Solennité du Sacré-Cœur, fête paroissiale
par l’abbé Gaël de Breuvand
Dt 7, 6-11 ; Ps 102 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
I – Tu as du prix à mes yeux
Il se trouve que la Première Lecture que nous avons entendue du Livre du Deutéronome est au début de la Bible. Et vous le savez, la Bible, c’est la Parole de Dieu qui est mise par écrit, elle est inspirée de l’Esprit Saint ; et que nous dit Dieu sur Lui-même et sur nous ? Qu’Il nous aime !
Toute l’action de Dieu, c’est par amour pour nous. Il nous aime. « Vous êtes un peuple consacré au Seigneur », ce n’est pas grâce à vous que Je vous aime, Je vous aime parce que Je vous ai choisis. C’est ce que dit Dieu dans cette lecture. Je vous ai choisis, vous ne le méritiez pas, mais Je vous aime.
Il se trouve que la Deuxième Lecture que nous avons entendue, la première lettre de Saint Jean, on est quasiment à la fin de la Bible ; et entre-temps, il y a eu 1000 ans d’écriture, 2000 ans d’Histoire, et Dieu a inspiré cette Parole et Il nous fait franchir un pas. Dans le Deutéronome, c’était : Dieu nous aime. Et là, dans cette lettre de saint Jean, c’est : Dieu est amour. Oui parce qu’à l’époque hébraïque et du Deutéronome, on pouvait encore croire que Dieu m’aime sous condition. Dieu m’aime si je suis sage, Dieu m’aime si je ne fais pas de bêtises. Avec saint Jean, qui parle parce qu’il a rencontré Jésus, nous découvrons que Dieu nous aime tout court, sans condition. L’amour de Dieu ne dépend pas de nous. Dieu m’aime, et c’est déjà une bonne nouvelle. C’est une certitude absolue, parce que Dieu nous le dit, et quand Il parle, Il ne peut pas nous tromper, Il ne peut pas se tromper, ce qu’Il dit est forcément vrai : « Je t’aime, tu as du prix à mes yeux. Je t’aime. »
II – La réponse de l’homme à l’amour de Dieu : Jésus
Et à quel point nous aime-t-Il ? C’est saint Jean qui le développe dans cette Lecture, Il nous aime jusqu’à nous envoyer Son fils, Son fils unique, Son premier-né, Lui-même incarné, Dieu incarné. Le Père nous envoie Son fils, pour habiter au milieu de nous, pour nous enseigner, pour nous dévoiler, montrer le chemin du bonheur et de la joie, pour nous donner Sa vie. Il nous aime jusqu’à mourir pour nous. Il nous aime à la folie. « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé Son fils unique, non pas pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé ». Le but de Dieu c’est que nous nous reconnaissons aimés, que nous nous sachions aimés et que nous aimions en retour. Parce que, si l’amour de Dieu ne dépend pas de nous, la réponse que nous pouvons faire, elle, dépend de nous. Dieu m’aime, et j’ai plusieurs façons de répondre, parce que Dieu me laisse libre, Il ne veut pas me contraindre, Il ne veut pas faire de moi un esclave. Il m’aime ! Alors je Lui réponds.
Évidemment, c’est Jésus qui nous donne la bonne réponse, Il nous donne l’exemple. « Alors J’ai dit : voici Je viens. » Voilà la réponse que nous sommes invités à faire, nous tourner vers le Seigneur et faire un pas vers Lui. Pour accueillir le don qu’Il veut nous faire, le don de Son amour, pour que nous puissions nous déployer, pour que nous puissions nous accomplir, pour que nous puissions être ce pour quoi nous sommes faits, pour pouvoir rayonner. De fait, cela implique une conversion. C’était d’ailleurs le premier mot de Jésus dans l’Évangile : « Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle, le royaume de Dieu est proche. » Convertissez-vous, parce qu’il est tellement facile de prendre des vessies pour des lanternes, de croire que notre bonheur et notre joie seront dans toutes les superficialités du monde, dans les richesses, le confort, la célébrité, que sais-je… Le Seigneur nous dévoile où se trouve le chemin de vie.
