Homélie de la nuit de Noël, Dimanche 24 décembre 2023
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale ; Les titres sont ajoutés après transcription.
(en dialogue avec les enfants)
La première question c’est : « qu’est-ce que l’on fête aujourd’hui ? » – Noël ! Très bien. Et quelle est la chose importante à Noël ? Jésus ! (à un enfant au premier rang) Tu avais une autre proposition ? C’est la naissance de Jésus. Oui, très bien. Ils sont presque trop bien élevés ces enfants…Est-ce qu’il y a autre chose d’important à Noël ? (Un enfant crie…) Les cadeaux ! (rires) Et pourquoi fait-on des cadeaux à Noël ? Pour faire plaisir ! ça, c’est une très bonne réponse ! Pourquoi ce jour-là ? Parce que c’est la naissance d’un roi… Alors les rois mages, c’est plutôt dans une quinzaine de jours… Alors…
I – Jésus le cadeau par excellence
En fait, aujourd’hui, c’est l’invention du cadeau. En fait, Jésus est le cadeau de Dieu le père, pour nous. En fait, Dieu le père veut nous faire un cadeau et le plus beau cadeau qu’il peut nous faire, c’est Jésus. Et pourquoi nous fait-il ce si beau cadeau ? Parce qu’Il nous aime ! Ils ont bien fait du caté, c’est parfait ! (Aux adultes). J’espère que vous aviez les réponses aussi… mais c’est cela, le cœur. Si nous fêtons Noël aujourd’hui, c’est parce que nous savons que « Dieu est Amour ». Cette parole-là, vieux chrétiens habitués, nous l’avons déjà entendue mille fois… mais c’est extrêmement original. Il n’y a pas une autre religion dans le monde qui dit cela. Car pour pouvoir dire que ‘Dieu est Amour’, cela implique que Dieu aime, et pour aimer, il faut être quelqu’un. Il y a pleins de religions dans le monde où la divinité est une force, positive, certainement, mais ce n’est qu’une force… Et puis dire Dieu est Amour, cela signifie qu’il n’y a pas u seul moment où il n’aime pas. On le sait parce que Jésus nous l’a dit. On sait que de toute éternité, même quand Dieu était seul, déjà, Il aimait. Parce que le père aime le fils, le fils aime le père, l’Esprit saint est aimé du père et du fils. Et on nous parle de la sainte trinité. Et on se dit souvent que les chrétiens se compliquent la vie avec leur histoire de « un seul Dieu et trois personnes ». Et en fait, cela est la condition pour pouvoir dire : « Dieu est Amour ». Et quand je dis que Dieu est Amour, cela a une conséquence immédiate, concrète pour moi et pour vous : quand je dis que Dieu est Amour, cela signifie quoi ? cela veut dire que Dieu t’aime, toi ! Cela veut dire que Dieu aime chacun de nous. Chacun de nous est une perle précieuse pour Dieu. Et puisque Dieu est Amour, c’est sans condition. Et donc du coup, Dieu aime qui ? Nous. Ils aiment les gentils ? Oui. Il aime les méchants ? Oui. Il aime les méchants aussi. Il aime les chrétiens et il aime les non-chrétiens. Nous sommes tous ‘perle précieuse’. C’est lui, Dieu, qui a choisi de nous aimer et de fait, cela ne dépend pas de nous. Même si nous, on s’éloigne de Dieu, même si on ne fait pas attention à Dieu, Lui, Il continue à nous aimer. Il est encore plus fort que tous les pères du monde. Il est encore plus fort que toutes les mères du monde. Même si je ne doute pas de l’amour inconditionnel des mamans et des papas, mais Dieu, c’est encore plus fort. Il aime, il nous aime. Et même moi, il m’aime : et pourtant… Dieu est Amour. Il m’aime. Et il m’a créé pour m’aimer.
II – Aimer c’est exigeant
Si l’on revient à la première page de la Bible, du côté du livre de la genèse, il y a une parole qui dit : « Dieu a créé l’homme à son image ». A son image, il l’a créé… quand on a dit cela… alors que l’on vient de dire que Dieu est Amour, cela signifie que je suis fait pour aimer. Cela veut dire que nous sommes tous, chacun, fait pour aimer. Nous nous réalisons, nous nous accomplissons, quand nous aimons. Ce n’est pas juste « boum, boum dans mon cœur, qu’est-ce que je suis bien avec toi. » Ce n’est pas cela aimer. Aimer, c’est… c’est quoi aimer ? C’est quoi aimer ? Aimer c’est travailler. C’est du travail d’aimer. Aimer c’est travailler à donner de la joie et du bonheur à ceux qui nous entourent. Parmi vous, il y a un certain nombre de papas et de mamans, et ils aiment leurs enfants. Oui ? … Vous n’avez pas l’air très sûrs de vous ! Vous aimez vos enfants ? (Oui !) Vous aimez vos enfants. Du coup, vous voulez leur joie et leur bonheur. Et cela n’est pas toujours évident. Je ne vous le fais pas découvrir. Il y a des moments ou l’on aurait presque envie de les jeter par la fenêtre, – et on ne le fait pas -, de les abandonner dans la forêt… Et non, on ne le fait pas. Parce que l’on veut leur joie. On veut leur bonheur. Et a priori, les deux propositions précédentes n’étaient pas pour leur joie et leur bonheur. Nous sommes faits pour aimer, et nous nous accomplissons quand nous aimons, quand nous nous dépensons, quand nous nous fatiguons pour la joie et le bonheur de ceux qui sont autour de nous. Nous sommes faits pour cela. Il y en a un certain nombre d’entre vous qui sont mariés ici. Vous vous rappelez ? « Je te reçois comme époux et je me donne à toi dans le bonheur, dans les épreuves, dans la santé, dans la maladie… pour t’aimer tous les jours de ma vie » Nous sommes faits pour cet amour-là. Ah… il est exigeant. Et d’ailleurs, si l’on s’appuie sur notre propre force, on n’arrive pas à aimer vraiment. On est obligé d’attendre un cadeau de Dieu. Et le cadeau de Dieu c’est qui ? C’est Jésus. C’est Jésus qui vient. Il nous apporte le salut, pourquoi ? Parce que Lui, Fils de Dieu, vient habiter notre monde. Lui, Fils de Dieu, vient nous apporter tout ce qu’est Dieu. Lui, Fils de Dieu, Il vient nous donner l’Amour même. Il vient pour être une parole. Il nous révèle, Il nous dévoile qui est le père, à quel point Il nous aime. Il est un exemple. De fait, nous pouvons le suivre pas à pas. Et surtout, il se donne. Il donne sa vie pour que nous puissions vivre comme lui. Aimer comme lui, ce n’est pas possible avec nos forces humaines. Mais aimer comme lui, Dieu, avec son cadeau de Jésus, oui, cela devient possible. Cela ne devient pas facile pour autant… mais possible.
