Solennité du Christ-roi

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Homélie 20 novembre 2022, par l’abbé Gaël de Breuvand
2 S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
C’est la transcription d’une prédication, le style reste oral, les titres sont ajoutés ensuite.

I – Dieu est roi

Si on se penche sur la définition du dictionnaire, qu’est-ce que c’est qu’un roi ?
Un roi, c’est celui qui est à la tête, celui qui gouverne, c’est surtout celui qui régit, autrement dit, c’est celui qui donne les règles. Alors, quand on réfléchit un tout petit peu, on se dit que lorsqu’on parle de Dieu, par définition, le roi, c’est Dieu, parce que c’est Lui qui donne les règles. C’est Lui qui a créé le monde, qui a fait que la Terre tourne autour du soleil, que la lumière est une énergie qui éclaire, que le chaud, ça brûle, et que le froid… c’est froid ! Oui, pour tout cela, Dieu est roi. Et Il nous a créés également, Il est notre Créateur, Il nous a donné le but et le sens de notre vie : aimer, comme Lui aime. Il nous a donné le moyen de faire en sorte que tout cela soit ordonné, que tout cela fonctionne. Oui, vraiment, Dieu est roi. Alors, la question suivante : et le Fils de Dieu ? Par définition, Il est le fils de Dieu, et comme Dieu est roi, Il est roi. Donc Jésus, qui est le fils de Dieu, est roi.

II – Jésus sur la croix

Donc, un roi – imaginons quelques instants ce qu’est un roi – des rois, il y en a eu plein dans l’Histoire des hommes : il y a des pharaons, il y a des rois d’Angleterre, il y a des princes de Monaco, il y a des rois de France, Louis XIV, et il y a aussi des rois fainéants… On le voit, il y a des bons rois, et des moins bons, voire des très mauvais ! Mais, de fait, pour moi – je pense que c’est pareil pour vous – quand on me dit roi, je pense plutôt à Louis XIV, le roi Soleil. Est-ce que Jésus est un roi comme Louis XIV ? C’est l’Évangile que l’on a entendu… On va répondre ensemble : non ! Parce que Jésus est sur la Croix, et que la Croix, ce n’est pas l’emplacement normal des rois, vous êtes d’accord ? La Croix c’est même l’inverse : c’est le pire des malfaiteurs qui va sur la Croix. Aujourd’hui, nous n’avons plus la peine de mort dans notre société, mais, à l’époque, on n’allait pas sur la Croix pour une petite plaisanterie, ce n’était pas juste pour un dépassement de vitesse. Quand on est condamné à mort et qu’on va sur la Croix, c’est que l’on a fait des choses graves. Au point que le bandit qui est à côté de Jésus dit : ‘si nous sommes ici, c’est que nous l’avons bien mérité’. On n’ose même pas imaginer ce qu’il a fait pour que même lui dise ‘je l’ai bien mérité’…

Mais Jésus, Lui est bien sur la Croix, et pourtant ce n’est pas du tout la place d’un roi. Et, pourtant, dans cet Évangile, tout le monde l’appelle roi : « Si tu es le Messie, si tu es le roi, descends de la Croix ! Tu en as sauvé d’autres. » Voilà, ça, c’étaient les grands prêtres, ils se moquent. De même les soldats : ‘si tu es le roi, tu n’as qu’à descendre’. Et les bandits, de même, dont un en particulier : ‘si tu es le roi, fais-nous descendre avec toi !’ Et il y avait, marqué au-dessus de lui : « Il est le roi des Juifs » ; tout le monde l’appelle roi. Alors, est-ce que c’est simplement une moquerie ? Alors, oui, pour tous ces gens-là, c’est d ‘abord une moquerie, qui fait mal, d’ailleurs. Parce que Jésus Lui, sait qu’Il est le Fils de Dieu, Il sait qu’Il est vraiment roi.

