Homélie 19 novembre 2023,
par l’abbé Gaël de Breuvand,
Pr 31, 10…31 ; Ps 127 ; 1Th5,1-6 ; Mt 25, 14-30
I – La femme parfaite, modèle de tout chrétien
La Première Lecture qui nous a été donnée est une bonne lecture pour un jour de rencontre des « équipes Notre-Dame »* ! Je suis un peu étonné que tous les messieurs ne se soient pas précipités pour la lire : ‘une femme parfaite’ ! Évidemment, ce texte du Livre des Proverbes, on peut l’entendre au sens littéral : « voilà ce qu’est une femme parfaite », et la description qui nous en est faite correspond parfaitement à celle qui nous était donnée dans la Genèse. La femme parfaite, c’est un secours, une aide, un adjoint qui correspond à l’homme. Évidemment, vous le savez bien, quand on lit la Genèse, on peut entendre la réciprocité absolue : un homme parfait, c’est une aide et un secours qui correspond à la femme. On peut l’entendre au sens littéral : Nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres, et tout particulièrement au sein de notre couple. Nous sommes appelés à être de bons gérants, de bons gestionnaires de la vie quotidienne. En fait, nous sommes appelés à mettre, dans tous les gestes du quotidien, le plus d’amour possible. Voilà comment on pourrait résumer le sens littéral de ce texte du Livre des Proverbes.
Mais il y a une autre façon de l’entendre : évidemment, un sens spirituel, plus théologique, qui nous invite à penser que l’époux dont on parle, c’est le Christ lui-même ; dès lors nous sommes tous et chacun appelés à être des ‘femmes parfaites’ pour ce Christ. À avoir, chacun et tous, bien conscience de la mission que nous avons reçue. Nous participons au projet du Christ pour le monde. Nous avons cette mission-là : continuer ce que Lui a fait. Et puisqu’on parle de ‘continuer’, c’est bien ce que les serviteurs sont appelés à faire, dans l’évangile.
II – Les serviteurs, images des chrétiens
Dans cette parabole, vous l’avez entendu, cet homme qui est riche, très riche, s’en va. Et pour les serviteurs, on peut penser que ce n’est pas très confortable : vous le savez bien, c’est tellement pratique, c’est tellement agréable que d’avoir quelqu’un qui porte la charge mentale, qui décide, et lorsque nous avons juste à accomplir ce qui doit être fait – d’autant plus que nous sommes convaincus que c’est la bonne chose à faire – eh bien, c’est beaucoup plus confortable que lorsque le maître s’en va, et qu’il dit à ses serviteurs « débrouillez-vous ». Il leur confie une somme d’argent, dans le cas-là 5 talents, 2 talents, 1 talent, chacun selon ses capacités. J’ai fait un petit calcul : dans 1 talent, il y a 6 000 deniers ; donc, au tarif journalier qui est de 1 drachme ou 1 denier par jour, 1 talent, cela correspond aujourd’hui à peu près à 337 000 euros. C’est quand même une belle somme qui est confiée ! Qui est ‘confiée’…
Le maître ne part pas en disant : surtout n’y touchez pas. Non, il leur confie la somme en leur donnant la mission de faire ce qu’il ferait s’il était là, et il faut vraiment l’entendre dans ce sens-là. Cela nous permet de comprendre la réaction du maître lorsqu’il revient. Vous l’avez entendu… J’aimerais bien m’entendre dire cela : « Bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup, entre dans la joie de ton Seigneur. » Oui, je veux entrer dans la joie du Seigneur, et je pense que vous aussi ! Donc, Il nous confie un trésor, et nous avons à en prendre soin, comme Lui en prend soin.
