Homélie du 3e dimanche de l’Avent – B ;
17 décembre 2023, en présence des couples qui se préparent au mariage.
Is 61, 1-2a.10-11 ; Lc 1 ; 1Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28
par l’abbé Gaël de Breuvand, cette homélie est la transcription d’une prédication orale.
Alors, nous avons entendu saint Paul dire : « Soyez toujours dans la joie. ». Nous avons entendu le prophète Isaïe dire « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. » Et nous entendons Jean, enfin là, nous ne l’entendons pas, mais nous savons qu’il est cousin de Jésus, et lorsque la maman de Jésus, Marie, et Élisabeth se sont rencontrées alors qu’elles étaient toutes deux enceintes, Jean a tressailli de joie dans le sein de sa mère. La joie, c’est le leitmotiv de tout notre Avent. Nous préparons Noël et il s’agit aujourd’hui d’accueillir la joie : soyez dans la joie ! Alors vous allez me dire ce n’est pas si facile que cela, regardons cinq minutes les actualités. Regardons même autour de nous. Entre ceux qui sont malades, les accidents, les difficultés, le chômage, on n’a pas tellement envie d’être dans la joie et pourtant, nous avons des motifs de joie !
I – le motif de notre joie
Et le premier motif de notre joie, c’est que nous sommes aimés. Nous sommes aimés ! C’est le grand mystère de la foi chrétienne, mystère non pas parce que cela reste caché, bien au contraire ! Mystère parce que cela nous est dévoilé : nous sommes aimés. Et d’une manière incommensurable – qu’on ne peut pas mesurer – nous sommes aimés à la folie, et Dieu qui m’aime veut, pour moi, la plus grande joie et le plus grand bonheur. Alors, oui, je peux être dans la joie car Dieu m’aime, et je peux aussi être dans la joie car, autour de moi, il y a des gens qui m’aiment. Mais non seulement cela, parce que simplement être aimé, nous qui sommes humains, cela ne nous suffit pas.
Non seulement nous sommes aimés, mais nous sommes aussi appelés. Comme le prophète Isaïe dans la Première Lecture : « L’esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a consacré par l’onction, Il m’a envoyé la Bonne Nouvelle. » Nous recevons tous une mission depuis le jour de notre baptême et puis, très régulièrement, le Seigneur nous fait signe. Et cette mission, c’est d’être nous aussi des ‘aimants’, que nous aimions, que nous travaillions à la joie et au bonheur de l’autre. Et ce qui est intéressant, alors que les futurs mariés sont avec nous, c’est qu’Isaïe nous donne une comparaison : « je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu car Il m’a couvert du manteau de la Justice, comme le jeune marié, comme la jeune mariée. » Projetons-nous un peu pour ceux qui ne sont pas mariés, ou faisons un effort de mémoire pour ceux qui le sont déjà ! Le jour de notre mariage, enfin de votre mariage car je n’ai pas été marié, mais le jour de la consécration religieuse, de mon ordination, ou pour ceux qui sont mariés, le jour de votre mariage, vous étiez dans la joie !
