1S 3, 3-10.19 ; ps 39 ; 1Co 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42
Il y a des dimanches où l’on regrette de ne pas être un pasteur protestant, parce que les pasteurs protestants prêchent 40 minutes… Alors, non, je ne suis pas pasteur, ni protestant, et du coup je ne vous prêcherai pas 40 minutes !
I – venez, et vous verrez
Nous sommes au tout début de l’évangile selon saint Jean. Et voici que Jean, celui que l’on appelle le Baptiste, celui qui appelle à la conversion, celui qui a dit « Viendra derrière moi quelqu’un qui est plus grand que moi. », voici que cet homme, ce prophète, voit Jésus passer : il le désigne à deux de ses disciples et leur dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Lorsque l’on parle de l’Agneau de Dieu dans la Bible, on parle bien du Messie, de celui qu’on attend, Celui qui s’est présenté à nous dans la Bible, et en particulier dans le livre d’Isaïe, comme un serviteur souffrant. Celui qui est comme une brebis qui va être conduite à l’abattoir. Alors évidemment, pour André et l’autre disciple qui n’est pas nommé, ils n’avaient pas perçu tout cela. Et, d’ailleurs, on leur aurait demandé ‘comment cela va-t-il se faire ?’ Ils auraient été bien incapables de répondre. Mais, en entendant Jean dire « Voici l’Agneau de Dieu », ils se lèvent et vont à la rencontre de Jésus : « Où demeures-tu ? ». C’est un dialogue qui s’ouvre, et une réponse de Jésus : « Venez ».
Si nous voulons connaître Jésus, ce qui est arrivé à André et à l’autre disciple, c’est ce qui nous arrive et ce qui nous est arrivé : « Venez et vous verrez. » Nous n’avons aucune chance de rencontrer Jésus et de faire connaissance avec Lui, de tisser un lien avec Lui, si nous restons à distance. « Venez », « venez », faites un pas de plus et prenez le temps de faire connaissance avec Jésus, « vous verrez ». Et les disciples viennent, les disciples voient et restent avec Lui. Il ne s’agit pas de dire ‘ok tu habites là’ et de s’en aller ; il s’agit aussi de rester avec Lui. Et j’aime beaucoup cette petite mention qui vient un peu comme un cheveu sur la soupe, « C’était vers la dixième heure, environ quatre heures de l’après-midi ». Cet évangile selon saint Jean, c’est le dernier évangile écrit. On est peut-être dans les années 80-95, cela veut dire que ça fait plus de soixante ans que Jésus est mort et ressuscité, cela plus de 60 ans que le témoin qu’est Jean, qui est certainement le disciple non nommé, plus de 60 ans qu’il se souvient qu’il était 4h de l’après-midi. Cette rencontre avec Jésus l’a marqué, cela a changé sa vie.
II – Qui sont les « André »
Et ce changement de vie commence assez vite, parce qu’André, c’est aussi le frère de Simon ; et il s’en va annoncer à son frère : « nous avons trouvé le Messie que nous attendions ». Pierre, donc, va être conduit à Jésus par André. On appelle André le premier apôtre, parce qu’il est le premier dans l’ordre chronologique, il est le premier appelé, il est le premier qui a répondu. Et il est celui qui a conduit son frère à Jésus. Cela a changé sa vie, il l’a amené à Jésus, et Pierre – qui ne s’appelait pas Pierre mais Simon – a vu sa vie changée. Il a trouvé un nouveau nom, Pierre. Et on saura plus tard, au chapitre 16 selon saint Matthieu pourquoi ‘Pierre’ : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Dans nos vies à nous, nous pouvons chercher, réfléchir, et nous demander : qui a été notre André à nous ? Qui a été l’André de nos vies ? Qui a amené Jésus dans nos vies ? Pour beaucoup, ce sont nos parents qui nous ont emmenés jusqu’au baptême, mais pas seulement. Il y a un moment où ce Jésus, qui était un concept, quelqu’un d’un peu théorique, il y a un moment où ce Jésus est devenu quelqu’un. Et bien souvent, ce quelqu’un, ce Jésus, nous l’avons rencontré grâce à qui ? Rappelons-nous qui sont nos André ? Faisons mémoire d’eux, remercions-en le Seigneur, et, pourquoi, pas remercions-les. Ils nous ont emmenés vers Jésus, et grâce à eux nous L’avons connu. Nous avons pu demeurer avec le Christ.
