“Tu es mon serviteur !” – “qui ? moi ?”

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Homélie du 2e dimanche de TO, A par l’abbé Gaël de Breuvand
Avec les couples qui se préparent au mariage,
Ce texte est la transcription d’une prédication orale, le style reste ‘parlé’.

I – Le peuple élu, serviteur du Seigneur

« Le Seigneur m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Quand, dans les années 500 avant J.-C., le prophète parle, il nous donne la Parole de Dieu : « Le Seigneur m’a dit ». On pourrait penser que Dieu s’adresse au prophète, mais « tu es mon serviteur, Israël, » cela s’adresse à tout le peuple choisi, tout le peuple élu, tout le peuple juif qui est, à ce moment-là, juste du retour d’exil, qui est de nouveau sur sa terre, et qui est en train de reconstruire son temple. « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Voilà la mission du peuple choisi, la mission du peuple élu. Serviteur, serviteur de Dieu. Et ce projet de Dieu était un projet qui avait commencé bien, bien longtemps avant.

« Maintenant, le Seigneur parle, Lui qui m’a façonné dans le sein de ma mère ». Ce peuple existe parce que Dieu l’a choisi. Dieu a appelé Abraham, Dieu a appelé Moïse et, de tout ce tas de gens, Il a fait un peuple, une communauté, des gens unis par le lien de la foi en un même Dieu, par le choix de l’attention aux autres, de la charité, par le lien de l’espérance. Un jour viendra où nous verrons Dieu face à face. « Tu es mon serviteur, Israël. » ‘Et, peuple de Dieu, peuple qui as été choisi par Dieu, non seulement tu seras serviteur, mais tu seras lumière pour toutes les nations. Tu témoigneras de l’existence de Dieu, de ce Dieu qui aime. Tu témoigneras de la foi, de l’amour, tu témoigneras de l’espérance’.

II – Jésus, serviteur du Seigneur

Nous étions en 500 avant Jésus-Christ. Et, ce qu’on constate assez vite, c’est que concernant cet appel de Dieu, que ce soit le peuple choisi, ou que ce soit nous, on est très nuls, on ne sait pas faire. On n’y arrive pas ! Alors vient le moment où les temps sont accomplis, un petit Enfant naît. Il est comme tous les petits enfants, Et Lui, Il entend cette parole de Dieu pour Lui. « Tu es mon serviteur, Israël, je t’ai façonné dès le sein de ta mère. Je ferai de toi la Lumière des nations. » Savez-vous qui est ce petit enfant ? C’est Jésus. Nous avons fêté Sa naissance il y a trois semaines. Nous avons fêté la maternité de Marie, il y a quinze jours. La semaine dernière, c’était l’Épiphanie, cette manifestation de Dieu qui se manifeste en ce petit enfant. Et puis, le temps a passé, Il a grandi, ce petit enfant. On n’en a presque pas entendu parler pendant trente ans. Et voilà qu’Il s’approche de Jean, et Jean, aujourd’hui, témoigne. Il baptise, car il a reçu un appel de Dieu. Pourquoi baptise-t-il ? Pour que l’Élu, le Messie, celui qui est choisi, puisse être dévoilé. Et lorsqu’il voit Jésus passer, il dit : « Le voici, l’Agneau de Dieu » et il témoigne. ‘J’ai baptisé Jésus, et ce jour-là j’ai vu l’Esprit Saint descendre sur Lui, j’ai vu le ciel s’ouvrir, j’ai entendu la voix du Père dire : « Tu es mon enfant bien-aimé. »’ Tout ce que le peuple d’Israël, le peuple des hommes, n’arrive pas à accomplir, Jésus, Lui, le réalise parfaitement. Il est le témoin de la confiance en Dieu, de la foi, Il est témoin de l’amour donné, de l’amour reçu. Il est témoin de notre espérance.

