Transfiguration, de montagne en montagne.

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Homélie de la Transfiguration, Année A, 6 août 2023,
Par l’abbé Gaël de Breuvand,
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

       I.            De montagne en montagne

Jésus est une sur une haute montagne. Vous le savez peut-être, certainement, la montagne, dans la Bible, c’est une sorte de cliché. Sur la montagne, c’est là que l’on rencontre Dieu. C’est là que Dieu dit qui Il est. Déjà Moïse, quand il rencontre Dieu, la première fois, c’est à l’occasion du buisson ardent, et c’est juste au pied de la montagne. La deuxième fois, c’est après la sortie d’Égypte et après la traversée de la Mer Rouge, en haut de la montagne, Dieu lui dit qui Il est. « Je suis… Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » Dieu se révèle, dit qui Il est et Il nous donne une petite piste : le chemin du bonheur et de la joie. Ses commandements, Ses paroles de vie. On était environ en 1200 avant Jésus-Christ.

Quelques siècles plus tard, dans les années 850, le prophète Elie… sur le mont Carmel, Il a offert un sacrifice à Dieu. Il y avait un concours de sacrifice entre le Dieu d’Israël et le Dieu Baal et c’est le Dieu d’Israël qui a gagné. Mais après cela, il a fallu qu’Elie s’enfuit au désert, avec une forme de dépression ; il en était même à penser au suicide ! Puis il est arrivé à la montagne sainte, le mont Horeb. En fait, on pense que c’est la même montagne que le mont Sinaï. Et quand il arrive au mont Horeb, Dieu vient à lui. Et Dieu vient à lui, mais il n’était pas dans l’ouragan. Dieu vient à lui, mais Il n’était pas dans le tremblement de terre. Dieu vient à lui, mais Il n’était pas dans le feu. Dieu vient à lui ; Il est présent dans le murmure subtil d’une brise légère.

Dieu, tel qu’Il s’était manifesté à Moïse, c’était un Dieu de puissance. Tel qu’Il se présente à Élie, c’est un Dieu de tendresse et de douceur.

Et bien des siècles plus tard, après de nombreux prophètes, de nombreuses annonces dont celles de Daniel que nous venons d’entendre… – Daniel nous parle d’un fils d’homme ! Qui sera choisi par le Père, et qui sera pleins de gloire, de puissance et d’honneur. Celui-là est un messie qui vient… –

     II.            Dieu se dévoile en Jésus

Jésus, lui aussi, monte sur la montagne. Et il entraîne avec lui Pierre, Jacques et Jean. Évidemment, nous sommes invités à nous reconnaître en chacun d’eux. Jésus nous entraîne sur la montagne. Rappelez-vous, jusqu’à présent, qui est Jésus pour ses disciples ? C’est un homme, un juif, bien élevé, d’une trentaine d’année, qui est très compétent en matière de Parole de Dieu, qui annonce une Parole de Dieu moderne, qui annonce une bonne nouvelle : « le Royaume de Dieu est au milieu de vous ». Cet homme-là, parce qu’Il est fils de Marie et fils de Joseph, tout le monde le sait ! Il est charpentier. Cet homme-là, il est certainement quelque chose de plus, il est peut-être même messie. C’était d’ailleurs la question soulevée au chapitre d’avant. Nous sommes au chapitre 17, et c’était au chapitre 16 que Jésus posait la question : « Pour vous, qui suis-je ? » Et Pierre avait répondu : « Tu es le messie, le Fils du Dieu vivant ! ». Est-ce que Pierre a bien compris, lorsqu’il évoque le Fils du Dieu vivant ? Pas sûr ! Jésus est pour lui un messie sans aucun doute… Fils de Dieu… peut-être qu’il emploie encore cette expression d’une manière un peu large. Fils de Dieu. Et Jésus entraîne ses disciples sur la montagne. Et là, il va se dévoiler. Son corps devient transparent. La gloire de Dieu transparaît, transfigure. Toute la divinité est là. Jésus est Dieu. Et c’est visible aux yeux des disciples. Et Pierre, dans la deuxième lecture, en témoigne bien des années plus tard : « nous ne vous avons pas raconté des inventions ni des fables. Nous vous avons dit ce que nous avons vu ». Sur la haute montagne, se dévoile le Fils de Dieu. Se dévoile le Père, dans cette voix qui dit : « le voici, mon fils bien-aimé. Ecoutez-le ! Ecoutez-le ! ». Puis l’Esprit saint, cette nuée, cette ombre lumineuse qui vient sur Jésus.

  III.            Les montagnes de nos vies chrétiennes

Alors aujourd’hui, fête de la transfiguration, c’est l’occasion de nous rappeler d’un ordre religieux, qui a fait de cet événement le cœur de sa spiritualité. Et cet ordre a été fondé au XIIe siècle, et c’est l’ordre du Carmel. A la suite d’Élie, eux aussi, ils veulent monter sur la montagne sainte, pour y rencontrer Dieu. Dieu qui se dévoile et qui nous dit à tous : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». Ils veulent rencontrer Jésus et obéir à la voix du Père qui leur dit : « Ecoutez-le ! ». Cela concerne les carmélites et les carmes, mais cela nous concerne aussi. Il s’agit que nous nous mettions à l’écoute de Dieu. Que nous nous mettions à l’écoute du Christ. Que nous nous mettions à l’écoute de l’Esprit saint.

