Jour de Noël : Dieu vient visiter son peuple

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Homélie du jour de Noël, 25 décembre 2022
Par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription,
à l’occasion du baptême de Marie.

Aujourd’hui, fête de Noël, le Seigneur est venu habiter au milieu de nous, au milieu de son peuple. Et deuxième motif de joie : Marie va être baptisée dans quelques instants. Et c’est assez providentiel.

I – Démarche descendante, l’invisible se rend visible

Je vous explique ! Pendant cette nuit, à la messe, nous avons contemplé un petit enfant qui n’avait rien d’extraordinaire. C’est un petit bébé comme tous les petits bébés. Sa maman l’a porté, neuf mois… il est né. Pour la maman, ce n’est pas forcément confortable. Ensuite, c’est un bébé qui pleure quand il a faim : il faut le nourrir, et il ne pleure plus, et il dort… Il se salit, il faut le changer, il ne pleure plus… Vous connaissez les enfants : ils dorment et ils pleurent. C’est un bébé comme tous els autres bébés et il fallait découvrir que sous cette apparence de petit bébé, il y avait aussi Dieu. Cela ne nous sautait pas aux yeux. Il a fallu que les anges s’approchent des bergers et leur disent : « Vous verrez un signe, un petit bébé ». C’est le signe de la présence de Dieu au milieu du peuple.

Aujourd’hui, l’ambiance est différente. Les textes ne nous montrent pas un petit bébé. Mais juste l’inverse. Ils nous montrent Dieu. En fait, pendant la nuit, nous partions de la réalité que l’on voit, pour découvrir qu’au-delà de cette réalité, il y avait l’invisible, il y a Dieu. Aujourd’hui, on regarde l’invisible directement et cet invisible se rend visible. On peut dire que cette nuit, on était dans une réflexion, méditation ascendante, on part de la réalité humaine pour aller jusqu’à Dieu et là, aujourd’hui, on part de Dieu pour aller jusqu’à l’Homme.

II – le Verbe de Dieu est la Parole d’amour de Dieu pour moi

« Au commencement était le Verbe ». On peut aussi traduire : « Au commencement était la Parole ». Mais le mot verbe est intéressant, parce que vous le savez, dans une phrase, il y a un certain nombre de mots, mais il il y en a un dont on ne peut pas se passer : c’est le verbe. Parce que : « Je… bien ». Qu’est ce que cela veut dire ? J’aime bien ? Je suis bien ? Je nage bien ? Tout est possible. C’est le verbe qui donne son sens à la phrase. Et bien dans notre monde, dans la création toute entière, il y a une réalité qui donne son sens à tout ce qui existe. Et cette réalité, c’est le Verbe de Dieu, la parole de Dieu, c’est dieu Amour. Dieu Amour. « Ce Verbe était auprès de Dieu et ce Verbe était Dieu et ce Verbe était tourné vers Dieu ». Là, quand on parle de Dieu, on parle du Père. Le Père et le Verbe, sont Dieu. Un seul Dieu, trois personnes. Les chrétiens se compliqueraient-ils un petit peu la vie ? En fait, il ne s’agit pas juste de couper les cheveux en quatre, il s’agit de nous dire que le Verbe est tourné vers Dieu, il regarde le Père, il est aimé du Père et il aime le Père depuis toute éternité. Il n’y a pas un moment où Dieu n’aime pas.

Et moi, dans cette histoire ? Eh bien je suis aimé de Dieu. Chacun de vous est aimé de Dieu et Marie est aimée de Dieu. C’est ça la bonne Nouvelle. La grande Nouvelle La grande joie pour tout le peuple… Nous sommes aimés… Je suis aimé… et pourtant, je ne suis pas très aimable. Pour ce que j’en connais, je me rencontrerais, je ne suis pas sûr que je m’apprécierais beaucoup. Et pourtant, Dieu m’aime. Il nous aime tous. Dieu nous aime chacun. En fait, Dieu a un préféré, et ce préféré, c’est moi ! On peut le dire, car Dieu, dans sa puissance, dans son Amour parfait, il est capable de nous préférer tous. Nous, quand on préfère quelqu’un, cela signifie que l’on aime un peu moins les autres. Pour Dieu, ce n’est pas le cas : quand Il préfère quelqu’un, c’est qu’il est tout-à-fait capable de préférer quelqu’un d’autre en même temps. C’est Dieu.

