Jésus nous veut vivant ! mais qu’est-ce que vivre ? (ou quand Jésus se fait rabrouer)

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Ez 37, 12-14 ; ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45
L’enregistrement est celui du matin, le texte est celui du soir…

Aujourd’hui, le 3e des grands évangiles du catéchuménat : il y avait la Samaritaine, Jésus se présente à nous comme un fiancé, il y avait l’Aveugle-né Jésus se présente à nous comme un médecin, et aujourd’hui la résurrection de Lazare, Jésus se manifeste comme le maitre de la vie.

I – Qu’est-ce que vivre ?

Alors la première question : qu’est-ce que vivre. Est-ce d’abord une question de respiration, de nourriture de déplacement… ? si je vous pose la question, c’est que ce n’est pas ça. Car vivre, c’est être en relation.
Le premier des petits vivants (= mi-crobe) est capable d’une petite relation, envoyer un message et en recevoir un… et quand on monte l’échelle des êtres, plantes, animaux, on croît en qualité et en capacité de relation et, arrivant à l’homme, on le voit capable de la plus belle relation qui soit, la relation que Dieu possède en plénitude, aimer. Nous sommes capables d’aimer, de nous donner. Nous en sommes capables, cela ne veut pas dire que nous le faisons tout le temps.

Nous sommes invités à vivre, nous sommes faits pour vivre, nous sommes faits pour être en relation, pour aimer, pour nous laisser aimer. C’est le cœur de nos vies.
Et alors qu’est-ce que la mort ? c’est le moment ou il n’y a plus de relation.

Et nous avons le choix !
Je peux choisir un chemin de vie, celui de l’amour, celui de me mettre au service de la joie et du bonheur des autres, celui de me mettre en relation avec Dieu. Ou choisir un chemin qui peut paraitre appétissant à première vue, mais qui en réalité me tue, m’isole, un chemin de mort. Et nous sommes trop souvent attiré par les lumières du chemin de mort. Vous vous souvenez, dès le début de l’histoire humaine (Gn4), le récit de Caïn et Abel.

Mais Dieu ne se satisfait pas de cette tendance que nous avons à choisir la mort, la blessure ou la rupture de la relation. Il ne s’en satisfait pas et ne se lasse pas de revenir vers nous pour nous redonner la capacité d’aimer. C’est le cœur de l’histoire biblique, et cela s’accomplit pleinement en Jésus. Jésus est le maitre de la vie, il est là pour nous donner la vie, pour nous redonner la capacité d’aimer en vérité.

II – Une mort pour la gloire de Dieu

Alors Jésus apprend que son ami Lazare est malade. Et Jésus décide de laisser mourir Lazare ! Absolument contradictoire avec ce qui précède. Il décide de laisser mourir Lazare ! ‘Je n’y vais pas’ « Cette maladie ne conduit pas à la mort »… et quand il est mort ‘finalement on va y aller’. Un peu étonnant.
Quand on parle de vie et de mort, on parle de capacité de relation… les apparences peuvent être trompeuses, et une mort physique n’est pas forcément la mort définitive, la mort de la relation. Et inversement, on peut être en bonne santé physique, et en réalité être complètement mort. Coupé, isolé, avec des relations qui ne soient que blessés.

Alors Jésus a laissé mourir Lazare pour manifester sa puissance, le fait qu’il est Fils de Dieu, qu’il est maitre de la vie. Mais c’est assez injuste, beaucoup d’autres sont morts et n’ont pas eu droit à la résurrection… Faut-il être chouchou de Jésus pour avoir le droit de ressusciter ?

III – Confiance et attrapade

Alors Jésus arrive à Béthanie, chez ces trois personnes, Marthe, Marie, Lazare.
Comparons-les.

Marthe arrive près de Jésus avec une parole de confiance : « Si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort et je sais qu’aujourd’hui si tu demandes au Père il te l’accordera »… Parole de confiance. Jésus entre dans le dialogue, creuse un peu : « ton frère ressuscitera » « Oui je sais qu’il ressuscitera au dernier Jour », Jésus confirme : ‘tu verras des choses encore plus grande’, ‘ je suis le maitre de la vie’, « je suis la résurrection et la vie », « celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».
Et Marthe pose un acte de foi : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient ».
Une belle rencontre entre Marthe et Jésus, une rencontre de confiance, une rencontre d’amour, une rencontre de foi.