II – accomplir ce pour quoi nous sommes faits
Le jour de votre mariage, vous serez dans la joie et si ce n’est pas le cas, alors ce n’est pas très bon signe, mais je ne vais peut-être pas en parler… Pourquoi être dans la joie ce jour-là ? Finalement, qu’est-ce que cela va changer pour vous ? Pour la majorité d’entre vous, vous êtes déjà en couple, vous avez une maison, pour certains vous avez déjà des enfants, qu’est-ce que cela va changer ? Rien ne va changer, et en même temps, tout va changer, parce que ce jour-là, votre mariage, sous le regard de Dieu, vous allez accomplir un acte pleinement humain, vous allez dire ce que vous faites, et vous allez faire ce que vous dites, en public, devant tous. Et, en accomplissant cela, vous accomplissez ce pour quoi vous êtes faits. Et en accomplissant ce pour quoi nous sommes faits, nous sommes dans la joie. C’est presque mathématique. Si j’accomplis ce pour quoi je suis fait, je trouve la joie et ultimement. Alors, il y a des petites joies, mais ultimement, la grande joie, c’est de se donner, de se dépenser pour la joie des autres. Il y a eu d’autres moments de joie dans votre vie, certainement, un autre qui est presque au même niveau que le mariage c’est la naissance d’un petit, forcément. Et particulièrement les mamans qui sont déjà mamans lorsqu’elles portent le bébé dans leur ventre, alors que les papas deviennent papas lorsqu’ils ont leur enfant devant les yeux. Et ce jour-là, devant cet échange de regard qu’il y a ce jour-là – je pense que les papas peuvent témoigner – il y a un appel de cet enfant qui dit ‘est-ce que tu veux bien être mon père ?’ Et puis la réponse d’un père qui dit : oui, ‘je serai ton père et tu es ma perle précieuse’. Eh bien, on peut comparer avec notre relation avec Dieu. Dieu nous dit : ‘Je veux bien être ton père, veux-tu bien être mon enfant ?’ Et quelle est notre réponse : voulons-nous être les enfants de Dieu ? Alors pour trouver la joie tout au long de notre vie – parce que le but n’est pas d’avoir la joie seulement le jour de notre mariage ou lors de la naissance de notre petit – non le but est de ressentir la joie, la plus plénière, chaque jour, ce que nous invite à vivre saint Paul : « Soyez dans la joie », et, pour cela, il s’agit d’établir des relations plénières : « priez sans cesse, sans relâche ». Autrement dit, soyez en relation avec Dieu, Celui qui vous aime, mais pas seulement cela. Il s’agit que vous aimiez ceux qui sont autour de vous, votre prochain. Tout à l’heure, je vous le disais, Dieu parle à chacun d’entre nous et Il nous invite à regarder celui qui est là, près de moi, et particulièrement quand on se marie : le mari ou la femme qui est là, près de moi. Et Dieu nous dit, ‘Je l’aime, il est une perle précieuse pour Moi, veux-tu en prendre soin, pour moi ?’ Veux-tu être cet aubergiste de la parabole ?
III – Le mariage, signe de notre union au Christ
La relation au Christ ressemble beaucoup à une relation de mariage. En général, quand on veut décrire le mariage, on parle de la relation qui existe en Dieu. Et vous le savez peut-être : l’amour de Dieu c’est un amour libre, Il nous a choisis et c’est un choix libre. Il n’est pas contraint, par rien. Et chaque jour, Il se réengage avec nous parce qu’Il est fidèle. Et cet amour-là, parce que Dieu est Dieu, c’est un amour qui durera toujours. Cet amour-là donne la vie, cet amour de Dieu pour nous. Et vous qui allez vous marier, ou vous qui êtes déjà mariés depuis longtemps, votre amour doit ressembler à cela : un amour libre, fidèle, pour toujours et un amour qui donne la vie.
IV – Accueillir l’amour de Dieu
Alors on pourrait se dire que tout cela c’est bien beau mais bien compliqué. Alors quelle est la solution ? Comment y arriver ? Parce que lorsqu’on regarde autour de nous, il y a beaucoup de divorces. Alors que faire ? Regardons autour de nous, on peut être un peu désespéré, mais en regardant le projet de Dieu, on retrouve la joie parce que c’est Dieu qui nous fait cadeau de tout ce dont on a besoin. « Moi, je baptise dans l’eau, disait Jean, mais viendra Celui qui vient derrière moi, et Lui baptisera dans le feu. » Il baptisera autrement dit, Il nous plongera dans Son amour, Il nous transformera le cœur, et nous deviendrons capables d’aimer véritablement comme Dieu, ça c’est le baptême ! Mais comme saint Augustin le disait : « Dieu nous a créés sans nous, mais Il ne nous sauvera pas sans nous. » Si nous voulons trouver la vraie joie et le vrai bonheur, si nous voulons être sauvés, il va falloir que nous décidions d’accueillir le don de Dieu. Dans une semaine, c’est Noël, Noël, c’est le cadeau de Dieu aux hommes : Dieu lui-même qui se donne pour notre joie. À Noël, normalement, on échange des cadeaux. Le cadeau que Dieu nous fait, c’est le Christ pour notre joie.
Et nous ? Qu’allons-nous donner à Dieu ? Nous avons une semaine pour réfléchir, et je vais vous dire un truc, le Bon Dieu n’est pas très compliqué, d’abord Il n’est pas original, cela fait deux mille ans qu’Il se répète… Qu’est-ce qu’Il nous demande ? De L’aimer, Lui, Dieu et d’aimer notre prochain.