Dimanche 1er janvier 2023, solennité de sainte Marie, Mère de Dieu.
Nb 6, 22-27 ; ps 66 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Par l’abbé Gaël de Breuvand,
c’est la retranscription d’une prédication orale
Homélie 1er janvier 2023 par l’abbé Gaël de Breuvand
I – Bénédiction
La Première Lecture et le psaume qui nous ont été donnés aujourd’hui sont des textes de bénédiction : dire du bien. Et ce sont les mots mêmes que Dieu nous donne, pour que nous puissions demander la bénédiction de Dieu lui-même. « Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël, voici en quels termes vous bénirez le peuple : que le Seigneur te bénisse et te garde, qu’Il fasse briller sur toi Son visage, qu’Il te prenne en grâce, que le Seigneur tourne vers toi Son visage, qu’il t’apporte la paix. » Alors, c’est une prière magnifique, mais elle a un petit défaut, c’est qu’en français on n’arrive pas tout à faire à retranscrire l’hébreu. Et, en français, on est obligé d’utiliser un subjonctif, « que le Seigneur te bénisse », ce qui nous donne l’impression que Dieu pourrait ne pas bénir. Or, Dieu est Amour, et donc Il bénit ; et la question qui reste, ce n’est pas s’Il bénit ou ne bénit pas, la question est : est-ce que, nous, nous allons accueillir cette bénédiction dans nos vies ? C’est la question qui se pose au 1er janvier 2023 : le Seigneur veut nous bénir tout au long de cette année, allons-nous accueillir, et comment accueillir, cette bénédiction ?
II – Celle qui a « engendré Dieu »
Aujourd’hui, nous fêtons Marie, mère de Dieu, en grec c’est « Theotokos », « celle qui a engendré Dieu ». Ce terme, pour nous, aujourd’hui, est évident : on a l’habitude de dire le « Je vous salue, Marie, mère de Dieu ». Et pourtant, quand au cours de l’Histoire de l’Église, il a fallu désigner Marie, lorsque le mot « mère de Dieu » est arrivé, cela a fait débat. Pourquoi ? Parce que si Dieu a une mère, c’est qu’IL est né, qu’Il a été engendré, et normalement, pour nous tous, le jour de notre engendrement, c’est le jour de notre commencement. Et Dieu, par définition, n’a jamais commencé : Dieu est. Et donc il va y avoir un débat, nous sommes dans les années 360-400, et ce débat est : Marie est bien mère de Jésus, elle a donné son corps humain au Christ, mais elle ne peut pas dire qu’elle est mère de Dieu ! Le problème, c’est qu’en disant cela, on fait une sorte de séparation en Jésus. On se dit, d’un côté, Il est homme et, d’un autre côté, Il est Dieu ; et ces deux parties de Jésus ne se rencontrent pas vraiment. Mais, voilà, Jésus n’est pas un demi-dieu, ou un homme qui serait aussi un peu dieu. Non, Jésus naît Dieu tout entier, tout ce qu’est Jésus est Dieu. Et simultanément, en même temps, par un miracle de la grâce, par la volonté du projet de Dieu, Jésus est homme, et rien de ce qu’Il est n’est pas homme, Il est absolument homme. Et il n’y a qu’une seule personne, c’est Jésus, qui est Dieu, et qui est homme. Du coup, s’il n’y a qu’une seule personne, qui est Dieu et qui est homme, Marie est la mère de cette personne : Jésus. Marie est bien mère de Jésus Dieu, qui est aussi Jésus homme. C’est la conclusion du concile d’Éphèse, en 431. Les évêques se sont réunis, ils ont beaucoup réfléchi, ils se sont disputés, ils ont beaucoup prié, et ils ont reçu ce cadeau de pouvoir dire : nous croyons solennellement que Marie est « theotokos », mère de Dieu. Une humble fille d’Israël est devenue l’écrin dans lequel Dieu a déposé le plus beau cadeau qu’Il pouvait faire : Lui-même.
