Homélie pour le 8 décembre

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Homélie pour la Solennité de l’Immaculée Conception,
le vendredi 8 décembre 2023, à Genas.
Par l’abbé Gaël de Breuvand

Nous sommes dans la joie, parce que nous fêtons l’Immaculée Conception de Marie. Une vérité de foi qu’il nous a fallu du temps pour recevoir, pour la comprendre. Le dogme a été proclamé par le pape Pie IX en 1854 ; autrement dit, dans l’Histoire de l’Église, c’était hier… Mais cela n’a pas été inventé en 1854 ; cela faisait déjà plusieurs centaines d’années, voire un millier d’années, que cette vérité « Marie a été conçue sans péché » était déjà reçue, et en particulier par les franciscains. Ils avaient perçu cette pureté absolue de Marie.

I – Immaculée

Elle est toute simple, elle est toute transparente à l’action de Dieu. Et si elle est si simple, si pure, si transparente, c’est parce qu’elle a reçu un cadeau magnifique, qu’elle seule a reçu, à l’instant même de sa conception : elle a été préservée de tout péché, et particulièrement du péché originel. Il n’y a pas en elle une tache, une trace, de manque d’amour. Vous le savez, le péché, c’est quand on manque à l’amour. Chez elle, pas de trace, et donc pas de conséquences, à la différence de nous qui avons une petite attirance pour les choses mauvaises… Eh bien, elle en est épargnée. Elle n’a pas cette concupiscence, cette attirance pour les choses mauvaises.

On pourrait se dire : ce n’est pas juste, pourquoi je n’ai pas droit à ce cadeau-là ?  D’abord, Dieu nous a fait d’abord, à tous et à chacun, le cadeau de la vie. Et Il a commencé cela dès le premier jour avec Adam et Ève. Et, premier homme et première femme, ils ont choisi, en toute connaissance de cause, de ne pas faire confiance à Dieu. C’était le récit de la Première Lecture. Et lorsqu’on ne fait pas confiance à Dieu, cela nous abîme. Nous, dans notre société individualiste, nous en avons un peu perdu le sens, mais, en réalité, lorsque l’un de nous est blessé, toute l’humanité est blessée. Et, inversement, quand l’un de nous est dans la joie, toute l’humanité est dans la joie. Du coup, Adam et Ève ont commis ce péché, et dans toute leur descendance, il en est resté une trace. Nous ne sommes pas coupables ni responsables de ce péché, mais il reste une trace de ce péché, qui nous entraîne à être tentés par le Mal.

Mais Dieu a toujours voulu nous sortir de cette ornière-là. Il a toujours eu comme projet de nous sauver. Et pour nous sauver, Il nous a donné Jésus, Son Fils, mort et ressuscité. Et ce Fils, Jésus, mort et ressuscité, Il nous sauve, Il nous libère de notre péché ! Eh bien, pour Marie, c’est exactement la même chose. C’est Jésus, mort et ressuscité qui la libère, et même un tout petit peu plus : Il la préserve de tout péché. Oui, Marie a eu un droit, un petit peu plus que les autres. Ce n’est pas parce qu’elle l’a mérité, de la même manière que nous ne méritons pas d’être sauvés. Parce que Dieu est Dieu, qu’Il nous aime, et que tous les cadeaux qu’Il nous fait sont absolument gratuits. Il n’est pas forcé de nous sauver, et pourtant Il le fait, même si nous ne le méritons pas.

II – à la suite de la « Première en chemin »

Nous voulons accueillir dans nos vies le cadeau gratuit de Dieu. C’est exprimé ici dans l’évangile, on le connaît par cœur : « Je te salue, comblée de grâce » ; pleine de grâce : autrement dit, en Marie, il n’y pas de place pour autre chose que la grâce. Elle est tellement pleine de grâce… Cette grâce, c’est l’amour gratuit de Dieu. Marie, lorsqu’elle reçoit cette annonce de l’ange, n’entend pas « tu commences aujourd’hui à être pleine de grâce », non, mais « tu es pleine de grâce ». C’était vrai hier, avant-hier et depuis sa conception. Pourquoi Marie a-telle reçu ce cadeau-là, que moi je n’ai pas reçu ? Parce que elle, entre toutes, devait être la mère du Sauveur. La plus belle des perles précieuses de Dieu, c’est Jésus, Son Fils, l’Homme par excellence, l’homme parfait. Et cette perle précieuse avait besoin, c’était adéquat, qu’il y ait un écrin parfait, et cet écrin, c’est Marie.

Donc nous avons dit que nous étions sauvés par le Christ mort et ressuscité ; c’est vrai pour nous, nous sommes libérés du péché par le baptême, et c’est vrai pour Marie, qui a été préservée du péché dès sa conception. Donc on voit le point commun entre nous et Marie… et puis on voit la distance qu’il y a, parce que Marie n’a jamais péché… Et quand l’ange s’est approché d’elle, elle a su répondre immédiatement : « que ta volonté soit faite, qu’il me soit fait selon ta parole ». Elle a répondu « oui » à Dieu. Nous, on a un peu plus de mal… Notre oui à Dieu a souvent un problème de durée : Oui, Seigneur, je viens vers Toi, et puis après quelques heures, quelques semaines, quelques mois, on va faire autre chose…

Mais Dieu ne se lasse pas de nous appeler, et donc on peut à nouveau Lui répondre « oui ». Il nous donne Son pardon, Il nous donne Sa grâce, Il nous propose Ses sacrements, l’Eucharistie, la réconciliation, pour nous attirer à Lui. Alors nous pouvons encore regarder Marie, nous mettre à Sa suite. Elle est la première en chemin. Elle l’est tellement, qu’elle est même la première arrivée, parce que, lors de son Assomption, elle est montée au ciel avec son corps. C’est la conséquence immédiate de cette Immaculée Conception.

Et c’est ce pour quoi nous sommes faits. Un jour, avec Marie, nous nous retrouverons tous pour faire ce pour quoi nous sommes faits : aimer et nous laisser aimer, en étant tout entiers humains, corps et âme. Alors, aujourd’hui, il s’agit de  commencer notre vie éternelle, de recommencer, en tous cas d’approfondir l’amour de Dieu dans nos vies. C’est Dieu qui nous sauve, Il n’attend de nous qu’un tout petit « oui » ; mais ce tout petit oui, il s’agit de le poser, de le prononcer. Disons-le avec Marie : « Me voici, je viens faire Ta volonté, qu’il me soit fait selon ta parole. »