A la recherche de la source vive.

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3e dimanche de Carême
Ex 17, 3-7 ; ps 94 ; Rm 5, 1-2.5-8 ; Jn 4, 5-42
en présence des enfants qui préparent la 1ere communion,
à l’occasion du 1er scrutin de Romain.

Je vous avais dit que c’était une longue lecture, et qu’il y avait une version courte et une longue. Et là, nous avons eu la version courte… donc, nous allons avoir droit à une longue homélie !
Non, on va essayer d’être précis, concis, et je vais vous donner trois points, trois choses qu’on peut se rappeler quand on a entendu l’Évangile de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine.

I – Rencontre près d’un puits : type biblique

La première chose c’est : où se passe cette rencontre ? Cela se passe près d’un puits ; et c’est une chose importante, car il faut se souvenir que, dans la Bible, lorsqu’on se trouve près d’un puits, il y a une histoire de mariage. En effet, Abraham a rencontré sa femme près d’un puits, Jacob a rencontré sa femme près d’un puits, Isaac aussi, Moïse a également rencontré sa femme près d’un puits…  Quand un homme et une femme se rencontrent près d’un puits, on parle mariage. Et donc, Jésus est au bord du puits, et Il rencontre cette femme, qui est en fait chacun de nous. Et quand je lis cette scène, je me mets à la place de la Samaritaine, et je me rends compte que le Seigneur me demande en mariage ! Vous me direz que c’est bizarre !

[note : en étude biblique, un ‘type’ est un personnage ou un évènement de l’Ancien Testament qui annonce ce que sera et ce que fera Jésus. Ainsi, Isaac qui porte le bois de son propre sacrifice est un ‘type’. La rencontre près d’un puits est en plus un motif récurrent, ce qu’on appelle en langage très contemporain, un “mème”.]

II – Donne-moi à boire

Jésus veut donc être mon ami, Il me fait une demande, c’est le deuxième point (vous avez vu comme cela va vite…)

Il me fait une demande : « donne-moi à boire ». Donner à boire à Jésus, dans l’Évangile, c’est un peu étonnant ! « Donne-moi à boire », déjà, la femme est étonnée. Quoi ?! Toi qui es Juif, tu me parles à moi, Samaritaine ? – car les Juifs et les Samaritains ne sont pas amis, ils ne se parlent pas vraiment. Et donc, quand un Juif demande quelque chose à une Samaritaine, il casse les codes. Il faut sortir des habitudes : Jésus sort toujours des habitudes ! D’ailleurs, il prend soin de moi alors que je ne le mérite pas… Donc, dans cette rencontre « Donne-moi à boire », la femme est d’accord : elle veut bien donner à boire. Mais, Jésus lui dit, « en fait, si tu savais qui te parle, c’est toi qui lui demanderais à boire. » Mais comment cela est-il possible ? Tu n’as pas de seau, tu ne peux pas aller chercher l’eau au fond du puits. « L’eau que Je te donnerai », ‘ce sera une eau bien meilleure’. Mais de quoi parle Jésus ? Est-ce qu’il parle de l’eau pour le corps ? Eh non, Il ne parle pas de cette eau-là. Quand Il parle de l’eau qu’Il va donner, Il parle du plus grand cadeau qu’Il nous a fait, à tous, le jour de notre baptême ; vous le connaissez, c’est le cadeau de l’Esprit-Saint. Ce cadeau-là, il nous est donné, et il nous est présenté comme une source d’eau vive. Parce que, ce cadeau, je le reçois, et il va déborder de moi pour arroser le monde entier, tous ceux qui m’entourent. Quand on dit « Esprit Saint », on parle d’amour de Dieu. C’est le cadeau du fiancé à sa fiancée, c’est le cadeau de Dieu pour moi !

Est-ce que vous avez reçu l’Esprit Saint ? Oui ! Vous avez été baptisés, donc vous avez reçu l’Esprit Saint, et Romain, qui va être baptisé dans quelques semaines, va recevoir l’Esprit Saint. Il est juste derrière, il se prépare au baptême, et va être baptisé la nuit de Pâques. Et là, aujourd’hui, c’est comme pour chacun de nous, l’Esprit Saint nous a été donné, c’est comme en nous une source.

II bis –

Mais coule-t-elle bien chez vous ? Chez moi, non… Je sais que l’Esprit Saint est au fond de mon cœur, mais il a du mal à jaillir, Il a du mal à sortir de moi… Alors, il faut que je l’aide. Vous savez comment on fait dans ces cas-là ? Il y en a qui sont allés à Lourdes, déjà, non ? Quand on va à Lourdes, on va voir sainte Bernadette.

