La messe, sur le chemin d’Emmaüs – 3e dimanche de Pâques

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Homélie du 3e dimanche de Pâques A – 23 avril 2023 ;
par l’abbé Gaël de Breuvand ;
Ac 2, 14.22b-33 ; ps 15 ; 1 P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35

en récollection avec les couples qui se préparent au mariage, à Bourg-en-Bresse, chez les dominicaines du Cœur Immaculée de Marie.

Nous avons entendu un grand texte d’évangile, qu’on étudie beaucoup au caté, donc ceux qui ont fait du caté en étant jeunes l’ont beaucoup entendu ! Un petit point de contexte : nous sommes dimanche, comme aujourd’hui et voilà trois jours – c’était Jeudi Saint – que Jésus a réuni Ses disciples et a célébré avec eux le repas de la Pâques. C’est au cours de ce repas qu’Il a inventé la messe par une parole forte : « mon Corps donné pour vous ». Et puis, le lendemain, ce Corps donné pour nous a été sacrifié, installé sur une croix, et Jésus est mort dans les plus grandes douleurs, et on L’a enterré. Et on n’a pas eu le temps de prendre soin de Son corps. Alors, le dimanche matin, tôt, des femmes sont allées au tombeau pour prendre soin du corps de Jésus ; mais voilà, Son corps n’était plus là.

I –  Retour vers Emmaüs, Jésus nous rejoint, appel à la conversion

Et là, nous sommes l’après-midi, peut-être 17h, et deux disciples s’en retournent de Jérusalem pour rentrer chez eux à Emmaüs, et, vous les avez entendus, ils sont un peu tristes. Comme nous lorsque, sur notre chemin de vie il y a des épreuves, il y a des combats, eh bien, arrêtons-nous, parce que Jésus vient nous rejoindre, en particulier chaque dimanche, quand la cloche sonne. C’est Jésus qui vient à notre rencontre. Nous commençons la messe, et Jésus s’intéresse à nous : « De quoi parliez-vous en marchant ? » Alors nous avons bien des choses à lui dire, et nous commençons avec cette parole en début de messe, que nous ne sommes pas à la hauteur de l’amour, nous avons péché. C’est assez rare que, quand on se retrouve tous ensemble, la première chose que l’on se dise soit qu’on est un peu nuls en amour, que nous avons péché et que nous demandons pardon…

Et donc ils exposent tout ce qu’ils ont vu, tout ce qu’ils ont entendu, ils exposent leur tristesse : « nous avions cru que ce Jésus serait le Messie que l’on attendait, Celui qui nous libérerait ». Alors, de quoi exactement pensaient-ils que Jésus les libérerait ? Ce n’est pas très clair, peut-être qu’ils avaient une vision un peu politique de la question : l’empire romain allait tomber et on aurait un nouveau roi qui serait un roi juif. Mais, voilà, ce n’est pas ce qui s’est passé : ce Jésus est mort sur une croix, et la croix, c’est le pire des événements qui puisse arriver, c’est la pire honte qui soit, c’est quand même les pires des pires des bandits qui sont mis sur la croix et c’est une mort qui est moche… Certes, on a bien entendu que des femmes sont allées au tombeau et qu’elles ont vu le tombeau vide, qu’elles ont vu un ange qui leur a dit que Jésus est ressuscité, mais bon… Il y a peut-être un peu de misogynie de leur part envers les femmes.

Mais Jésus les secoue, Il ne leur dit pas : vous avez raison de penser ce que vous pensez, surtout ne changez rien, non, Il leur dit, Il nous dit : « Esprits sans intelligence, comme votre cœur est lent à croire ce que les prophètes ont dit, ne fallait-il pas que tout cela arrive ? ». Alors, il faut changer notre intelligence, nos cœurs, il faut que nous nous convertissions. Notre cœur était en train de regarder au loin, mais nous sommes invités à nous tourner vers Jésus. Il se donne, Il le dit : « Mon corps donné pour vous » ; c’est pour que nous en profitions.

