La joie du Pardon

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Pour comprendre le mystère d’amour de Dieu, reprenons le psaume 31. C’est un chant d’action de grâces, remerciant le Seigneur :

«  1Heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis, 2heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude.
    3Je me taisais et mes forces s’épuisaient à gémir tout le jour : 4ta main, le jour et la nuit, pesait sur moi ; ma vigueur se desséchait comme l’herbe en été.
5Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts, j’ai dit : je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
11Que le Seigneur soit votre joie, exultez, hommes justes, hommes droits, chantez votre allégresse
. »

Cette action de grâce dévoile la merveilleuse coopération entre Dieu et l’homme pour le pardon du péché : Dieu veut pardonner, il faut que l’homme veuille être pardonné !

Vous savez ce qu’est le péché : c’est ‘un manque à l’Amour’, une faute qui nous pourrit la vie, blesse notre relation d’amour avec Dieu, blesse notre relation avec les autres, blesse notre relation avec nous-mêmes. Le psaume nous montre le passage du « remord » (qui tait notre péché, et nous écrase ) à l’aveu devant Dieu (et Dieu nous libère). On pourrait penser que ce psaume ne concerne que les ‘grands péchés’… en réalité, même si on en a pas toujours conscience, chaque péché blesse.

Les anciens pensaient qu’il y avait un lien immédiat entre le péché et la maladie, comme le manifeste la réaction des apôtres face à l’aveugle de naissance : « qui a péché, lui ou ses parents ? ». Jésus vient corriger cette perception  : ce n’est pas parce que je suis malade que je suis pécheur, ce n’est pas parce que je suis pécheur que je suis malade.
Toutefois, il y a une forme de ressemblance entre le péché et la maladie, une « analogie » possible, car ce que la maladie fait sur mon corps – elle me fait souffrir, elle m’abîme, elle me défigure, elle m’isole – reflète assez exactement ce que le péché fait sur mon âme : le péché m’isole, me défigure, m’abime, me fait souffrir et fait souffrir les autres.

La différence essentielle est que je suis toujours responsable de mon péché, alors que je ne suis habituellement pas responsable de ma maladie…

Jésus, en guérissant le lépreux [Mc 1, 40-45], montre qu’Il est capable de guérir les péchés.

Qu’a fait ce lépreux ? Il s’est présenté dans sa honte, car être lépreux n’est pas une maladie dont on est fier. De plus, la loi de Moïse veillait au respect du ’confinement’… Et pourtant, ce lépreux n’a pas hésité, il s’est approché de Jésus et lui a dit « Jésus, si tu le veux, tu peux me purifier » ; ‘J’étais malade, ça pesait sur moi, je n’osais pas sortir de ma honte, et puis je suis allé vers Dieu et je lui ai fait connaître ma maladie, j’ai dévoilé ma blessure’. C’est exactement ce qu’exprime le psaume 31 : ‘J’étais pécheur, j’avais fait le mal, ça pesait sur moi, je n’osais pas sortir de ma honte, et puis je suis allé vers Dieu et je lui ai fait connaître ma faute. J’ai dévoilé ma blessure, ce qui était moche en moi’.

Parfois, on a des blessures ou des plaies mal placées, et on n’a pas bien envie de les montrer au médecin, car vraiment, ce n’est pas très bien placé. Jusqu’au jour où c’est vraiment insupportable, et l’on a un compagnon qui nous dit : ‘allez va voir le docteur !’ Et quelle libération ! Parce que le docteur nous dit : ‘mettez cette petite pommade et cela ira mieux’. Et cela va tellement mieux ! Eh bien, dans l’ordre du péché, c’est la même chose : il y a bien des fautes dont nous avons honte et qu’on ne peut dévoiler, et pourtant elles pèsent sur nous, elles nous écrasent ; eh bien approchons-nous du Christ et disons Lui notre blessure, notre péché, et Jésus nous libère dans un grand pardon, et nous allons tellement mieux après cela !

Il y a un sacrement spécial de la guérison du cœur, c’est le sacrement de la réconciliation, du pardon, de la confession. Se confesser, ce n’est pas seulement dire tout ce qu’il y a de moche dans notre vie – on va bien le faire, car il faut montrer au docteur ce qui doit être soigné – mais c’est aussi dire à Dieu : ‘merveille des merveilles, car Tu me pardonnes et Tu me guéris’. C’est l’occasion de rendre grâce au Seigneur. « J’ai dit : je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. »

En fait, je donne à Dieu l’occasion de faire ce qu’Il veut faire pour nous. Quelle joie pour Jésus, quelle joie pour Dieu lorsqu’Il nous guérit, lorsqu’Il nous pardonne. Quelle joie pour moi, prêtre, lorsqu’au nom de Dieu, je peux dire sur vous : « Je te pardonne tous tes péchés. »