III – Chacun de nous, serviteur du Seigneur

Quand Jésus est baptisé, pour Lui c’est un dévoilement, rien ne change, Il était déjà Dieu, Il était déjà Messie, Il était déjà Jésus. Au jour du baptême, cela nous est montré. Jean voit, et nous, à la suite de Jean, nous voyons. Rien ne change pour Jésus. Mais c’est le début de Son ministère, de Son enseignement, des miracles, le début de Son parcours sur la Terre, pendant trois ans, qui va se conclure par une offrande parfaite. Il se donne, Il se donne au Père et Il se donne à nous. Alors, le lien entre le peuple de Dieu – celui qui est un peu nul – et Jésus, c’est que ce Dernier, avant de partir, nous a laissé un cadeau qu’on appelle « sacrement ». Les sacrements, vous les connaissez : le baptême, l’eucharistie, la confirmation, le mariage, l’ordre, le sacrement de réconciliation, le sacrement des malades. Chaque fois, c’est Dieu, le Christ, qui vient nous mettre la main sur l’épaule et qui nous dit : ‘Je t’aime, Je veux prendre soin de toi, Je veux te connecter à moi, Je veux faire de toi un fils du Père, Je veux que tu te sentes aimé, Je veux que toi aussi tu aimes, et Je t’envoie en mission’. Par le baptême, alors que pour Jésus, son baptême n’a rien changé, et a juste dévoilé quelque chose qui était déjà là, nous, lorsque nous avons été baptisés, tout a changé. Ce jour-là, Dieu qui voulait faire de nous des enfants de Dieu a effectivement pu accomplir ce cadeau, ce don.

Nous sommes devenus, au jour de notre baptême, des fils et des filles de Dieu. Nous avons été connectés au Père par la foi. Nous avons été connectés au Christ, nous sommes fils du même Père avec Jésus, donc Il est notre frère. On dit aussi que nous sommes devenus membres de Son corps. Il est la tête et nous sommes les membres. Chaque membre a besoin des autres membres, chaque membre a besoin d’être connecté à la tête. Et alors, cette parole, qui paraissait peine perdue, eh bien, nous pouvons à l’entendre à nouveaux frais. Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël » nous sommes, par le baptême, devenus un peuple, une famille, un corps. Et c’est ce corps, ce peuple, cette famille, chacun de nous individuellement, et chacun de nous collectivement, qui sommes serviteurs de Dieu. Accueillons cet appel : « en toi, je manifesterai ma splendeur », « je fais de toi la lumière des nations. » C’est notre mission.

IV – Accueillir cette mission de serviteur, sans nous lasser

On n’est toujours pas très bons pour l’accomplir, mais le Seigneur revient sans cesse vers nous, pour nous donner Son amour, Sa grâce. Ouvrons nos cœurs, prenons le temps de la prière, chaque jour, cinq minutes, même un quart d’heure, c’est un peu plus qu’un 1% de notre temps… 1¨% offert au Bon Dieu. Et puis notre mission d’être des lumières, d’être témoins de l’amour, d’être témoins de la foi, eh bien, nous pouvons la vivre. C’est évidemment dans le mariage, le couple, que cela peut se vivre d’une manière toute particulière, parce que nous ne voulons pas vivre comme un couple anodin. Nous voulons le vivre à la manière de Dieu, dans cette fidélité qui dure pour toujours. Dans cette liberté qui permet de re-choisir chaque jour, et dans ce rayonnement et cette fécondité qui nous permettent d’être véritablement lumière. Aujourd’hui, nous sommes appelés à vivre pleinement et complètement notre baptême. Alors, vous allez me dire que c’est dur et parfois ennuyeux, et que c ‘est un combat. Tout cela est vrai. Et il y a des moments où on rate, on passe à côté, on l’on n’est pas bon. Je ne vais pas dire que ce n’est pas grave, mais le Seigneur est là, et Son cœur est plus grand que notre cœur. Et, sans cesse, Il veut nous relever. Sans cesse, Il nous redonne Son amour, Sa joie et nous pouvons les accueillir ces dons, ces cadeaux.

Avec les couples qui se préparent au mariage, nous avons réfléchi tout à l’heure à la question du don et du don de soi. On a surtout parlé de celui qui donne, mais, vous le savez, un bon cadeau, il faut qu’il soit donné avec le cœur et il faut qu’il soit reçu avec le cœur. Alors, accueillons le Christ qui se donne à nous.