Le Soleil de l’amour de Dieu et l’au-delà – 33e dimanche de TO-C

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Homélie 13 novembre 2022, par l’abbé Gaël de Breuvand
33e dimanche de TO, C
Ml 3,19-20a, ps 97, 2Th 3,7-12, Lc 21, 5-19

Il y a quelques dimanches comme cela dans l’année, où « Acclamons la parole de Dieu » est un petit peu difficile, parce que, vous l’avez entendu, notre évangile n’est pas un évangile où le ciel est tout bleu, les oiseaux chantent et gazouillent, et tout va bien se passer dans le meilleur des mondes. Bien au contraire ! Il y aura la destruction du temple – c’est déjà arrivé –, il y aura des guerres – c’est déjà aussi arrivé –, des tremblements de terre – c’est aussi arrivé – mais ce n’est pas fini. On le sait bien, nous sommes dans des temps où ces signes-là se manifestent : « on se dressera nation contre nation, royaume contre royaume, des phénomènes effrayants surviendront ». Tout cela, c’est notre temps. Mais ce n’est pas encore la fin !

I – Les ‘tribulations’ et la victoire de l’Amour

Jésus nous annonce les persécutions : lorsqu’on se dit ami de Jésus et que l’on veut vivre en cohérence avec cette amitié, eh bien, on dérange… Les persécutions viendront, si elles ne sont pas déjà venues. On le voit bien, notre religion, notre foi, notre volonté de vivre en cohérence avec l’existence du Christ qui nous sauve, cela provoque des tensions, y compris dans nos rapports avec nos enfants et nos petits-enfants, nos frères et sœurs, nos parents. Il y a des pays où c’est pire que cela, vous le savez bien. Mais Jésus nous offre une parole de consolation, en tout cas, Il nous invite à la confiance : « vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense », c’est moi – dit Jésus – qui vous donnerai le langage et la sagesse nécessaires. Ce que nous dit Jésus, c’est que cela ne nous préservera pas de la mort, cela ne nous préservera pas de la souffrance ; mais, grâce à cette parole, à cette sagesse, à ce langage, nous serons vraiment des témoins. Des témoins de l’amour de Dieu !

C’est notre appel, et si nous voulons véritablement accueillir le Christ dans nos vies, si nous voulons véritablement être Ses témoins, alors, n’ayons pas peur, ne soyons pas effrayés : pas un cheveu de nos têtes ne sera perdu, notre vie, nous la garderons, non pas forcément la vie physique – celle-là passera de toutes façons – mais notre vie, autrement dit notre aptitude à être en relation, à aimer et à nous laisser aimer : cela gagnera, cela survivra, cela même vivra encore mieux ! Nous sommes faits pour vivre, nous sommes faits pour aimer, et l’amour vaincra, l’amour a déjà vaincu en Jésus. Donc, n’ayons pas peur, ne soyons pas effrayés, les temps qui s’annoncent, pour nous, ne seront pas très confortables, mais, d’une certaine manière, cela tombe bien, car nous ne cherchons pas le confort, mais la joie. Et la joie nous est promise !

II – le Jour du Seigneur : Paradis, purgatoire, enfer

Et puis après ces tribulations, « Voici que vient le jour du Seigneur !» C’est le prophète Malachie ; nous sommes dans les années 450 avant J.-C., et il nous annonce le jour de Seigneur, il nous parle du Seigneur qui est comme un soleil. Aujourd’hui, le soleil ne brille pas beaucoup et on se rend compte, quand il n’est pas là, qu’il éclaire et qu’il réchauffe, il guérit même, dit Malachie. De fait, vous vous souvenez, dans les années 1950, pour soigner la tuberculose, on employait l’héliothérapie. Il s’agissait de passer le plus de temps au soleil, dans les endroits où il n’y pas trop d’air, en montagne, dans les sanatoriums. Se laisser réchauffer, éclairer par le soleil…

          a/ le Ciel, un feu brûlant

Le soleil nous soigne. Évidemment le soleil, c’est le Christ, c’est Dieu lui-même qui nous soigne, Il est le soleil. Il veut notre joie. Ce soleil, nous le savons – nous avons fait un peu de physique – c’est un feu dévorant, et ce feu dévorant veut nous englober, nous engloutir, et c’est une bonne nouvelle. Parce que, lorsque nous sommes plongés dans le feu dévorant de l’amour de Dieu, nous devons nous-mêmes feu. Et c’est la plus grande joie que nous puissions avoir. C’est ça, la sainteté : lorsque nous sommes plongés dans le feu de l’amour de Dieu et que nous sommes nous-mêmes feu, un feu d’amour. Et nous participons, nous partageons la joie de Dieu.