Alors, mettons-nous au travail, parce qu’évidemment, vous l’avez compris, cet homme très riche, c’est le Christ, le Christ qui nous a quittés, qui est parti pour un long voyage, en tout cas, Il ne dirige plus directement sur la Terre, Il est monté au ciel dans Son Ascension, et Il reste pour nous, quand même à distance, et Il a choisi une épouse pour prendre soin de Sa mission, pour prendre soin de Son peuple. Cette épouse, c’est l’Église. Bossuet disait que : « L’Église est le corps du Christ continué. » Jésus est monté au ciel avec son corps physique, Il a laissé sur la Terre un corps visible qu’est l’Église, et cette Église, vous le savez bien, c’est nous. Nous avons reçu pour mission de continuer la mission de Dieu sur la Terre, d’annoncer la parole de Dieu, de manifester la tendresse, de manifester l’amour de Dieu.
III – Ne nous faisons pas une fausse image de Dieu
Alors, pour pouvoir remplir dignement et accomplir la mission qui nous est confiée, commençons par avoir un regard ajusté sur Celui qui nous a confié la mission : Dieu, le Père, se présente comme père et non comme maître. Il n’est pas un homme dur, Il ne moissonne pas là où Il n’a pas semé. Il est exactement l’inverse de la vision qu’en a le troisième serviteur. Il est un père plein de tendresse et qui nous fait confiance. Il nous a choisis, Il nous a appelés, et cela dès le jour de notre baptême, à une mission générale qui est de faire grandir l’amour là où nous sommes. Chacun de nous, nous avons cette mission-là. Et puis, cette mission se précise, elle se concrétise pour chacun d’entre nous de manière un peu différente : ceux qui vont se marier vont avoir une mission toute particulière envers leur époux, envers leur épouse, envers leurs enfants. Ceux qui vont choisir de répondre à l’appel de Dieu pour une consécration religieuse ou une ordination sacerdotale, vont avoir à prendre soin différemment du peuple de Dieu.
Oui, il s’agit que nous accueillions cette mission, parce que Jésus nous l’a confiée. Ce terme « confier » revient un nombre incalculable de fois dans cet évangile. Cela montre bien que c’est une question de confiance, de la part de Dieu et aussi de notre part. Il s’agit donc d’accomplir ce que Jésus veut accomplir. Nous sommes Ses instruments, nous sommes Ses membres. Finalement, le Seigneur veut embrasser chaque homme, et Il nous appelle, nous, pour être le moyen de cet embrassement. Le Seigneur veut dire à chacun à quel point Il l’aime, et Il nous choisit, nous, pour dire cet amour à tout homme sur cette Terre. Vous le savez bien, ils en ont besoin…
Et puis le Seigneur vient. Il revient de voyage, Il vient. Et, ce jour-là, nous serons face à Lui, et il y aura bien un jugement. Pas tout à fait selon le mode de la parabole, parce que, nous le savons, le jugement, c’est d’abord de nous retrouver face à la splendeur de Dieu. Et face à cette splendeur de Dieu, nous nous verrons parfaitement, et face à cette splendeur de Dieu nous choisirons. De manière cohérente avec notre vie, nous choisirons d’entrer dans l’amour de Dieu ou de rester à distance. Ce choix-là, il se décide aujourd’hui. Que choisissons-nous ? Nous jetterons-nous dans l’amour infini du Seigneur, dans Sa miséricorde infinie et Sa tendresse ? Ou resterons-nous à distance ?
Ai-je besoin de nous donner la solution ?
Non, plongeons dans l’amour du Seigneur qui vient, et attendons avec une ferme confiance, avec une ferme espérance que, lorsqu’Il viendra, ce sera le plus beau jour de notre vie.
* Les équipes Notre-Dame sont un mouvement chrétien pour prendre soin de son couple. 5 foyers et un accompagnateur spirituel se réunissent une fois par mois pour une soirée repas. C’est l’occasion de faire un point sur les bonnes habitudes de chacun, et du couple, dans la relation à Dieu, dans la relation au conjoint, dans la relation aux autres. C’est un lieu de soutien amical et spirituel !
https://www.equipes-notre-dame.fr/