15e dimanche du Temps ordinaire, année A ;
Homélie du 16 juillet 2023 ; à l’occasion du baptême d’Éléonore.
Is 55, 10-11 ; ps 64 ; Rm 8, 18-23 ; Mt 13, 1-23
I – Le Seigneur sème dans le cœur d’Éléonore
Voilà une parabole que nous connaissons bien, elle a bercé nos années de caté, on l’entend très régulièrement pendant la messe, c’est une parole importante pendant le carême, on la travaille pour se préparer à la première communion… on la connait tellement bien qu’on l’écoute sans l’écouter. Et pourtant elle a quelque chose à nous dire cette parabole, elle a quelque chose à nous dire aujourd’hui. Ce ne sont pas simplement de grands principes. On a de la chance, car Jésus nous a déjà donné l’explication, il a déjà fait l’homélie de cette parabole. Alors que dire de plus ?
Eh bien, on peut dire qu’elle va s’appliquer tout particulièrement à Éléonore. Surtout en faisant le lien avec la 1ere lecture, cette parole du prophète Isaïe… Isaïe qui nous dit que la Parole de Dieu ne viendra pas visiter la terre sans avoir accompli sa mission, sans que le fruit attendu ne soit donné. La parole de Dieu nous la connaissons, c’est Jésus lui-même. Quand Jésus est venu au milieu de nous, sa parole a été efficace. Dans quelques instants, je vais répéter une parole de Jésus pour Éléonore : « Éléonore, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », autrement dit, ‘Éléonore, je te plonge dans l’amour de Dieu tout entier’. Et le cœur d’Éléonore va s’ouvrir, elle va acquérir une nouvelle capacité, celle d’accueillir cet amour de Dieu. Si nous tendons l’oreille de notre cœur, nous pourrons entendre Dieu dire : « Éléonore, tu es mon enfant bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». Et cette parole là s’accomplit.
II – la limite à la puissance de Dieu
Alors on peut se demander, si la Parole de Dieu s’accomplit comment se fait-il que le monde n’aille pas mieux. Dieu donne une parole d’amour de paix, de joie… et en regardant un peu autour de soi, on cherche cette paix, cette joie, cet amour…
La parabole est une explication : la semence, c’est la parole de Dieu, c’est le Christ, parole de Dieu jetée sur la terre, prête à accomplir ce pourquoi elle est faite. Elle est prête à réaliser le salut de chacun, Elle est prête à réaliser le salut de tous, autrement dit de nous ouvrir le chemin de la vraie joie et du vrai bonheur.
Mais l’efficacité de Dieu a une limite, une seule : la puissance de Dieu a choisi de rester impuissante face à notre liberté… Nous avons le choix. Nous avons le choix, d’aimer ou de ne pas aimer, nous avons le choix d’agir bien ou de ne pas agir bien, voire même d’agir mal. Nous avons le choix, car c’est une condition nécessaire pour aimer. Si nous aimions sans avoir le choix ce ne serait pas vraiment de l’amour.
III – le déploiement de notre liberté
Dans quelques instant, la semence de Dieu va être implantée dans le cœur d’Eléonore. Il y a quelques années, beaucoup d’année parfois, la semence de Dieu a été plantée dans nos cœurs, et c’est à nous de décider ce que nous en faisons. Quels genres de terrain sommes-nous ? Sommes-nous un bord de chemin, sommes-nous un sol pierreux, sommes un sol plein de ronce ou sommes-nous une bonne terre ?
Et là nous regardons nous vies, nous pouvons faire un examen de conscience. Je pense que la grande tentation de notre monde, c’est d’être plein de ronces… Oui la parole de Dieu nous intéresse, mais bon, il y a tellement d’autres choses très sympas à faire : le monde nous attire et nous fait perdre de vue l’essentiel : c’est tellement intéressant, d’être bien vue, d’être reconnu, d’être riche, d’être confortable. Mais nous avons le choix.
Et comme chaque dimanche, nous sommes invités à nous reposer la question : ‘faisons-nous les bons choix, posons-nous les bons actes, prenons-nous le temps de nous laisser convertir par le Seigneur ? ’
Le monde nous dit ‘ne t’inquiète pas, un peu de temps au bon Dieu, tout le reste pour toi’. Mais c’est alors manquer ce qui fait notre joie ! Saint Augustin disait : « Dieu a créé le monde sans toi, il t’a créé sans toi, mais il ne te sauvera pas sans toi ». Si nous voulons accueillir l’amour dans nos vies, si nous voulons que l’amour vainque sur la terre, il s’agit que moi dès aujourd’hui je choisisse d’entrer dans le projet de Dieu, que je sois partie prenante du Salut du monde… Il me fait choisir d’être bonne terre, de porter du fruit 100, 60, ou 30 pour un. Et si nous sommes un épi qui porte du fruit, alors à notre tour nous devenons semeur, et c’est bien la mission que nous donne le Seigneur.
Nous ne sommes pas comptables du résultat : Nous sommes chargés de semer la Parole, et non de récolter. Car la récolte dépend de la liberté de l’auditeur… et n’avons pas, nous ne pouvons pas contraindre les personnes à choisir le bien, la joie, l’amour. Nous ne pouvons que leur proposer… De la même manière que Dieu nous le propose.
IV – viser plus haut
Dans quelques instants nous allons plonger Eléonore dans la Parole de Dieu, elle va recevoir la semence Parole de Dieu. Ses parents et ses parrain-marraine ont accepté d’être des gardiens de cette semence, de l’arroser, pour qu’elle grandisse et qu’elle croisse : le caté, éducation chrétienne, éducation humaine aussi. Et cette responsabilité là ils la portent pour qu’Eléonore elle-même soit une semence pour le monde ! Et qu’elle porte du fruit.
Alors aujourd’hui, le Seigneur veut nous bousculer. Sommes-nous des chrétiens habitués ? on essaie de ne pas faire trop de mal… d’ailleurs quand on va se confesser on ne sait pas trop quoi dire : moi je ne fais de mal… Mais le Seigneur ne nous demande pas de ‘ne pas faire de mal’. Il est beaucoup plus exigeant, Il nous demande d’être ‘foyer d’amour’, que là où nous sommes l’amour grandisse, la joie grandisse, la paix grandisse… être chrétien habitué, c’est finalement se contenter d’une situation confortable et médiocre…
Le Seigneur veut pour nous bien plus et bien mieux… il veut pour nous la plus grande joie et le plus grand bonheur.
Alors aujourd’hui, en ce dimanche où nous célébrons la mort et la résurrection du Christ, nous sommes invités à nous laisser regarder par le Christ et à l’écouter nous appeler : il m’appelle et me dit ‘pour moi quel pas vas-tu faire aujourd’hui’ ; ‘pour le monde, quel pas’… pas besoin qu’il soit très grand ce pas… mais aujourd’hui, fais donc un pas, et on en reparlera dimanche prochain.
Le Seigneur nous appelle à aimer et à nous laisser aimer