Homélie du 32e dimanche de TO A,
dimanche 12 novembre 2023,
par l’abbé Gaël de Breuvand
Sg 6, 12-16 ; ps 62 ; 1Th 4, 13-18 ; Mt 25, 1-13
I – Quel jour de joie
Voilà un jour de joie, car avec les dix jeunes filles de l’évangile, nous sommes invités à une noce, et c’est toujours joyeux que d’aller à un mariage, nous sommes d’accord ?
Donc réjouissons-nous, parce que lorsque Jésus parle de Sa venue, dans la Gloire – ce que nous appelons souvent la fin du monde, Jésus évoque, Lui, Sa venue – Il nous la présente comme une noce. Ce sera un vrai jour de joie, car nous verrons Dieu face à face, et nous ferons ce pourquoi nous sommes faits : aimer et nous laisser aimer. C’est ce que nous explique saint Paul dans la Deuxième Lecture, « nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance », ‘que vous n’ayez pas l’espérance, nous voulons au contraire vous donner l’espérance’, finalement la joie de l’attente. « Nous attendons Ta venue dans la gloire », c’est ce que nous disons à la messe, « nous attendons Ta venue dans la gloire », et nous attendons impatiemment. Nous L’attendons avec joie, car ce jour de la Rencontre, ce sera le plus beau jour de notre vie.
II – le mariage de qui ?
Nous parlions d’un mariage, de noces ; la question est : qui est concerné par ces noces ? Alors, on va se jeter sur la Première Lecture, tirée du Livre de la Sagesse qui est peut-être le texte le plus récent dans l’Ancien Testament, celui qui a été écrit en dernier, avant la venue de Jésus, peut-être 60 ou 50 ans avant, donc juste avant Jésus, il est ‘récent’. Dans le texte qui nous est lu, la Sagesse est décrite non pas comme un concept, mais comme une personne, qui est resplendissante, attirante, une personne qui nous donne envie d’aller à sa rencontre, en fait, une personne dont on peut facilement tomber amoureux. Une personne qui se laisse rencontrer, et qui veut venir à notre rencontre. Je vous propose un petit exercice : peut-être ce soir, peut-être demain, reprendre cette Première Lecture, et puis chaque fois qu’on a une allusion à la ‘sagesse’, remplacer son nom par ‘Jésus’, et on verra que cela fonctionne très bien ! Jésus est la Sagesse incarnée, Il est la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu, Il est Dieu fait homme, et Il veut venir à notre rencontre et tisser une alliance avec nous. Et au jour des noces, l’époux, – ou l’épouse, cela dépend – ce sera cette Sagesse, Jésus lui-même ; et son partenaire de vie, c’est l’Église tout entière, donc nous, comme communauté, comme assemblée, comme groupe, mais aussi chacun de nous individuellement : nous sommes invités, chacun de nous, à entrer dans une relation personnelle, individuelle, intime, avec le Christ Seigneur. Il est l’Époux par excellence, et nous sommes invités à nous reconnaître comme l’épousée.
III – l’huile pour les noces
Et Jésus nous donne cette parabole que l’on connaît bien. Avant, l’on parlait des vierges folles et des vierges sages. On a revu la traduction, on s’est dit que « folle » était un peu fort, alors on parle de jeunes filles « insouciantes » et « prévoyantes ». Mais on parle bien de la même chose. La seule question dans ce texte, c’est : qu’est-ce que veut bien signifier cette huile ? Quelle est cette huile qui est tellement nécessaire, dont nous aurons tellement besoin le jour où l’Époux viendra ? Évidemment, nous l’entendons bien, il y a une force symbolique, et on a de la chance, de nombreux pères de l’Église ont médité ce texte et nous ont enseignés.
Quelle est cette huile ? Eh bien, il y a plusieurs sens possibles, évidemment, mais deux sont essentiels. Cette huile, c’est d’abord le don de l’Esprit Saint. Il s’agit que nous fassions en sorte d’être rempli par l’Esprit Saint et d’avoir des réserves d’Esprit Saint. Comment fait-on ? On vient vivre le cœur à cœur, dans la prière, régulièrement, souvent. On vient vivre les sacrements, celui de l’Eucharistie, de la réconciliation. On vient sans cesse faire le plein de l’amour de Dieu, cet amour que Dieu veut nous donner. Voilà le premier sens de cette huile, pour pouvoir briller de la lumière divine, pour pouvoir briller et accompagner l’Époux, même Le rejoindre ; pour pouvoir entrer dans Sa maison, il s’agit que nous accueillions l’Esprit Saint.
Et puis, le deuxième sens que les pères de l’église ont trouvé, est, en réalité, lié. Cette huile, ce sont les actes concrets d’amour que nous posons. Nous avons besoin de poser concrètement des actes d’amour. Il ne s’agit pas simplement de dire ‘je t’aime’, il s’agit de le vivre. Vous le savez bien, et pourtant, on se dit – moi le premier – : ‘oui, aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup aimé, mais ce n’est pas grave, on verra demain’. En réalité, aujourd’hui, et puis demain, et puis après demain, je me suis plutôt concentré sur ma célébrité, sur mon confort, sur ma richesse, sur mon pouvoir. Mais ce n’est pas grave, j’aurai bien le temps de faire le plein d’huile, de faire le plein d’amour dont j’ai besoin. J’aurai bien le temps de me convertir, j’ai le temps.
Le problème, c’est que nous n’en sommes pas sûrs du tout, et c’est le dernier appel de Jésus dans l’évangile. « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’Homme viendra » ; le problème, c’est que si je meurs demain, ce soir, à quel point ai-je effectivement rempli mes réserves d’huile ? À quel point ai-je effectivement aimé, concrètement, sans mentir ? Or cela pourrait nous inquiéter, nous stresser, il y aurait de quoi avoir peur ‘Il vient nous prendre par surprise !’. En fait, il faut plutôt l’entendre comme une bonne surprise. On se le rappelle, la venue du Christ, c’est toujours la meilleure nouvelle, la plus belle nouvelle que nous puissions accueillir. Il se présente comme un époux, comme un ami, comme un frère. Il veut nous entraîner droit dans le cœur du Père.
Il faut se repasser cela devant les yeux, pour qu’en contemplant cette sagesse-là, que notre désir grandisse. Oui, nous voulons Le rejoindre, nous voulons Le rencontrer, et ce sera une bonne nouvelle, un beau jour que ce jour-là, celui où le Christ vient ! Et, en fait, c’est aujourd’hui. C’est maintenant, qu’il s’agit de L’accueillir.