Messe du Jour de Noël 2023
Depuis des temps immémoriaux, depuis des temps très anciens, l’Église nous propose de célébrer trois messes le jour de Noël, ce qui est un indice sur l’importance de cette fête. Lors de la messe de la nuit, et de la messe de l’aurore, les lectures qui nous sont données viennent de l’Évangile selon saint Luc. C’est le récit de la naissance ; de ce petit d’homme. C’est le récit de cette annonce des anges aux bergers et c’est le récit de la visite des bergers à la crèche. Qu’ont-ils vu ces bergers ? Un papa, une maman, et un petit bébé. Est-ce que c’est très impressionnant ? En plus, ce papa et cette maman ne sont quand même pas très riches. Il a fallu qu’elle accouche là où elle pouvait… pas dans la salle commune. Mais en arrière, et on a déposé le bébé dans une mangeoire. Qu’est-ce qu’ils ont vu ? Ils ont vu un petit d’homme qui pleure quand il a faim, qui fait dans sa couche et qui dort. A peu près comme tous les bébés… Et le projet des évangélistes, donc saint Luc, mais aussi saint Marc et saint Matthieu, c’est de nous faire avancer dans le même sens que les disciples. Les disciples ont d’abord vu un homme, Jésus. Et cet homme-là, il a bien parlé. Alors ils ont eu envie de le suivre. Dès qu’ils ont commencé à la suivre, ils ont compris que cet homme-là, il était capable de faire des signes et des miracles. Des miracles de plus en plus forts, de plus en plus grands. Et ils vont recevoir cette révélation : ce Jésus est fils de Dieu. Ce Jésus qui va mourir et qui va ressusciter.
I – Dieu vient à nous
Aujourd’hui, l’évangile, c’est saint Jean. Et saint Jean, lui, il écrit après les autres. Donc il pense que l’histoire de Jésus est connue de tout le monde. Alors il veut nous montrer quelque chose d’un peu différent, et le début de son Évangile se passe du côté de Dieu. « Au commencement était le Verbe ». Le verbe, c’est la parole qui donne sens. C’est la parole sans laquelle plus rien n’a de sens. « Au commencement était le Verbe ». Autrement dit, le Verbe existe depuis toujours. Il n’y a pas un moment où le Verbe n’est pas. Et le Verbe est en Dieu. Et ce Verbe est venu habiter parmi nous. « Le Verbe s’est fait chair. Il a habité parmi nous ». C’est la phrase clé ; on est au tout début. C’est le verset 14 de l’Évangile selon saint Jean. Dieu tout entier. Immense, qui dépasse toutes nos capacités, toute notre intelligence, qui est tellement au-delà de nous… Dieu vient se faire petit enfant. Et Il est un bébé, qui pleure, qui dort, qui mange. C’est ce que nous contemplons aujourd’hui : Dieu qui vient habiter au milieu de nous.
Alors pourquoi ? Pourquoi Dieu prend-il soin ? A-t-il souci de venir habiter au milieu de nous. Il n’a pas choisi d’habiter parmi les fourmis. Il n’a pas choisi d’habiter parmi les dauphins. Il a choisi d’habiter parmi les hommes. Et d’être un homme, comme nous ! En fait, quand Dieu descend à nous, c’est pour nous élever jusqu’à Lui. Entendez bien : Il descend ! Et cela lui permet de se mettre à notre égal… en descendant ! Et il nous appelle à être ses amis, parce que l’on ne peut être amis qu’avec ceux que l’on considère comme ses égaux. « Je ne vous appelle pas serviteurs. Je vous appelle mes amis ». C’est Jésus qui le dit. Et Il nous appelle tous à répondre à son amitié, car c’est lui le premier qui a commencé à nous aimer. Il nous aime. Sans conditions d’ailleurs. Même si l’on n’était pas d’accord, il nous aime quand même. Même si on l’ignore, Il nous aime. Même si l’on fait n’importe quoi, il nous aime.
II – Notre réponse ?
Et Il nous tend la main, Il s’approche de nous : en Jésus, veux-tu être mon ami ? Et nous sommes invités à lui répondre, évidemment. Et si nous lui répondons oui, ce que l’on peut souhaiter à chacun de nous, de répondre oui à Dieu : « Oui je veux être ton ami ». Alors Il nous entraîne dans un mouvement… Il nous élève jusqu’à Lui. Il fait de nous des hommes comme lui. Il veut nous faire participer, – c’était la prière d’ouverture -, à sa nature divine. Il veut nous mettre en contact avec Dieu tout puissant qui est pur amour. Il veut que nous vivions dans l’Amour. Et cela, ça commence dès aujourd’hui. Ce n’est pas ; un jour, quand on sera mort, on sera dans l’amour. Non dès aujourd’hui, nous sommes équipés pour recevoir l’amour de Dieu dans nos vies et pour en déborder. Vers Dieu, bien évidemment, mais aussi vers nos frères. C’est saint Jean qui dit encore : « Celui qui dit : j’aime Dieu, et qui n’aime pas son frère, est un menteur ». Celui qui dirait : « j’aime mon frère, et je n’aime pas Dieu », eh bien, il se leurre lui-même. Il se trompe. C’est lié. Aimer Dieu et son prochain, c’est tout un. Cela va ensemble. Jésus, fils de Dieu, habite parmi nous, pour faire de nous, avec lui, des fils et des filles de Dieu. Alors accueillons cette bonne nouvelle et laissons-là nous changer le cœur. Et si nous changeons le cœur, cela changera nos vies. Et posons des actes d’amour du quotidien, en étant bien conscients que c’est grâce à Dieu que nous pouvons les poser. Et chaque fois que nous aurons réussi à aimer, un peu plus, un peu mieux, eh bien pensons à rendre grâce, à rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. Nous avons tout reçu de Dieu : la vie même, et notre salut. Et l’Amour.
Alors, rendons grâce et crions de joie. Et cette action de grâce, ce remerciement, ce cri de joie… sera un témoignage. Vous l’avez entendu le prophète Isaïe dans la première lecture : « comme ils sont beaux sur les montagnes les pas du messager. Celui qui annonce la paix et qui porte la Bonne nouvelle… Qui annonce le Salut »… Ce messager, c’est Jésus en premier lieu, évidemment, mais c’est aussi chacun de nous. C’est notre mission. Nous sommes chargés d’annoncer la Bonne nouvelle. Et si nous le faisons en vérité, c’est-à-dire en le vivant nous-mêmes, eh bien la paix sera donnée. Il s’agira juste, – c’est du travail, quand même ! -, il s’agira juste de l’accueillir. Alors aujourd’hui, en cette fête de Noël, accueillons le grand cadeau que Dieu nous fait : Il est venu habiter au milieu de nous pour que nous puissions habiter avec lui. Il est venu se faire homme, pour être l’Homme parfait et pour que nous puissions être dans une relation intime avec Dieu.