Quand j’entends cette parole « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange, ce que Tu as caché aux sages et au savants, tu l’as révélé aux tout-petits. », je pense tout particulièrement à mon cousin Gonzague. Il se trouve que mon cousin Gonzague est atteint de trisomie 21. Et s’il y a bien un petit devant le Seigneur, c’est lui. Je pense que vous connaissez cette expérience, on n’est pas seuls. Gonzague avec son handicap, au point qu’à quarante ans, il ne parle pas, il aime le Seigneur. Il a compris ce que c’était aimer. Certes, il ne sera pas capable de l’expliquer, mais Il saura l’exprimer par des gestes. Il a compris ce qu’est aimer. Alors nous sommes invités à entrer à cette réponse-là. Nous sommes invités à répondre à l’amour par l’amour. Et même mieux, car ça c’est dans la relation avec Dieu ! mais dans la relation avec les autres, il s’agit même de répondre au non-amour, par l’amour… amour pour amour, grâce pour grâce. Il s’agit de vivre et d’agir comme un peuple consacré au Seigneur. Il s’agit d’être partie prenante du projet de Dieu.
Vous vous rappelez la parabole de l’enfant prodigue, on la connaît par cœur. « Un père avait deux fils, le deuxième lui demande : donne-moi ma part d’héritage. Et le père leur partagea à tous deux ses biens ». Nous sommes Ses enfants et nous avons reçu du Père tout l’héritage. Qu’allons-nous en faire ? Nous sommes invités à nous mettre au travail et à le faire fructifier. Et c’est notre chemin de bonheur et de joie. Tout était dit lorsque Jésus est mort et ressuscité. Dans la Passion, le don de Son corps et de Son sang, le don de Sa vie – « Pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font », « Entre Tes mains je remets Mon esprit », « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ». Toutes ces paroles…- tout est accompli. Et Jésus ressuscite et nous permet de proclamer : mon Seigneur et mon Dieu !
III – Le Cœur de Jésus… qui a tant aimé les hommes
Mais voilà, nous sommes humains, et par définition blessés par le péché originel nous percevons quel serait le bon, le bien, la joie, l’amour, le beau, tout ce qui nous ferait du bien, nous le percevons, mais c’est difficile à mettre en œuvre. Alors, le Seigneur nous fait des piqûres de rappel et nous envoie Son esprit dans le cœur de saints. Et il lui arrive de se dévoiler de manière toute particulière. Et à Paray-le-Monial, dans les années 1640, Il s’est dévoilé à une toute petite sœur, Marguerite-Marie, et Jésus lui a montré Son Cœur. Un cœur brûlant d’amour, un cœur qui ne se lasse pas de nous aimer, même si bien souvent, nous-mêmes, nous répondons si mal. Un cœur qui ne se lasse pas de nous appeler « Viens, viens, toi qui peines sous le fardeau, je te procurerai le repos. » Un cœur qui se plaint même à nous, « voici ce cœur qui a tant aimé les hommes et qui, en échange, ne reçoit qu’outrages et indifférences ». Ce que le curé d’Ars disait en se plaignant : « l’amour n’est pas aimé. » L’amour n’est pas aimé.
Dieu est amour. Il nous aime nous, parce que nous sommes Son peuple consacré, Il nous a choisis au jour de notre baptême. Mais, il est amour, donc Il aime tout créature, tout être humain sur cette Terre, et Il a fait de nous les participants de Son héritage, nous sommes invités à être partie prenante de Son projet de Salut, pour que tout homme soit sauvé. Alors, notre communauté va renouveler sa consécration de la paroisse au Cœur de Jésus : nous nous donnons à Toi, Jésus. Mais, évidemment, cela n’a de sens que si chacun de nous fait cet effort, pose personnellement ce choix de consécration au Cœur de Jésus. Aujourd’hui, chacun de nous est invité à être partie prenante du projet de Dieu pour les hommes. Le Cœur de Jésus, l’amour qui nous aime tant, qui aime chacun de nous, qui aime tous ceux qui habitent à l’extérieur.
Nous ne sommes pas 200 dans cette église, il y a 40000 habitants à l’extérieur qui ne connaissent pas Dieu, qui ne connaissent pas, qui ne savent pas à quel point ils sont aimés, et nous sommes chargés de le leur dire. Ne vous inquiétez pas, ‘nous ne sommes pas chargés de leur faire croire, mais de leur dire’. Mais si nous nous ne le disons pas, qui le fera ? Et c’est la meilleure nouvelle que nous pouvons donner : « tu es aimé ».