Il y a un moment où la Sainte Vierge dit à la petite Bernadette : « va boire à la source, et lave-toi avec cette eau. » Bernadette croit, au début, que la Vierge lui parle de la rivière, car là, dans cette grotte, il n’y a pas de source. Et donc elle commence à aller vers la rivière ; mais la Vierge lui fait signe que non, ce n’est pas vers la rivière, mais que la source est vers la grotte. Alors, Bernadette s’approche au fond de la grotte… et ne voit pas de source. Mais elle se dit : « cette dame ne va pas me mentir », donc elle commence à creuser, et là, que se passe-t-il ? Il y a de l’eau qui commence à venir. Seulement, on le sait, quand l’eau commence à venir, elle est un peu boueuse, et du coup, tous ceux qui l’ont vue ont cru qu’elle était folle : car elle a bu de cette eau-là ! Et elle s’est lavée avec cette eau boueuse !

 Pour nous, c’est pareil : l’Esprit Saint est là, Il est installé dans nos cœurs, mais parfois on ne Le sent plus trop. ‘Il n’est pas très palpable’, l’Esprit Saint, c’est sa définition. Et donc il faut gratter un peu ! Et lorsqu’on se met à la recherche de l’Esprit Saint, la première chose que l’on a, c’est la boue : parce que, quand on se met à la recherche de Dieu, à la recherche de l’Esprit Saint, on découvre notre péché… On découvre que, bien trop trop souvent, on manque d’amour. C’est ce qu’il se passe pour Romain aujourd’hui : c’est ça, le scrutin, c’est se laisser scruter par Dieu ; et quand on se laisse regarder par Dieu, on voit qu’on n’est pas à la hauteur ; mais, heureusement, cela ne s’arrête pas là, car la source continue à couler. Quand on a bien gratté, la source a d’abord soulevé de la boue et, ensuite, elle est devenue une eau claire, tout à fait potable, parfaite pour se laver. Et alors cet Esprit-Saint va déborder, cela devient une source qui ne s’arrête plus ! À Lourdes, la petite source, qui n’est pourtant pas grosse, ne s’est jamais arrêtée depuis presque deux siècles, alors qu’il y a eu des sécheresses ! Elle permet de remplir une cuve immense. On fait des réserves de cette eau de Lourdes, même si elle ne s’arrête pas de couler. L’Esprit Saint, c’est pareil, il ne s’arrête pas de couler, même si de temps en temps, il faut dégager un peu pour laisser la source sourdre…

III – On recherche des adorateurs !

Troisième point, plus court que le deuxième qui était assez long : c’est Jésus qui parle à la Samaritaine, et Lui dit : « L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité. Tels sont les adorateurs que recherche le Père ». C’est un appel à Romain, et à chacun de nous, évidemment. Le Père cherche des adorateurs. Qu’est-ce qu’un adorateur ? C’est quelqu’un qui adore. Qu’est-ce que c’est, quelqu’un qui adore ? C’est quelque qui va chercher « ad », « près de », et « os », la « bouche ». Alors il y a deux solutions : soit c’est ma bouche qui s’approche du cœur de Dieu pour lui dire tout ce que je veux, tout ce dont j’ai besoin, tout mon amour, toute mon amitié, toute ma louange ; soit c’est dans l’autre sens, je tends mon oreille et je l’approche de la bouche de Dieu. Les deux sont vrais ! Les adorateurs sont ceux qui se placent tout près de Dieu, qui écoutent ce qu’Il veut dire, et lui disent ce qu’Il veut entendre. Le Seigneur recherche des adorateurs en esprit et en vérité. Pour cela, pour cette adoration-là, c’est durant toute notre vie que ça doit se faire : quand je fais la cuisine, j’adore, quand je me promène, j’adore, quand je joue avec mes enfants, j’adore. J’adore qui ? Dieu ! Dieu !

Mais pour pouvoir adorer quand je fais la cuisine, pour pouvoir adorer quand je joue avec mes copains, pour pouvoir adorer quand je reçois des amis, pour pouvoir adorer au travail, il faut que je me donne un peu de temps où je ne fais que cela : j’adore en adorant. Tendre ma bouche et mon oreille vers Dieu, qui a quelque chose à me dire, et qui veut entendre. Et, ce temps-là, il faut le donner, une fois par semaine, le dimanche par exemple, et un peu tous les jours, cinq minutes, dix minutes : je me pose, je m’arrête, et je donne à Dieu ce qu’Il veut ; et ce qu’Il veut, c’est moi, c’est vous, c’est chacun de nous.