Homélie du Jour de Pâques :

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Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale ; Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Les ténèbres dans les cœurs

Nous sommes au matin de Pâques. Le Christ est ressuscité ! Et c’est une bonne nouvelle, mais personne ne le sait. « C’était encore les ténèbres ». C’était les ténèbres extérieures, il fait nuit. Ce sont aussi les ténèbres dans les cœur, que soit Marie-Madeleine, qui rend les derniers hommages au corps de Jésus, que ce soient les cœurs des disciples Pierre, Jean ou Jacques, que ce soit le cœur de Cléophas, celui qui ira à Emmaüs ce soir, tous ces cœurs-là sont dans les ténèbres. Parce que pour eux, la belle histoire de Jésus, celui qui devait les emmener sur les montagnes, leur permettre de devenir des gouvernants, des chefs, celui qui devait gouverner Israël, est mort, comme le dernier des bandits. Et nous l’avons vécu particulièrement Vendredi, nous avons suivi la Passion du Christ pas à pas et effectivement, pour garder confiance en Jésus… Il n’y en a pas eu… Sauf Marie… la maman de Jésus. Qui souffrait tout ce qu’il est possible de souffrir lorsque l’on voit mourir son enfant, mais qui gardait cette espérance en la parole de Dieu. C’est une Parole qui est fidèle.

Alors les ténèbres sont dans le cœur de Marie-Madeleine, elle arrive au tombeau, elle est paniquée, le corps de Jésus n’est plus là… l’aurait-on volé ? Elle va rendre compte de cette affaire à Pierre et au disciple bien-aimé, certainement l’évangéliste. Ceux-là vont voir, et nous le voyons : ils arrivent et ils découvrent un tombeau ouvert. Ils découvrent le linceul, le suaire, placé bizarrement, il est comme dégonflé, comme s’il y avait eu quelque chose dedans qui aurait fondu. Quand Pierre voit cela, il ne comprend rien. Et le disciple bien-aimé, lui, il voit et il croit. Et bien moi, je ne suis pas sûr que j’aurais été capable de croire en ne voyant que cela… Du coup, se pose la question de la foi. Cela tombe bien car aujourd’hui nous avons des baptêmes et la première question que je leur ai posée, – la première, c’était leur nom -, la deuxième question que je leur ai posée était : « que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » Et ils m’ont répondu : « la foi ! » Alors posons-nous des questions sur la foi. Lorsque les disciples rentrent, ils voient ces linges, ce tombeau vide. Et ils voient, et ils croient. Définitivement, ce n’est pas suffisant. Vous savez, en ce moment, il y‘a une petite polémique sur un livre qui s’appelle : « Les preuves de l’existence de Dieu ». Certains disent que l’on peut parler de preuves. D’autres disent qu’il n’y a pas de preuves à l’existence de Dieu. C’est la même question pour la résurrection. Est-ce que Jésus est ressuscité ? Est-ce qu’il y a des preuves ? Certains diront : « Oui, il y a des preuves ! » D’autres diront non.

