Homélie du deuxième dimanche de l’Avent
par l’abbé Gaël de Breuvand,
en présence des enfants qui préparent la 1ère communion.
Homélie par l’abbé Gaël de Breuvand
10 décembre 2023
Les enfants, rappelez-moi dans quel temps nous sommes : L’Avent ! et donc c’est pour cela qu’on est en violet, car c’est la couleur du temps de préparation, de l’ouverture du cœur. Qu’est-ce qu’on attend ? La venue de Jésus : c’est la meilleure réponse que j’aie jamais entendue ! Parce que, parfois, certains me disent qu’on attend Noël. Oui, c’est un peu vrai… Mais le plus important, c’est qu’on attend que Jésus vienne.
I – Se laisser aimer
Il est venu il y a 2000 ans – et c’est pour cela que nous fêtons Noël – mais Il vient aujourd’hui : Il frappe à la porte de votre cœur, et on a entendu Jean-Baptiste qui disait « Préparez le chemin du Seigneur ». Est-ce que cela veut dire qu’il faut qu’on construise une route ? Non, cela veut dire qu’il faut préparer le chemin du Seigneur dans nos cœurs, on est d’accord. Et le Seigneur vient. Il viendra un jour, on ne sait pas exactement quand, Il reviendra dans la Gloire et, ce jour-là sera un grand jour de joie, car ce sera la fin du monde.
Souvent on se dit que la fin du monde est un moment où l’on doit avoir peur. Non, ce sera un grand jour de joie, la fin du monde, car on verra Dieu face à face, et Dieu, Il nous aime. Il nous aime, Il t’aime toi, oui, toi, toi aussi, chacun de nous, personnellement, comme une perle précieuse, et Il vient à notre rencontre.
Tout à l’heure avec les enfants qui préparent leur première communion et leurs parents, on a réfléchi à la Parabole du Bon Samaritain. Or une des lectures possibles du Bon Samaritain, c’est que c’est Jésus, et qu’Il veut prendre soin de nous ; il s’agit de Le laisser faire, d’accepter que Jésus prenne soin de nous, accepter d’être aimé ; ce n’est pas si facile…
II – Entropie
Attention, il y a un petit point compliqué. C’est saint Pierre qui donnait la Deuxième Lecture, et il nous explique un principe de physique et de biologie, qui s’appelle – ce n’est pas un nom chrétien, mais un nom de science – qui s’appelle le ‘principe d’entropie’. Est-ce que vous savez ce qu’est le principe d’entropie ? Et, dans les adultes, est-ce que certains savent ? C’est le fait que, dans l’ordre naturel des choses, tout va vers la simplification. Quand on a quelque chose de complexe, il va se casser et devenir plus simple. Alors, concrètement, cela veut dire que quelque chose de vivant va mourir, que quelque chose de construit va pourrir, que quelque chose qui a une forme va perdre sa forme…
Du coup, quand on va dans l’autre sens, l’inverse de l’entropie, ce n’est pas naturel : Il faut qu’il y ait quelqu’un qui construise : par exemple, les hommes construisent une pyramide – et cela va contre l’entropie – et si on laisse la pyramide dans le vent du désert, la chaleur, le froid, peu à peu la pyramide se délite et elle perd sa forme elle devient quelque chose de plus simple, juste du sable. D’accord ? Saint Pierre nous dit que « tout est en voie de dissolution », tout va vers l’entropie ; et je vous disais tout à l’heure : si on va dans l’autre sens, si on va vers quelque chose de plus complexe, de plus beau, de plus organisé, cela veut dire qu’il y a eu une intervention.
Souvent, c’est une intervention de l’homme : cette église, par exemple, a un ordre, elle a été construite ; et si l’entropie ne gagne pas, c’est qu’on la restaure, on met des sous pour cela. Il y a quelques années, il a fallu beaucoup de sous dans les fondations, car l’église penchait, et peut-être qu’à un moment elle se serait effondré.
Cela nous dit aussi quelque chose : pour que nous soyons vivants, pour qu’il y ait une évolution – la science nous parle d’évolution, nous dit qu’il y avait des choses très très simples au début et, à la fin, il y a eu l’homme – eh bien, il a bien fallu quelque chose qui lance ce mouvement de croissance. La science n’est pas capable de dire ce que c’est. Nous, on croit que c’est la Parole de Dieu ; elle est capable de créer, de construire, et surtout, elle est capable de re-construire.
III – l’entropie dans nos vies
Dans notre vie, si nous nous laissons aller, tout va peu à peu se déliter : nous allons perdre un peu le sens de nos vies. Si nous nous laissons ballotter par les événements, par le vent de la pression sociale, ou par les courants de l’ambition, tout ce que vous connaissez bien, tous les divertissements, les écrans – est-ce que cela vous arrive, les enfants, d’être perdus dans les écrans ? Ou bien de dire : ‘non, aujourd’hui, je vais regarder 10 minutes mon écran et ensuite je vais faire autre chose’… vous savez faire ça, ou pas trop ? Pas trop, hein, parce que c’est dur ! De fait, l’entropie va nous encourager à nous perdre devant ces écrans : zut, j’ai passé 3 heures à ne rien faire, j’aurais pu dormir à la place, ou lire un bon bouquin, ou me promener avec celui ou celle que j’aime … Vous connaissez ce temps perdu… Avant, quand on attendait le bus, on pouvait sortir son chapelet et se connecter au Bon Dieu. Maintenant, quand on attend le bus, on se connecte à son téléphone. Avant, quand on attendait le bus, on pouvait regarder ce qui était autour de nous, parfois on riait, tiens as-tu vu son nez ou ses oreilles ? Mais parfois on pouvait voir que ces personnes avaient besoin d’aide ou d’engager une conversation. On pouvait se parler… Aujourd’hui, on est dans nos téléphones… C’est un peu ça l’entropie.
Mais il suffit que quelqu’un veuille construire. Nous, déjà, on a une capacité de construire, un peu, beaucoup. Et Dieu, Lui ? Il a une Parole qui nous sauve, qui nous reconstruit. Même si on a l’impression d’être absolument détruits, Dieu nous dit : ‘Je t’aime, tu es une perle précieuse pour moi, je veux toute ta joie’.