on entend encore le cri de Dieu : « Où es-tu ? »
Et ce cri, qui a commencé au Jardin des origines, est encore vrai aujourd’hui… Si nous tendons l’oreille de notre cœur, Dieu nous appelle toujours : « Où es-tu ? » ‘Je t’aime, je veux faire alliance avec toi’. Toute l’histoire biblique est une histoire d’alliance. Le mot « testament » signifie « alliance », donc il y a l’alliance avec Noé, celle avec Abraham, et spécifiquement celle avec Moïse, avec cette loi qui nous est donnée, une loi de vie, plutôt difficile à mettre en œuvre. Or la caractéristique de l’homme face au projet de Dieu, c’est l’infidélité : on n’y arrive pas ! Et voilà que le prophète Jérémie nous annonce la volonté de Dieu : « Voici des jours où je conclurai avec la maison de David une alliance nouvelle avec vous. » Nous le savons, l’accomplissement de cette promesse c’est Jésus : Il est l’Alliance elle-même. Autrement dit, c’est une alliance vivante, ce n’est pas un texte de loi ; Jésus est l’alliance qui était annoncée par le prophète Jérémie. Pourquoi ? Parce que Jésus a une particularité : c’est qu’Il est pleinement homme, et donc absolument lié à nous, il est membre de notre famille, et Il est en même temps le Fils de Dieu. Son union avec le Père est donc parfaite. Il est celui qui est capable de répondre parfaitement « oui » à l’appel du Père, celui qui est capable de répondre « me voici » de façon absolue à l’appel du Père.
Il y a donc un homme qui répond de manière parfaite au projet de Dieu, et cet homme, c’est Jésus. C’est ce que disait la deuxième Lecture : Lui fut exaucé et, bien qu’Il soit le Fils – en tant que Fils de Dieu, normalement Il ne devait pas souffrir, mais Il est devenu Fils d’homme – puisqu’il est devenu Fils d’homme, Il a souffert. Et puisqu’en Jésus s’unissent la réalité divine et la réalité humaine, tous ceux qui veulent être unis au Christ sont sauvés par Lui. Il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du Salut éternel. Ici il faut entendre le mot « obéissance » au plus beau sens du terme : « celui qui écoute, qui reçoit la Parole, qui se laisse transformer par elle ». Soyons des obéissants du Christ, des disciples. Tous ces mots veulent dire la même chose. Les oreilles ouvertes, le cœur ouvert pour se laisser connecter au Père. Le projet de Dieu pour nous, c’est que Son alliance se déploie. C’est donc Jésus qui accomplit tout le travail, il ne manque qu’une seule chose, c’est notre « oui ». Pas besoin d’un grand oui, Il a besoin de notre petit oui.
Et là, dans quelques instants, nous allons vivre la messe. Que se passe-t-il ? Jésus nous dit « Ceci est Mon Corps donné pour toi, Mon Sang versé pour toi ». Cette parole-là, il s’agit que nous l’accueillions et que nous la prenions aussi à notre compte ; parce qu’aimer, c’est cela, donner notre vie pour Dieu, donner notre vie pour les autres, ceux qui sont autour de nous. Et alors au moment où nous communierons, nous entendrons la Parole : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Évidemment, c’est bien de la même alliance dont nous parlons : par Jésus, avec Jésus, en Jésus. Nous sommes connectés, nous sommes un seul peuple, nous sommes une communauté, et nous sommes présentés par Jésus au Père pour qu’Il soit glorifié. Et cette gloire, ce n’est pas quelque chose qu’on ajouterait à Dieu : parce que la gloire de Dieu, c’est le poids de Sa présence, ce n’est pas le superficiel que l’on utilise quand on parle de la gloire d’un homme politique ou d’une star, non, lorsqu’on parle de la gloire de Dieu, c’est le poids de Sa présence, et cela ne dépend pas de nous. En revanche, la manifestation de cette Gloire, nous y pouvons quelque chose. « Par Lui avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père tout puissant dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ».
Qu’est-ce que c’est que cette gloire de Dieu ? C’est, lorsque nous vivons l’alliance, que nous acceptions de nous laisser aimer, et que nous aimions, comme le Christ nous l’a enseigné.