III – Jésus, vrai roi, berger des brebis

Et Il va leur montrer qu’être vraiment roi, ce n’est pas tout à fait comme ils l’imaginent. On en avait déjà un tout petit indice lors de la Première Lecture : nous sommes mille ans avant, avec le roi David. Celui-ci est déjà roi de deux tribus, et ce sont les dix autres tribus qui le réclament et lui disent : sois notre roi. Parce que le Seigneur a dit… – est-ce que le Seigneur lui a dit : ‘sois le roi d’Israël’ ? Non – Il lui a dit : « sois le berger d’Israël ». Et quand on est berger, qu’est-ce qu’on a comme caractéristique ? Même si on a moins de bergers, de nos jours, on l’imagine assez bien. Le berger, c’est celui qui est avec ses brebis. C’est la première chose : il est dans les champs avec elles. Il n’est pas dans une maison surchauffée alors que les brebis sont dehors. Non, il est avec elles dehors. Il les regarde, il les connaît, ses brebis, et, quand il regarde le troupeau, il sait quand il en manque une. Et il est prêt à aller la chercher. Il l’emmène là où il y a des pâturages. Quand il y en a une malade, il en prend soin. Quand il y en a une qui va avoir un petit, il est là. Le berger prend soin de ses brebis.

Et le roi David est appelé par Dieu à être un berger, à prendre soin de ses brebis. On a déjà une petite idée : le roi, au sens où Dieu l’entend, ce n’est pas d’abord un maître tout puissant. Non. C’est d’abord un serviteur. Un serviteur ! Jésus sur la Croix ne se présente pas à nous comme un pharaon ou comme un Louis XIV, Il se présente à nous comme le serviteur par excellence. Et que fait-Il sur la Croix ? Il sert, il est le berger. Il prend soin de Ses brebis, même si Ses brebis sont en train de L’insulter ; juste avant le moment qu’on a lu, Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » « Pardonne-leur ». Il prend soin de Ses brebis. Il veut leur donner la possibilité d’être aimées et d’aimer à nouveau. Jésus regarde Son voisin et Lui dit : « Aujourd’hui, tu seras avec Moi dans le Paradis. » Aujourd’hui, Il prend soin, Il est le berger par excellence. C’est cela, être roi.

Jésus est ce roi serviteur. Mais il y a quand même quelque chose de la définition du début qui reste, parce que, s’Il est roi, c’est toujours Lui qui donne les règles. Et ces règles-là sont pour nous le chemin de la joie et du bonheur. Ces règles que Dieu nous donne, les règles que Jésus nous donne, ce sont les chemins de la joie et du bonheur. « Aimez-vous les uns les autres, comme moi je vous ai aimés. » Le plus grand commandement est : « Écoute, le Seigneur ton Dieu est l’Unique, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Oui, le Seigneur a pour nous une parole de vérité, une parole qui nous donne le chemin de la vérité, de la vie.

Conclusion

Alors, pour nous, qu’est-ce que cela change ? Et ce sera ma conclusion. Pour nous, cela change deux petites choses. La première est que, puisque nous avons été baptisés, nous sommes rois avec Jésus. Et il va s’agir d’être des vrais rois, autrement dit, des vrais rois bergers, des rois serviteurs. Des rois qui reçoivent leurs règles de Jésus, et qui sont capables de les transmettre aux autres.

Alors, quand est-ce qu’on est roi ? On l’est lorsqu’on est au service les uns des autres, lorsqu’un mari aime sa femme, lorsqu’une femme aime son mari. Cela, c’est une royauté en acte ! On est roi lorsque des parents aiment leurs enfants. Et, vous le voyez bien, c’est vraiment être aux pieds des brebis, se fatiguer pour elles. On est roi, lorsque des enfants décident d’être la joie de leurs parents. On est roi lorsqu’on se met les uns au service des autres. C’est la première chose, cela demande une petite conversion, parce que nous, naturellement, on préfère se faire servir !

Et la deuxième chose, c’est que Jésus est notre roi, Il se met à notre service pour que nous puissions accueillir Sa parole, pour que nous puissions nous ajuster à Lui. Il s’agit de laisser le Christ régner dans nos cœurs, et, pour cela, il faut prendre un petit peu de temps avec Lui. Pour cette semaine, ce que je nous souhaite, c’est que nous prenions tous cinq minutes, cela fait 1/300e d’une journée, cinq minutes pour le Bon Dieu chaque jour, pour Le laisser régner dans nos cœurs, pour que l’amour gagne dans nos vies.