Cela implique pour nous une petite prise de conscience. Quand on dit que Jésus est ‘Dieu avec nous’, Il l’est réellement, pleinement, tout entier, comme nous Il a une mère, comme nous Il a un père, terrestre, comme nous Il a été un petit bébé, comme nous Il a pleuré, comme nous Il a eu faim, comme nous Il a grandi, Il a appris à parler, comme nous Son intelligence a grandi. Et en même temps, Il est Dieu, Dieu avec nous. Il est la bénédiction de Dieu pour nous. Cette bénédiction, c’est le psaume qui le dit : « La Terre a donné son fruit ». Jésus est fruit de la Terre, et ce fruit, c’est Dieu Lui-même qui l’a fait germer, grandir. Cette incarnation du Fils de Dieu fait que nous, nous sommes invités à suivre le même chemin que Jésus. Nous aussi nous sommes adoptés par Dieu, nous devenons par le baptême fils de Dieu, et nous sommes appelés à devenir comme Lui, divinisés, sanctifiés – c’est la même chose – purifiés – c’est encore la même chose – et ainsi à ressembler à Dieu.
III – Prince de la Paix
Jésus vous le savez, l’un de ses titres de Messie, c’est « prince de la Paix ». Cela tombe bien. C’est pour cela que qu’aujourd’hui c’est la journée mondiale de prière pour la paix. Parce que nous en avons bien besoin. La question c’est comment avoir la paix ? Comment avoir la paix ? La méthode humaine, ce serait plutôt : je vais déployer ma violence pour écraser l’autre. Par-là, il y aura la paix. De fait la guerre entre Carthage et Rome, à la fin, il y a eu la paix, car Carthage n’existait plus. Mais, on le sait bien que c’est une fausse piste. Alors comment accueillir, comment trouver la paix ? Ce sont peut-être les anges qui nous donnent la piste. Quand ils apparaissent aux bergers, ils s’écrient, ils s’exclament « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime. » La paix apparaît ici comme la conséquence d’un premier acte, qui est « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ».
C’est notre mission : rendre gloire à Dieu comme les anges rendent gloire à Dieu au ciel. Nous, sur la Terre parce que nous sommes des êtres humains parce que nous sommes baptisés et chrétiens, notre mission est de nous tourner vers notre Père, de Le louer, de L’honorer, de Le servir. Mettre Dieu en premier dans nos vies, et c’est peut-être le souhait, le vœu par excellence que je vous fais en ce jour de 1er janvier. Mettons, chacun de nous, Dieu en chacun de nous en premier dans nos vies. Accueillons Dieu, accueillons le Christ. Ce Dieu avec nous. L’accueillir, et du coup recevoir Sa parole. L’écouter, Lui parler, mettre en œuvre ce qu’Il nous demande. Et de fait la Paix, nous L’aurons quand nous rendrons gloire à Dieu sur la Terre.
Et cette gloire, nous la rendons en accomplissant ce qu’Il nous demande.
Et vous savez ce qu’Il nous demande : « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés. » C’est un commandement qu’Il nous donne. Et donc nous pouvons décider de le mettre en œuvre. Tout seuls, on n’y arrivera pas, mais encore et encore accueillir Jésus dans nos vies, c’est quelque chose qui est à notre portée, grâce à Dieu, grâce à Sa bénédiction, grâce à Dieu qui s’incarne, Jésus. Il y a un combat, qui n’est pas contre les autres, ou contre le monde : il est essentiellement contre nous-mêmes. Car la seule chose sur laquelle nous avons le pouvoir, la seule chose que nous pouvons changer, c’est moi. Je ne peux pas changer les autres !
Dieu bénit. Il le fait en nous donnant le fruit de la Terre qu’est Jésus en Marie mère de Dieu. Et cette bénédiction, il s’agit pour nous, de L’accueillir pour que la paix règne.
Je conclus avec un petit mot du pape Benoît, qu’il a écrit en février dernier, et qui nous invite à nous placer face à l’essentiel. Benoît XVI écrit, : « Bientôt, – et c’est aujourd’hui – je ferai face au juge ultime de ma vie ; bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux, parce que je crois fermement que le Seigneur n’est pas seulement le juste juge, mais Il est en même temps l’ami et le frère, qui a souffert Lui-même de mes manquements, et qui, comme juge, est en même temps mon avocat, mon défenseur. À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie, et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. Je me souviens de la parole de l’Apocalypse, lorsque le Christ, posant la main sur le prophète, lui dit : Ne crains pas, c’est Moi. ».