8 décembre : Kairè, kecharito mené

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Homélie de la fête de l’immaculée conception,
Jeudi 8 décembre 2022

Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés après transcription.

« Kairé Kecharitōmĕnē ». Salut, comblée de grâce ! Et quand on dit « Kaire », c’est que l’on salue quelqu’un d’important. Une princesse, une reine… quelqu’un qui compte. Quelqu’un qui pèse. Et Marie, elle est vraiment cette princesse. Elle est vraiment cette reine. Oui, elle pèse. Elle pèse de la gloire de Dieu. Et d’ailleurs, le mot Gloire, en hébreu, ça veut dire el poids. Marie, elle pèse. Elle est comblée de grâce. Rien en elle n’est pas toujours par la tendresse de Dieu, par l’amour de Dieu, par cet Amour absolument gratuit. Tout en elle rayonne de la bonté, de la miséricorde, de la tendresse, de l’Amour de Dieu. « Kaire Kecharitōmĕnē ». Alors oui, Marie est un peu étonnée. Qu’est-ce que c’est que cette salutation ? Il doit se tromper ; ça doit être l’autre !

C’est bien elle, Marie, petite jeune fille, jeune vierge d’Israël, – 15 ans, 16 ans ? -, toute jeune ! Et voilà qu’elle reçoit une mission immense. Et cette mission, c’était de porter Dieu. Mais elle était déjà préparée à cette mission. C’est parce qu’elle est déjà comblée de grâce qu’elle est l’écrin adéquat pour accueillir le Christ, Jésus, Dieu fait homme. Elle est pleine de grâce depuis toujours. On l’a entendu dans la 2e lecture. « Dieu nous a béni et comblé des bénédictions de l’Esprit ». Et saint Paul parle de nous ! Mais en fait, Dieu bénit tous les hommes. Il nus a choisi avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et immaculés. Il a choisi Marie avant la fondation du monde pour qu’elle soit sainte et immaculée. Aujourd’hui, nous, nous ne sommes pas tout-à-fait saints et immaculés. Sauf ceux qui viennent de se confesser… Marie, elle, avait reçu ce cadeau tout spécial. C’est pour cela qu’on l’appelle Immaculée Conception. Elle est sainte et immaculée à l’instant même où elle apparaît. Grâce à quoi ? Grâce à la mort et à la résurrection du Christ. Il y a eu une sorte d’anticipation. Le bon Dieu voulait tellement nous donner ses cadeaux, qu’il n’a pas pu se retenir. Il l’a donné à Marie en premier. Un peu comme des parents qui voudraient anticiper Noël. Et Marie devient l’écrin parfait qui met en valeur le cadeau lui-même.

Marie… « Kecharitōmĕnē ». Tu es comblée de grâce ! Et en fait, cette parole-là, elle s’adresse à chacun de nous aussi. Peut-être pas comme quelque chose auquel nous sommes arrivés, mais quelque chose qui est notre futur. Le projet de Dieu pour nous. Et pour être comblés de grâce, qu’avons-nous à faire ? Être le cœur ouvert, être à l’écoute. Vous savez, le plus grand commandement : « Ecoute, Israël ! ». Elle résume tout Israël, à elle seule. Fille juive de la terre d’Israël, héritière du peuple élu, elle écoute ce que Dieu dit. Et quand Dieu dit, il bénit. Alors elle est pour nous un exemple. Nous sommes nous aussi appelés à être comme elle, pour laisser le don de Dieu se déployer en nous pour devenir nous aussi des immaculés. Pas par conception. Mais des immaculés quand même.

Marie, c’est la manifestation d’une dimension divine que parfois, on oublie un peu. Quand on pense Dieu : il est si loin Dieu, Il est si fort Dieu, si puissant, oui ! Il est tout Amour, mais en même temps, pour nous, Dieu tout Amour, c’est un peu écrasant. On parlait de sa gloire qui est pesante, alors il est venu habiter au milieu de nous, Jésus, qui est là pour nous comme un frère, comme un ami. Puis il a donné une mission toute particulière à Marie. Il lui a donné pour mission d’être le reflet de sa maternité. Dieu a inventé les mères. Comment Dieu ne serait-il pas encore plus et encore mieux mère que nous ? Et c’est Marie qui a cette mission de porter pour le monde cette maternité de Dieu.

Alors accueillons-le, Dieu, dans nos vies. Accueillons Marie Aussi. Comme le disciple bien-aimé, au dernier jour. Alors que Jésus est sur la Croix… « Femme, voici ton fils. Voici ta mère ». Marie est notre mère. Et ensuite ? « Le disciple l’accueillit chez lui ».
Accueillons Marie chez nous.