          b/ le Purgatoire, un feu purifiant

Cela, c’est lorsque tout se passe bien. Mais Malachie continue : « Tous les arrogants, toutes les impiétés seront de la paille, le jour qui vient les consumera. » Oui, parce que ce feu brûlant de l’amour de Dieu, il brûle aussi ! On le sait, il y a certaines maladies qui explosent quand on se met au soleil. Ce feu de l’amour de Dieu est absolument bon pour nous, mais si nous ne sommes pas ajustés, cela nous fera du mal ! En réalité, le prophète Malachie distingue les justes, qui craignent Dieu, ceux qui sont ajustés à Dieu, et ceux qui sont arrogants, ceux qui commettent l’impiété, ceux qui commettent les péchés.

Mais, en réalité, lorsque nous regardons notre propre cœur, est-ce que je peux me ranger dans la catégorie des justes ?  Alors, je me regarde, et je vous garantis que non, moi, non… Est-ce que je peux me classer dans la catégorie des arrogants, de ceux qui commettent l’impiété ? Oui ! Mais, dans un cas comme dans l’autre, je ne suis pas absolument blanc, ni absolument noir. Il y a des beautés dans mon cœur, celles que Dieu a placées. Il y a de la justice dans mon cœur, comme dans le vôtre ; mais il y a aussi de la paille, il y a aussi des ombres, il y a aussi des péchés. Donc, moi, lorsque je m’approche de l’amour de Dieu, ce feu dévorant, il y a une partie de moi qui se réjouit, et il y a une partie de moi qui souffre. Et j’attends que la paille disparaisse complètement, parce qu’à ce moment-là, il n’y aura plus que joie.

Ce que je viens de décrire, c’est ce qu’on appelle le purgatoire. Le ciel, le purgatoire, et l’enfer, c’est la même réalité, c’est Dieu brûlant d’amour. Le ciel, ce n’est pas un lieu, c’est l’état de celui qui est ajusté au Seigneur, et qui se laisse brûler, qui brûle avec Lui, qui rayonne avec Lui, dans la joie. Le purgatoire, c’est l’état de celui qui est plongé dans cette fournaise d’amour et qui a encore des choses non ajustées ; ces choses-là brûlent et le Seigneur nous débarrasse. À la fois joie, et à la fois douleur. Ce n’est pas un lieu, le purgatoire, c’est cet état-là.

          c/ l’enfer, un feu torturant

Et puis l’enfer, eh bien c’est toujours l’amour de Dieu, fournaise, brûlant de charité, dans laquelle je serai – j’espère que non ! – plongé mais en m’y refusant. Celui qui est en enfer, il n’est pas dans un lieu où Dieu ne serait pas là. Non, Dieu est présent, Dieu qui est tout amour et qui veut tout entier nous brûler de Son amour ! L’enfer, c’est de se refuser à cet amour, de fermer la porte. Et alors ce feu, au lieu d’être joie, comme c’est voulu par Dieu, devient une souffrance terrible.

III – Ma destination finale, un choix libre de ma part

Notre avenir est là. Être plongé dans la fournaise de l’amour de Dieu, la joie parfaite. Le bon Dieu nous y plonge, mais nous demande notre avis : qu’est-ce que nous choisissons ? Il est absolument respectueux de notre liberté. Il nous a créés libres : ce n’est pas pour nous contraindre à aimer, parce que ce ne serait plus de l’amour ! Il nous a créés libres pour que nous puissions choisir, nous positionner, nous engager. Et ce choix-là, nous sommes invités à le poser aujourd’hui : aujourd’hui, est-ce que je choisis, dès maintenant, d’être ajusté au Seigneur ? Ou est-ce que je préfère rester loin, m’isoler ? Quel est mon choix ?

En fait, si je veux préparer mon ciel, il s’agit que je le prépare dès aujourd’hui et que je me laisse réchauffer, soigner par l’amour de Dieu, dès aujourd’hui. Il s’agit que je Le laisse faire le tri dans mon cœur entre le bon grain et l’ivraie. Que je sache me laisser transformer, en feu, en feu d’amour. Et cette décision-là, il n’y a que moi qui peux la prendre pour moi-même, il n’y a que chacun qui peut la prendre pour soi-même. Personne ne peut décider à notre place.

Alors, laissons-nous aimer, laissons-nous aimer, et le Seigneur nous transformera, nous ajustera à ce qu’Il est : amour, paix et joie.