III –Se donner soi-même, pour l’accomplissement de la promesse de Dieu
Alors aujourd’hui, nous fêtons ce grand cadeau. Jésus nous est donné en cadeau. Nous le recevons et c’est pour notre joie. Et si nous voulons accomplir notre joie, il s’agit que nous aussi, nous aimions, que nous aussi, nous nous donnions. Que nous fassions des cadeaux… Vous savez le plus beau cadeau que vous pouvez faire ? C’est un cadeau que l’on peut faire à Dieu, que vous pouvez faire à vos parents, que vous ferez peut-être un jour à votre femme ou à votre mari… C’est un cadeau que vous ferez ou que vous faîtes à vos enfants… Ce cadeau-là, c’est vous, tout simplement. Parce que vous êtes la perle merveilleuse de Dieu. Et que se donner en cadeau aux autres, c’est notre accomplissement. Alors c’est tout une vie de travail pour ça… Mais c’est ce pour quoi nous sommes faits. Et alors, quand on met Dieu dans sa vie comme cela, que l’on accueille le cadeau de Dieu dans notre vie, – alors pour l’accueillir, il faut prendre un peu le temps de la prière, prendre un peu le temps de la lecture de la parole de Dieu, prendre un peu le temps de venir à la messe le dimanche… Vire les sacrements quoi… recevoir le sacrement de réconciliation pour être libéré de nos péchés -, alors les choses se mettent dans l’ordre et alors s’accomplit la promesse de Dieu : celle qu’Il fait à la toute fin de cet évangile. Est-ce que vous avez entendu ce que les anges disent aux bergers ? Un ange seul commence : « Voici que je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, est né un sauveur, qui est le Christ, le sauveur ». Donc Jésus est né ! Et ensuite, il nous donne un signe. Je ne sais pas pour vous, mais quand j’attends un signe, je pense plutôt aux tremblements de terre, des éclairs, une lumière éblouissante… et là, non… un bébé ! Un petit bébé dans une mangeoire. Toujours est-il que l’ange, juste après, nous fait une promesse, et on l’a chanté tout à l’heure, juste avant les lectures : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » ; qu’est-ce que cela signifie ? « Gloire à Dieu », c’est cet amour-là que nous sommes invités à donner à Dieu. Rendre gloire à Dieu, c’est l’aimer lui et aimer nos frères. Quand nous rendons gloire à Dieu, alors la paix nous est donnée sur la terre. Finalement, aujourd’hui, comme hier et comme avant-hier, on constate que notre monde ne va pas très bien. On peut peut-être même penser qu’il va un peu moins bien qu’avant. En réalité, il ne va jamais très bien. Parce que le problème, ce n’est pas seulement de s’entendre. Le problème, c’est de mettre les choses dans l’ordre : la première chose qu’il faut placer dans nos vies, c’est l’Amour de Dieu. Amour que nous sommes invités à recevoir, pour qu’il puisse déborder de nous. Oui, ‘gloire à Dieu au plus haut des cieux’, et alors, ‘paix sur la terre aux hommes qu’Il aime’. Ne soyons pas naïfs, ce qui manque le plus en terre sainte ou en Ukraine, ou au Yémen ou au Soudan ou je ne sais… C’est l’Amour de Dieu. Parfois, on mettra Dieu en étendard, mais Lui, Dieu, n’est pas là. Alors, nous, dans nos vies, si nous commencions par placer Dieu, que nous accueillions son Amour, que nous recevions son cadeau, que nous sachions le remercier pour tous les cadeaux qu’Il fait, alors oui, si nous rendons gloire à Dieu, nous trouverons le moyen d’avoir la paix, la vraie paix, celle de Dieu.
Dans quelques instants, nous allons célébrer l’eucharistie. Et l’eucharistie, c’est le meilleur moyen de mettre Dieu à la bonne place : la première ! C’est l’action de grâce, le remerciement, c’est la meilleure façon de rendre gloire à Dieu car c’est Jésus qui accomplit cette action de grâce pour nous. Alors unissons notre cœur, unissons nos intelligences, unissons notre volonté et ensemble, aimons Dieu et aimons-nous les uns les autres.