Is 35, 1-6a.10 ; ps 145 ; Jc 5, 7-10 ; Mt 11, 2-11
homélie du 3e dimanche de l’Avent A – 11 décembre 2022
Troisième dimanche du temps de l’Avent : nous avons eu une parole un peu étonnante pour commencer : « Le Désert est la terre de la soif. » Est-ce que on a envie de vivre au désert et sur la terre de la soif ? « Le pays aride », c’est là où rien ne pousse. Le prophète Isaïe s’adresse à ces terres désolées, de tristesse et d’isolement, et leur dit « Réjouissez-vous, exultez, soyez dans la joie, parce que le Seigneur vient ! »
I – La vengeance de Dieu ?
Le Seigneur vient, et ça, c’est une bonne nouvelle ! Nous sommes dans les années 600 avant J.-C. La Terre d’Israël est envahie régulièrement par des ennemis. Il y a même l’annonce d’un siège à Jérusalem, et, on le sait, ce sera la destruction de la ville et du temple. Mais le Seigneur vient et donc, malgré toutes ces difficultés du temps présent, réjouissez-vous, car « Il vient » ! Puis, on a une parole étonnante : « Voici la vengeance de Dieu qui vient. » Quand vous parlez vengeance, lorsque vous pensez vengeance, qu’entendez-vous dans votre tête ? Vous pensez à quoi ? On a un visage dur, et on a envie de mettre une claque ou deux… Alors, est-ce comme cela que va se déployer la vengeance de Dieu ? Si je vous pose la question, c’est que non ! Dieu a une autre manière de rentrer dans la vengeance, mais Il garde ce mot-là pour montrer combien cela L’engage, combien cela L’impacte. Quand on veut se venger, c’est tout notre être qui est prêt à partir de l’avant. Pour Dieu, c’est exactement pareil, c’est de tout Son être qu’Il veut s’engager, s’impliquer, mais Il le fait de manière étonnante : car la ‘vengeance’ de Dieu, la ‘revanche’ de Dieu, c’est Lui, Lui qui vient nous sauver. Et comment fait-Il ? Il donne la vue aux aveugles, Il ouvre les oreilles des sourds, Il fait bondir les boiteux, les muets crieront de joie, des choses merveilleuses arrivent. Voilà comme Dieu se venge ! Contre quoi se venge-t-Il ? Pas contre nous ! Il se venge contre ce qui fait notre malheur.
II – Accomplissement de la vengeance !
Cinq, six siècles plus tard, Jésus vient. À cette époque, il y avait un prophète, le Baptiseur, Jean. Il était habillé avec une peau de bête, en poil de chameau, il mangeait des sauterelles : quel régime étonnant ! Il annonçait que le Seigneur vient. Lui aussi annonçait la ‘vengeance’ de Dieu. Et lorsqu’il voit Jésus, il va Le montrer, Le désigner, en disant « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui vient au nom du Seigneur. » Et Jésus vient et commence à enseigner, à donner Sa parole, parole de libération, de guérison, parole qui nous donne le chemin du bonheur et de la joie. Mais, ce n’est pas très étonnant : quand Jésus enseigne, ce n’est pas extraordinaire, Il n’a pas réuni une armée pour mettre les Romains dehors. Il n’a pas déployé une ‘vengeance’ à notre manière. Alors, même Jean-Baptiste a un petit doute, une question : « Est-ce que c’est vraiment Toi qui dois venir ? » Est-ce que c’est vraiment Toi, l’Envoyé de Dieu ? Est-ce que c’est vraiment Toi l’instrument de la vengeance de Dieu ? Et Jésus lui répond : « Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la bonne nouvelle ». Oui, c’est bien comme cela que s’accomplit la vengeance de Dieu, le projet de Dieu !
III – Noël, étape vers la venue en plénitude du Christ
Cela nous évoque quelque chose, tous ces mots-là. Six siècles avant, Isaïe les avait annoncés. Jésus vient et Il apporte pour nous, Il montre par des signes visibles qu’Il veut prendre soin de chacun de nous. Alors, quand nous attendons Noël, quand nous nous préparons à fêter Noël, nous nous rappelons que le Seigneur est venu. La ‘vengeance’ de Dieu commence à s’accomplir, le bonheur pour tous les hommes commence à s’accomplir. Mais, lorsque nous attendons Noël, nous n’attendons pas seulement les cadeaux : nous attendons Jésus qui vient. Certes, Il est déjà venu, mais Il viendra encore, dans la gloire et, ce jour-là, la vengeance de Dieu sera accomplie, et ce monde prendra fin. Mais ce n’est pas triste, car un nouveau monde commencera, et le monde nouveau rimera avec la victoire de l’amour. Souvent j’entends : la fin du monde, ce sera terrible, quand même ! Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais notre monde va tellement bien… Nous ne sommes pas là pour accélérer la fin du monde, certes, mais vivement qu’on passe à autre chose !… et cette autre chose, c’est le Christ qui vient et, avec Lui, la victoire de l’amour !
Et si l’amour continue, se déploie, se développe, ne vous inquiétez pas, nous ne perdrons pas de vue nos amis, notre amoureux, nous ne perdrons pas de vue nos parents ni nos enfants : l’amour continue, il ne disparaît pas. Nous attendons Jésus qui vient dans la gloire, mais on ne sait pas quand cela arrive. C’était saint Jacques qui disait : « soyez patients, tout vient en son temps. » Si vous essayez de tirer sur l’herbe pour la faire pousser, cela ne va pas marcher !
Le Seigneur vient. Il vient, soyez patients ! Mais, dès aujourd’hui, Il est là, Il frappe à la porte de nos cœurs. Toc-toc. « Vas-tu me laisser entrer ? Je veux habiter dans ta vie… »