Et Marie ? ceux qui ont été à la Sainte-Baume ont déjà entendu cela.
Marie n’a pas bougé… on peut penser qu’elle était près de Marthe quand Jésus a été annoncé, mais elle n’a pas bougé. Il faut que Marthe vienne lui dire « le maitre t’appelle ». A ce moment elle se met en route ; près de Jésus, elle dit les mêmes mots que sa sœur… Je pense que ce n’était pas sur le même ton : « Si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort ! » elle l’engueule un peu ! une parole de confiance oui, mais mêlé de colère. On a déjà entendu cela : on a tous des proches ou moins proches qui réagissent ainsi : « Si Dieu avait été là, ça ne se serait pas passé comme ça ». Marie est dans cet état d’esprit. Il n’y a pas de conversation ensuite. Marie pleure, elle est repliée sur elle-même, elle est enfermée… dans cette histoire, il y a un mort, c’est elle. Et Jésus, la voyant, est bouleversé, saisi d’émotion… il pleure car Marie est comme morte.

Et Jésus va rencontrer le troisième de la fratrie, là il pleure : il est saisi de compassion, il voit Marthe triste, il voit Marie triste (et enfermée), il voit tous ceux qui sont là tristes, et il est homme, pleinement homme, il participe pleinement à ce que nous vivons, il est dans la compassion, il souffre avec nous. « Il est repris par l’émotion » il arrive au tombeau, il accomplit ce signe, il manifeste qu’il est le maitre de la vie, Et c’est très intéressant. Il appelle Lazare, « Lazare » et Lazare entend, « Lazare, viens dehors » et Lazare vient dehors… lui qui, physiquement, était mort, « depuis 4 jours déjà », qui « sent déjà », en réalité il était encore en relation.

Le plus mort des trois, ce n’est pas Lazare, c’est Marie.

III – Le maitre de la vie nous fait miséricorde

Jésus manifeste sa puissance.
La conclusion nous montre ce qu’il réalise : il est capable de nous redonner la vie, il est capable de nous libérer de ce qui nous emprisonne. « déliez-le et laissez-le aller ». Et il ne le fait pas lui-même, il appelle des aides pour délier. Jésus se choisit collaborateurs, des coopérateurs.

Au final Jésus manifeste ici sa miséricorde.
Mais en fait, ce n’est pas très gentil pour Lazare cette histoire, car il est ressuscité, oui… et ce n’est pas forcément un cadeau, car il va falloir qu’il remeurt ! Et c’est déjà assez difficile une fois !
Miséricorde pour Marthe, en qui il fortifie et fait grandir la foi.
Miséricorde pour Marie, malgré la colère de Marie, Jésus agit pour elle. Cela sera manifesté au chapitre 12, lorsque Marie reviendra auprès de Jésus, lui lavera les pieds avec le parfum, lui essuiera les pieds avec ses cheveux. Acte de pénitence et elle se réconciliera avec jésus. Et une fois réconcilié, elle sera la première à entendre la parole du Ressuscité : « Marie ».

Et pour nous tout cela ?
d’abord une conviction, Jésus est le maitre de la vie, il veut pour nous la vie, que nous soyons des vivants.
La deuxième chose, pour nous la pire des morts, la pire des souffrances, la pire des maladies n’est pas physique (je ne dis pas que c’est confortable), c’est l’isolement dû au péché, au manque d’amour, à nos actes contre l’amour… Et c’est de cela d’abord que le Christ est venu nous libérer, nous délivrer nous soigner, nous rendre la vie. C’est là qu’est la miséricorde de Dieu.

Et dans nos vies, il s’agit d’accueillir Jésus qui nous ressuscite. Saint Paul le rappelait dans la 2e lecture : la victoire de Dieu est déjà accomplie, il a déjà gagné ! Il s’agit ‘juste’ que nous laissions gagner le Seigneur dans nos cœurs.