Comment faire ? Est-ce que dans votre vie, est-ce que dans notre vie, il y a des montagnes ? Des montagnes sur lesquelles nous iront rencontrer le Seigneur en nous mettant à son écoute ? Vous êtes là, donc je pense que vous avez l’habitude de la montagne du dimanche matin. Et parfois, elle est dure à gravir cette montagne… il faut être à l’heure ! Mais il y a aussi la montagne chaque jour. Tous les jours, monter sur la montagne du Seigneur pour le rencontrer, Lui ! Est-ce que chaque jour, nous prenons le temps de la prière ? Et plus particulièrement, de la prière d’écoute ? Je me pose, je regarde le Seigneur et je l’écoute. Est-ce que nous allons sur cette montagne du Tabor ? Les carmes et carmélites ont décidé de donner deux heures à cette montagne chaque jour. Peut-être cela ne rentrerait-il pas tout-à-fait dans nos agendas. Nous avons des devoirs et des devoirs d’état. Il s’agit que nous donnions un temps raisonnable au bon Dieu. Vous le savez, il y a 96 quarts d’heure dans une journée. La question est : est-ce que nous pouvons donner 1% de notre temps pour gravir la montagne et nous mettre à l’écoute du bon Dieu ? Lire l’évangile du jour… Méditer l’évangile de dimanche qui vient… reprendre l’évangile d’aujourd’hui. Un quart d’heure. C’est le conseil que je nous donne, car il faut aussi le tenir… Monter sur la montagne, en soi, en théorie, ce n’est pas si difficile. Un quart d’heure par jour, qu’est-ce que c’est ? Mais dans le concret, chaque jour, c’est un supplice, c’est très difficile ! Il faut le décider en vérité, parce que c’est un acte d’amour. Nous sommes faits pour cela ! Nous sommes faits pour aimer. Mais tous les jours, il faut le décider de nouveau. C’est exactement pareil dans votre relation avec votre mari, vos enfants, femmes, parents… Aimer celui qui est là près de moi, ce n’est pas si facile. Tous les jours il faut que je le décide. Avec le bon Dieu, c’est pareil. Tous les jours il faut que je décide de Lui donner un peu de temps. Gratuitement. Être là à me laisser regarder par Lui et à le regarder, à l’écouter.

Quand on est en haut de la montagne, il peut arriver que l’on y soit bien et que l’on ne veuille plus redescendre. C’est ce qui est arrivé à Pierre. « On est bien ici. Montons donc trois tentes ! ». Mais Jésus ne les laisse pas en haut ; Même si nous avons une prière très fructueuse, très joyeuse et facile, nous ne sommes pas faits pour rester 24h/24 en contemplation de Dieu Il nous faut redescendre de la montagne en gardant en mémoire ce que nous avons vécu pour pouvoir l’annoncer. Jésus a besoin de nous. Il a choisi d’avoir besoin de nous pour être ses témoins : les témoins de l’amour infini de Dieu. De ce Dieu qui nous a donné tout ce qu’Il était, pour nous dire à chacun : « Toi aussi, tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». Eh bien ce message que nous recevons lorsque nous sommes sur la montagne, il est vrai pour moi mais il est vrai aussi pour tous ceux qui sont dehors. Je ne sais pas combien il y a d’habitants dans cette paroisse, mais il y en a pleins qui ne sont pas au courant. Ils ont besoin d’être au courant. Ils ont besoin de savoir qu’ils sont aimés de Dieu. Que Jésus a tout donné pour eux. Qu’ils sont, que NOUS sommes, chacun des perles précieuses au regard du Seigneur. C’était le cœur des évangiles que nous avons entendus pendant le mois de juillet. Au chapitre 13, les paraboles. « Le Royaume des cieux est au milieu de vous » ; « le Royaume des cieux est comme un marchand » qui cherche des perles fines, et la perle fine, c’est nous ! Cette nouvelle-là, il nous faut l’annoncer.

Demandons au Seigneur au cours de cette messe de faire grandir en nous le désir de monter en haut de la montagne, pour le rencontrer souvent. Demandons au Seigneur sa force et sa grâce, pour que nous soyons des témoins de l’amour de Dieu et que nous donnions aux autres l’envie de gravir cette montagne. C‘est l’appel que le Christ nous fait aujourd’hui. Parce que si Jésus, à la fin de l’évangile, demande à ses disciples de ne pas parler de cet événement avant la résurrection, c’est bien pour qu’après, nous en parlions, nous en témoignions. Jésus est Fils de Dieu. Jésus est notre sauveur ; Jésus est tendresse de Dieu.