Donc Dieu est le Verbe, ce Verbe qui est Lumière, ce Verbe qui est Vie. Parce vivre, c’est d’abord une question, non pas de respiration, non pas de nourriture, non pas de déplacement, vivre, c’est d’abord une question de relation. Et la vie par excellence, c’est aimer et se laisser aimer. Donc Dieu est Vie, tout comme Il est Amour. C’est synonyme en fait pour Dieu. Il est Lumière, Il éclaire tout homme. Il nous éclaire. Il nous donne la capacité de vivre comme Lui est vivant. Il nous donne la capacité d’aimer comme Lui aime. Et Il veut nous pousser à aimer comme Lui. C’est pour cela que ce Verbe de Dieu qui est aimé du Père et qui aime le Père vient habiter parmi nous. « Le Verbe s’est fait chair ». Dieu est un homme. Bizarre de dire ça… ou cet homme, Jésus, est Dieu.

III – La Foi, aptitude à accueillir le Verbe en nous

On est bien d’accord, pour pouvoir accueillir et accepter cette information, il faut faire un pas de confiance. C’est ce pas que l’on appelle la foi. Et ce pas de la foi, nous n’en sommes pas capables tout seul. Nous avons besoin d’un cadeau spécial de Dieu. Ce cadeau spécial de Dieu peut nous arriver n’importe quand. Il peut arriver à n’importe qui. Mais aujourd’hui, Marie va recevoir ce cadeau de la foi. Elle est baptisée, elle reçoit la foi. On pourrait décrire la foi comme un port USB, une connexion. Aujourd’hui, Dieu va implanter dans le cœur de Marie une connexion avec Lui, un port USB, qui lui permet d’être en relation avec le serveur central. Et le serveur central, c’est Dieu lui-même. Et le serveur central, il envoie ses données. Et la donnée du bon Dieu, c’est son Amour, sa vie, sa lumière. Dans quelques instants, Marie, qui va être baptisée, va être connectée à Dieu. Et elle va se mettre à lui ressembler parce que par cette connexion, elle gagne encore en ressemblance avec Jésus-Christ. Comme Jésus, elle est un homme, dans son cas, une femme, une petite fille !, et par Jésus, par le baptême, elle devient fils, fille de Dieu. Elle devient capable d’aimer comme Jésus. Être capable ne signifie pas que ça réussit à tous els coups.

IV – Accueillir le Christ, c’est accepter de se laisser changer

Voilà le mystère de Noël : Dieu vient habiter au milieu de nous. Si nous le croyons vraiment, si nous croyons que puisque nous avons été baptisés nous sommes connectés à Dieu, si nous croyons que puisque nous avons été baptisés nous sommes frère et sœur de Jésus, si nous croyons que Jésus est venu dans le monde pour nous apporter la Lumière, alors normalement, cela doit changer nos vies. Ça doit changer nos vies ! Parce que ce qui compte le plus, ce n’est pas notre confort. Et pourtant, aujourd’hui, on le cherche. Ce qui compte le plus, ce n’est pas notre richesse notre célébrité, notre succès… non. Ce qui compte le plus, c’est d’accomplir le projet de Dieu, dans ma vie. Là, aujourd’hui. A mon petit niveau. Mon but n’est pas de sauver le monde. C’est d’apporter un petit peu de joie, de lumière et de vie là où je suis maintenant. Avec mes plus proches. En ces jours où nous sommes réunis en famille,- ce n’est pas toujours facile d’être en famille – ça vaut le coup de se replacer sous le regard de Dieu et de travailler à faire grandir la joie, petit à petit. Et si l’on n’est pas capables de faire des grands pas, ce n’est pas graves. Faisons-en des petits.

Le Seigneur, Dieu tout entier vient à notre rencontre. Il se met à notre portée… Il se met tellement à notre portée que le voilà petit-enfant dans la crèche. Il se met tellement à notre portée que dans quelques instants, c’est l’Eucharistie, le corps du Christ qui nous est donné.
D’ailleurs, quand nous recevons ce corps du Christ, recevons-le comme nous recevrions un petit enfant. Lorsque l’on nous confie un petit enfant à peine né, on n’est pas désinvolte ! on le reçoit ! c’est un trésor précieux et surtout, je ne le fais pas tomber.

Eh bien pour Jésus eucharistie, c’est la même démarche. C’est Dieu tout entier qui vient se faire tout petit dans ce pain, qui n’est plus du pain, qui est Jésus qui veut nous donner la capacité d’aimer et de nous laisser aimer.