II – Jésus leur ouvre les Écritures, recevoir la Parole de Dieu, Dieu me parle

Et Jésus leur explique, c’est la deuxième partie de la messe. On a entendu les lectures, on a entendu saint Pierre, puis saint Pierre encore, parce que dans les Actes des Apôtres, c’est saint Pierre qui parle ; et dans la Deuxième Lecture, c’est saint Pierre qui écrivait. Jésus nous explique – c’est un mot que notre évêque aime beaucoup – le kérygme, c’est un gros mot, et au scrabble on gagne des points ! Le kérygme, c’est le cœur de notre foi ; et quel est le cœur de notre foi ? C’est que Dieu nous aime tant qu’Il est venu habiter au milieu de nous, en Jésus, Il nous aime tant qu’Il a voulu donner Sa vie pour nous, Il nous aime tant qu’Il a ressuscité de telle sorte que l’on puisse ressusciter nous aussi, Dieu nous aime tant qu’Il veut nous donner la capacité d’aimer. C’est ça le kérygme, Dieu nous aime. Et, une fois que les disciples ont été bien nourris de la parole de Dieu, il y a deux heures de marche – on va faire un peu moins long aujourd’hui – ils ont été bien nourris de cette parole-là, voilà que le soir baisse ; on peut penser que cela correspond à une ténèbre qui tombe sur leur cœur aussi. Parce que l’espérance n’est pas là pour eux, ils n’ont même pas reconnu que c’était avec Jésus qu’ils parlaient. Ils sont tellement convaincus qu’Il est mort et que cette histoire est finie, que leurs yeux sont aveuglés, que leur cœur est fermé.

III – La Fraction du pain, Jésus se donne

Mais voilà que le soir baisse et ils invitent Jésus à rester avec eux « Reste avec nous, le soir baisse, reste avec nous, on te loge ». Ils ouvrent la porte et Jésus est au milieu d’eux, vous l’avez entendu « Quand Il fut à table avec eux, Il prit le pain, Il prononça la bénédiction, Il le rompit, le leur donna » – vous ferez attention car ces mots-là on les retrouve tout à l’heure, car Jésus est en train de célébrer la première messe après Sa résurrection, Il refait les gestes qu’Il a faits le Jeudi saint, avec tout le poids de Sa mort et de Sa résurrection : « ceci est mon Corps donné pour vous » – et à ce moment-là leurs yeux s’ouvrent : ça y est, ils ont compris ! Ils réalisent que même si leurs cœurs étaient fermés, ils étaient déjà brûlants, prêts à Le reconnaître et ils L’ont reconnu. Du coup, Jésus n’a plus besoin d’être présent devant eux, car Il est présent en eux, donc Il disparaît à leurs yeux.

C’est le troisième temps de la messe, dans quelques instants, vous entendrez « Ceci est mon Corps donné pour vous » et cela s’accomplit parce que c’est une parole de Dieu.

IV – Appelés à témoigner, appelés à se donner

Et le quatrième temps de la messe, celui qui dure le moins longtemps, c’est : « le Seigneur soit avec vous », bénédiction et puis « Allez en paix, allez proclamer l’évangile de Dieu », allez, vous êtes envoyés. Donc, en réalité, la messe, c’est la partie la plus longue car elle dure jusqu’à la semaine prochaine. Cette parole-là, elle est un envoi en mission. Pour les disciples, ils se lèvent et ils retournent à Jérusalem, car il faut qu’ils aillent annoncer « Nous avons vu Jésus, Il est vivant » ; et petite déception pour eux, sans doute, ils sont accueillis par cette parole « le Seigneur est ressuscité, Il s’est montré à Pierre. » Ah nous aussi, on L’a vu… Il est vivant.

Et ce témoignage est tellement fort que 2000 ans après, alors que pas grand-monde depuis n’a vu Jésus vivant, on le croit encore. Jésus est vivant. C’est ce que signifie cette lumière qui brille, ce cierge pascal qui souligne que Jésus est vivant présent au milieu de nous. Et nous sommes envoyés pour annoncer cette parole « Jésus est vivant » et cela touche ma vie.

Et puis, pour vous qui vous préparez au mariage, cette parole de Jésus que vous allez entendre et qu’on l’on a entendue tout à l’heure « Mon Corps pour toi » doit s’accomplir dans votre vie : « mon corps pour toi ». Nous parlions tout à l’heure d’union conjugale, c’est cela : « mon corps, ma vie pour toi ». Et un jour des enfants viendront, ou peut-être sont déjà venus, et les mamans le savent bien : « mon corps pour toi » ; et les sœurs qui s’occupent des malades le savent bien : « mon corps pour toi qui es malade ».

Parce qu’aimer, c’est cela : donner sa vie par des actes très concrets, se donner soi-même pour la joie et le bonheur de ceux qui nous entourent.