
14e dimanche du Temps ordinaire, année A ;
homélie du dimanche 9 juillet 2023 ;
Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30
I – La confession de la gloire de Dieu
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance ».
C’est l’hymne de jubilation de Jésus. On sent Jésus remplit d’une force qui s’exclame et qui proclame ! Dans le passage parallèle, saint Luc précise « remplit de l’Esprit-Saint, Jésus dit : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange… ».
Ce mot que l’on traduit par « je proclame ta louange » est un peu difficile… on l’a traduit par Père je te bénis… on pourrait aussi traduire « je te confesse » … Que vient faire une confession ici. C’est un mot intéressant, car le mot ‘confession’ ne désigne pas le péché… il signifie « je proclame ta louange. Quand saint Augustin écrit son autobiographie spirituelle, « les confessions », ce n’est pas pour faire la liste de ce qui ne va pas dans sa vie, ce n’est pas pour faire la liste de ses péchés… au contraire, c’est pour proclamer les louanges de Dieu.
« Je proclame ta louange » Pour pouvoir proclamer la louange de Dieu, il faut d’abord se souvenir, il faut se rappeler les merveilles de Dieu dans nos vies. Il faut faire un effort de mémoire, qui va nourrir notre espérance : puisque Dieu a fait des merveilles dans le passé, il en fera encore dans le futur. Oui je proclame ta louange, je confesse ta gloire Seigneur.
Mais il y a quand même un lien avec la confession des péchés. Car lorsque je viens dire mes péchés, c’est l’occasion pour Dieu de déployer son amour, sa tendresse, sa miséricorde. Alors quand nous venons nous confesser, nous venons dire au Seigneur « tu vois bien que je ne suis pas très brillant, mais je sais que tu peux me libérer, tu peux faire miséricorde, tu peux me pardonner, tu peux me donner la capacité d’aimer ». C’est bien une manière de confesser la gloire de Dieu. Alors la conclusion de ce petit passage, c’est ‘allons nous confesser !’, donnons à Dieu l’occasion de déployer sa miséricorde. Car il veut nous pardonner, il veut nous sauver, mais il ne le fera pas sans nous. Il a besoin que nous soyons partie prenante.
Nous avons entendu Jésus proclamer son hymne de jubilation.
II – Jésus se présente à nous, doux et humble
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur »
Nous sommes dans l’évangile selon Saint-Matthieu, et dans cet évangile, il est très rare que Jésus parle de lui-même. Autant chez saint Jean, il se présente « je suis le bon berger, je suis la porte, je suis ». Chez saint Matthieu, c’est le seul moment où Jésus dit « je suis »…
dans le vocabulaire actuel quand on dit que quelqu’un qu’il est doux, je ne suis pas sûr que ce soit toujours un compliment… cela manque un peu de fermeté, c’est un peu mièvre, c’est un peu sucré, et donc un peu écœurant. Et pourtant quand Jésus dit « je suis doux », il vaut mieux penser à une mère douce pour son enfant… cette douceur qui n’empêche pas une certaine fermeté, car il faut que ce soit net, précis. On peut penser à la délicatesse, à la douceur du soignant pour son malade. Une douceur qui sait ou elle va, qui veut le meilleur… Jésus veut le meilleur pour chacun de nous.
On pourra penser que le doux est ‘gentil’… et là aussi il y a un double sens. Celui qui est gentil est celui qui fait plaisir. Mais le Seigneur ne se présente pas à nous comme quelqu’un de gentil… car son but c’est de nous entrainer dans la plus grande joie, et dans le plus grand bonheur… et cela ne passe pas exactement par ce qui nous fait plaisir.
« Je suis doux » dit jésus et « je suis humble ». Ce qui est humble c’est ce qui ne compte pas, ce qui’ n’es pas vraiment utile. Quand jésus parle de son cœur avec ce terme, il vaut mieux l’entendre comme la pauvreté évangélique : il y a de la place dans le cœur de jésus. Le cœur de jésus ressemble à l’humus, la terre, une bonne terre, dans laquelle il y a de la place pour la semence qui croit, qui grandit, qui porte du fruit.
« Je suis doux et humble de cœur ». Il y a de la place pour nous dans le cœur de Jésus, nous pouvons nous abriter contre lui, en lui, contre son cœur. Parmi nous, tous quasiment, nous avons connu des épreuves, des deuils, des maladies, et peut-être pire, la maladie de nos proches… Il nous invite à nous laisser soigner, abriter, consoler par lui.
« Vous trouverez le repos pour votre âme » : posez votre tête contre le cœur de jésus, comme en son temps, l’évangéliste Jean au soir de la Cène. Ce cœur qui nous dit : « je t’aime, tu es une perle précieuse à mes yeux, je veux ta joie, je veux ton bonheur, viens ».