Montons sur la montagne – 2e de carême A

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2e dimanche de Carême A
5 mars 2023

Gn 12, 1-4a ; Ps 32 ; 2 Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9

« Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean, et Il les emmène à l’écart, sur une haute montagne ». C’est Jésus qui choisit et qui appelle, et là, Il a choisi Pierre, Jacques et Jean. Et, aujourd’hui, Il nous appelle, nous. Nous sommes baptisés, nous sommes donc appelés et, déjà, le fait de venir dans cette église est une réponse ; une petite réponse, certes, mais c’est une réponse : nous voulons accompagner Jésus et monter avec Lui sur la montagne.

I – gravir la montagne

Il nous emmène sur cette haute montagne. Et, vous le savez, pour atteindre le sommet, il va falloir grimper, et ce n’est pas toujours facile ! Déjà, nous mettre en route, sortir de nos habitudes, nous dire que nous allons attaquer une côte qui va monter longtemps… Il faut se laisser déranger, il faut se laisser bousculer, et le Seigneur nous appelle : « Viens ! ». Comme Il a appelé Abraham. Sauf qu’Il lui dit : « quitte ton pays », sors de tes habitudes. « Va dans le pays que Je t’indiquerai », et là tu me retrouveras.

En fait, ce que le Seigneur dit à Abraham, tout comme Il le montre aux disciples, c’est que, même pour monter cette montagne, Il est déjà avec eux. Finalement, notre montagne, c’est la Semaine Sainte, c’est le jour de Pâques. La montagne du Golgotha, la montagne de la Croix, la Résurrection. Je ne sais pas s’il y avait vraiment une montagne à l’endroit de la Résurrection, mais, en tout cas, c’est bien une montagne dans nos vies. Et nous sommes invités à monter cette montagne, depuis le début du Carême, et aujourd’hui il suffit de s’y remettre ! Il s’agit de répondre et de gravir la montagne avec Jésus.

Et, lorsque nous arrivons en haut de la montagne, lorsque Pierre, Jacques et Jean arrivent en haut de la montagne : il y a dévoilement, manifestation, épiphanie. Vous le savez, cela fait un à deux ans que les disciples sont avec Jésus, ils ont vu ce Rabbi, cet enseignant, bon pédagogue ; les petites histoires qu’Il raconte, on s’en souvient. Il nous parle de l’amour de Dieu pour le peuple d’Israël, Il nous parle de l’amour de Dieu pour tous les hommes, et on a envie de Le suivre et de L’écouter. Et ce Rabbi est même un peu extraordinaire, un peu prophète, Il fait des signes : Il a rendu la vue à des aveugles, Il a fait marcher des boiteux, Il a fait entendre les sourds. Tout cela va pouvoir faire dire à Pierre – c’est dans le chapitre juste avant – quand Jésus pose la question « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre a répondu « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » – et Pierre avait bien raison, et Il a été félicité par Jésus… Mais avait-il vraiment compris ce qu’il était en train de dire ? Oui, Jésus est Messie, fils de Dieu vivant, mais ce n’est pas qu’une façon de parler, et cela nous est dévoilé aujourd’hui.

II – rester sur la montagne

Oui, les disciples montent sur la montagne avec un homme, Jésus, et quand ils arrivent en haut, ils découvrent que cet homme est aussi Dieu. À la première manifestation de Jésus au baptême, il n’y avait peut-être que Jean le Baptiste et quelques rares témoins à avoir entendu cette parole : « Il est Mon Fils bien-aimé ». Aujourd’hui, les trois disciples sont là, et ils voient – c’est un peu étonnant – Jésus rayonner : Il brille. Comme si la divinité rayonnait à travers son corps… Plus blanc que la lumière, plus brillant que le soleil. Il est éblouissant, impressionnant, parce que Jésus, qui nous est dévoilé, n’est pas seulement un homme comme les autres, Il est aussi Fils de Dieu. Alors, il est bon d’être en présence de Dieu, et c’est la réaction de Pierre : « Seigneur, il est bon d’être ici avec Toi. » « Dressons ici trois tentes », installons-nous sur la montagne et n’en redescendons plus, nous sommes tellement bien ici ! Oui, parce que nous sommes faits pour voir Dieu, et lorsque Pierre, Jean et Jacques voient Dieu, ils se sentent bien. Nous sommes faits pour être avec Dieu, c’est le projet de Dieu : que nous soyons avec Lui.

III – descendre de la montagne

Et, pourtant, il va falloir redescendre de la montagne : nous ne sommes pas faits pour rester sur la montagne, en tous les cas, pas encore ! Viendra un jour où nous y resterons, mais, pour l’instant, il faut redescendre. Et la redescente est une façon pour Jésus de répondre à Pierre : non, ce n’est pas toi qui vas me faire une tente, c’est Moi qui vais descendre au milieu de vous, et qui vais habiter au milieu de vous. « Il a habité parmi nous » : quand on prend le mot grec, cela veut dire, ‘il a planté sa tente parmi nous’, on parle de Dieu lui-même, Il habite au milieu de nous. Et quand les disciples redescendent de la montagne, ils ne redescendent pas tout seuls, le Christ est avec eux. Et Jésus va leur donner une mission, pas pour tout de suite : « n’en parlez à personne pour l’instant », tant que le Fils de l’Homme n’est pas ressuscité, n’en parlez pas. En revanche, quand Il le sera, alors il faudra en parler !

Pour nous, le Christ est ressuscité. Alors, il s’agit que nous en témoignions, que nous en parlions : oui, Jésus est ressuscité, Il est mort et ressuscité, Il est vivant aujourd’hui. Il est avec nous, Il a planté Sa tente au milieu de nous, Il ne veut pas nous abandonner. Finalement, le Seigneur a planté Sa tente au milieu de notre cœur, et, quand nous nous promenons à l’extérieur, il faut que ce soit Dieu lui-même que nous donnions à ceux que nous rencontrons : c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire. Le plus beau cadeau !

Finalement, cet événement de la Transfiguration, avec un arrachement à notre confort, cela nous rappelle ce qui s’est passé il y a une demi-heure, trois-quart d’heure, quand il a fallu quitter son chez-soi. Il faisait froid dehors, on n’avait pas vraiment envie de sortir, mais nous sommes venus sur cette montagne, le mont Saint-Paul (à Chassieu), pour rencontrer Dieu. Et la messe, c’est cela : monter la montagne du Seigneur ; au cours de cette montée, il y avoir un moment où l’on va s’arrêter, et Jésus sera là, au milieu de nous, réellement, corporellement présent. Nous ne serons peut-être pas éblouis, physiquement, par Sa présence, mais Il est là, nous pourrons dire : « Mon Seigneur et mon Dieu », ah, comme j’aimerais rester avec Toi ! Et Il va se donner en nourriture, et là, Il va venir habiter nos cœurs. Ensuite il nous faudra redescendre de la montagne, et nous porterons Jésus en nous, et nous entendrons cette parole, que le prêtre dit, mais qui est une parole que le prêtre dit au nom du Christ : « Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie », allez porter au monde Sa paix, Sa joie, Son amour, il en a tellement besoin !

Finalement, l’événement de la Transfiguration, on pourrait presque dire que c’est une messe : aller à la rencontre du Seigneur, où l’on peut profiter de sa présence, écouter Sa parole, se laisser nourrir, par tout ce qu’Il est, puis repartir pour rayonner de Son amour.