III – Prendre le temps de l’écoute
Un tout petit mot sur la rencontre. Vous l’avez compris, ce dimanche on pourrait l’appeler le dimanche de l’appel, le dimanche de la rencontre… La rencontre dans l’Ancien Testament entre Samuel et Dieu. Et Samuel avait lui-aussi son André : dans son cas à lui, c’était le vieux prêtre Élie. « – Samuel, Samuel ! – Qui m’appelle ? Est-ce toi, Élie ? Non ce n’est pas moi, retourne te coucher ». « La prochaine fois que l’on t’appelle, dis : Parle Seigneur, ton serviteur écoute ».
Voilà la recommandation que je vous fais pour cette semaine, que je me fais à moi aussi : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Mettons-nous en position de réception, d’ouverture, d’accueil, écoutons ce que Dieu veut dire, écoutons ce que le Christ veut nous dire. En réalité il y a des choses que nous savons déjà : Il nous dit à chacun, depuis le jour de notre baptême, Il vous dit, Il me dit : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi, Je trouve ma joie. », Mais Il ne nous dit pas que ça, mais bien d’autres choses. Certaines sont communes à nous tous, mais que nous avons besoin de nous les entendre dire, et puis il y en a certaines qui sont tout à fait personnelles.
Pourquoi je vous invite à reprendre ces mots ? « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Car, bien souvent, nous prenons ces mêmes mots, mais pas dans le même ordre : « Écoute, Seigneur, ton serviteur parle. » Nous avons un peu tendance à tenir le crachoir avec le Bon Dieu, nous lui disons plein de choses, nous voyons bien mieux que Lui ce qui serait bon pour nous. Eh bien, nous sommes invités à une petite conversion : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Je me mets en position de réception, j’ouvre mon cœur, j’ouvre mon intelligence ; et pour cela, il n’y a pas de mystère, de secret : si nous voulons écouter le Seigneur, il faut nous donner un peu de temps pour L’écouter. Si je ne m’arrête pas dans ma semaine, dans ma journée pour prendre 5 minutes, 10 minutes ou même un quart d’heure, juste pour rester là devant Lui et L’écouter, je ne peux pas m’étonner de ne pas L’entendre…
C’est un petit exercice que je vous propose. Une semaine, première semaine du temps ordinaire, c’est la semaine où ça pousse, où les choses vont grandir. Plantons une graine. Cette graine, c’est que chaque jour nous prenions un temps, que chacun définit personnellement : cela peut être 5 minutes, 10 minutes, un quart d’heure, peut-être que certains se sentirons appelés à prendre une heure, [si vous êtes carmélite ce sera deux heures, mais vous n’êtes pas carmélites !] et pendant ce temps défini et il faut tenir ce temps – si j’ai dit 10 minutes, ce n’est pas 9mn c’est 10mn, si c’est 10mn30 ça marche aussi mais pas 11 – 10 minutes, où je me pose, où je Le laisse me regarder. Je L’écoute. Peut-être qu’au bout de 3 minutes je vais déjà m’ennuyer, mais je ne me démonte pas, j’ouvre l’évangile et je lis un petit paragraphe de l’évangile, celui de ce dimanche par exemple, et je laisse Dieu me parler. Si je veux entendre le Seigneur, il faut Lui laisser un petit peu de place.
Voilà, c’est ma proposition d’exercice pour la semaine, c’est le moyen de rester avec Jésus et vraiment de faire Sa connaissance, de nous L’entendre dire, encore et encore « Viens, tu verras. »