II – La foi, un acte de confiance

Alors que vais-je vous dire ? De fait, le mot preuve n’est peut-être pas le meilleur à utiliser. Je vous propose de parler d’indices. Il y en a un certain nombre qui permettent d’entendre, de recevoir une Parole qui nous a été donnée par Dieu. Dieu nous dit : « J’ai créé le Ciel et la Terre ». Il y a un certain nombre d’indices qui nous permettent de dire oui, cette parole semble bien vraie. Oui, je crois en cette parole et j’y crois parce que je fais confiance en celui qui me l’a dite. C’est cela la foi. Le Christ est ressuscité. Il y a un certain nombre d’indices qui me permettent de corroborer cette information. Et donc je fais confiance à celui qui me l’a dite, et je crois. Dans les deux cas, il y aune condition, c’est de faire confiance à la Parole qui nous est donnée. Je crois car je fais confiance à celui qui m’a donné l’information. Si je ne fais pas confiance, les indices ne seront pas suffisants. Ils n’emporteront pas mon adhésion à eux seuls. Il faut que je fasse confiance à ceux qui me transmettent la Bonne nouvelle. D’où l’importance pour des parents de dire la vérité à leurs enfants. Sinon, le risque, c’est qu’ils remettent en cause non seulement les mensonges que vous avez dits ; mais tout ce que vous direz, parce qu’ils auront perdu confiance. C’est la même chose dans notre rapport avec Dieu. Il nous parle et il nous dit la Vérité. Et nous pouvons Lui faire confiance. Si nous sommes dans cette église ce matin, c’est parce que nous avons ce petit élément, cette foi, nous croyons que Dieu existe, que Dieu nous aime, que Jésus est Fils de Dieu, que Jésus est venu annoncé au monde que la victoire de la joie et du vrai bonheur passe par l’Amour. Et si je vous pose la question : « Est-il facile pour vous de croire ? » Certains parmi vous diront : « Oui, c’est évident, Dieu est Dieu, le Christ est le Sauveur, l’Église a les paroles de la vie éternelle. Il vient me rejoindre chaque jour dans ma vie, même si je ne le sens pas, Il est là ». Ce ne sont pas les sentiments qui font qu’Il est là. Il est là, même si je ne le ressens pas ». Certains pourront dire cela. D’autres pourront dire : « Je pense qu’il est là, mais il y a des moments où je me dis qu’Il n’est pas là. Peut-être que finalement, il n’existe pas. Peut-être que finalement, Il ne veut pas tant de bien que cela ».  Et peut-être que parmi nous, il y a des gens qui sont venus pour faire plaisir, et qui sont complètement indifférents.

III – la Foi, un don de Dieu

Alors pourquoi cette différence ? Peut-être parce que d’abord, et essentiellement, la foi, croire, ne dépend pas de nous. Ca ne dépend pas d’abord de nous. C’est d’abord un cadeau de Dieu. C’est pour cela que ces enfants ont demandé la foi. Dieu va leur donner la foi, qui est une connexion, une relation avec Lui. Alors vous allez me dire : dans ce cas-là, pourquoi tous les baptisés n’ont-ils pas la foi ? Car il en existe qui ne vivent pas leur foi. Parce que la foi est donnée comme un outil, comme un moyen pour rencontrer Dieu. Et comme tout bon outil, il faut en apprendre le mode d’emploi. Si j’ai la foi parce que je suis baptisé mais que je ne la mets jamais en œuvre, ça ne va pas marcher… ah, elle est là. Un peu comme si vous aviez une magnifique perceuse sur votre étagère dont vous n’auriez jamais appris à vous servir. Ah, elle est là. Elle ne sert jamais, mais elle est là..

Alors cette foi ? La question est : comment la faire grandir ? C’est intéressant de regarder ce qu’a fait saint Jean. Le disciple aimé du Christ, celui qui voit et qui croit. Comment fait-il ? D’abord, il s’est mis à l’écoute de celui qui parle. Pour avoir la foi, pour faire grandir la foi, il faut établir, de notre côté, la relation que Dieu, Lui, veut établir avec nous. Il faut entrer en dialogue. Croire en Jésus alors que l’on ne connaît pas même une parole de Jésus… C’est difficile. Croire en Dieu alors que l’on ne sait pas que Dieu vient à notre rencontre, c’est difficile ; Il s’agit de répondre à l’appel de Dieu. Il s’agit de se mettre à Son écoute. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que selon les écritures, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Ecoutons la Parole de Dieu.

Dans quelques instants nous allons baptiser Stella, Cléa, Elina, Illiana, Tony et Mattéo, ils vont recevoir la foi. Ils vont – par cette foi – être capable d’accueillir le don de Dieu, son Amour, toute Sa vie. Ils vont être capables de Lui donner tout ce qu’ils sont, à Lui Dieu, Ils vont être capables de se donner tout entier à vous, à moi, les uns et les autres. Et ils vont être capables de le faire à la manière de Jésus lui-même. Pas simplement, paisible, pépère, « je fais plaisir aux autres, mais il ne faut pas que cela me dérange trop« . Non. Ils vont être capables d’entrer dans la mort-résurrection du Christ. Donner sa vie toute entière pour la plus grande joie et le plus grand bonheur, de soi d’abord, des autres, et de Dieu, car nous sommes faits pour cela, pour aimer et nous laisser aimer.