Prier : une relation, une mission – 29e dimanche de TO C

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Ex 17,8-13 ; ps 120 ; 2 Tm 3,14 – 4,2 ; Lc 18,1-8
par l’abbé Gaël de Breuvand, à l’occasion du baptême de Ombeline Ménard.

Ombeline ne va pas tout comprendre ce que je vais dire, mais c’est quand même à elle que je m’adresse lorsque je lui dis : « Ombeline, Jésus te parle. » Qu’est-ce que nous dit Jésus dans cet Évangile ? Une chose toute simple. Si un juge inique, qui n’aime personne, peut se laisser toucher par une veuve qui lui casse la tête, combien plus Dieu, qui nous aime, et qui nous a créés pour nous combler de Sa joie, nous exaucera-t-Il ? Il va se laisser toucher, Il se laisse toucher dès aujourd’hui, et pour toujours.

I – la Prière, une relation

Jésus invite Ses disciples, et nous invite, à toujours prier sans se décourager. Mais qu’est-ce que prier ? C’est d’abord, essentiellement, entrer en relation avec Dieu notre Père. C’est une relation qui, comme toutes les relations, se déploie de différentes manières : Nous allons nous émerveiller devant la grandeur de Dieu, devant Son œuvre de création, devant Sa providence, nous allons Le remercier, Le louer, nous allons Le regarder, nous allons L’écouter, Lui parler, et nous allons Lui demander. Souvent, la demande a un peu mauvaise presse… et pourtant Jésus insiste régulièrement : « Demandez, et vous recevrez. » Demander, c’est déjà un acte de confiance : lorsque l’on demande, c’est qu’on espère que l’autre peut nous entendre. Quand on n’a pas cette espérance, on ne demande rien… Demander, c’est aussi, pour nous, une façon d’exprimer notre besoin, et peut-être qu’en l’exprimant, on va se rendre compte qu’en réalité, ce n’est pas tout à fait cela. Cela nous permet de nous ajuster, de nous mettre en connexion avec le Seigneur.

Dans la Première Lecture, une autre prière nous était présentée : le peuple hébreu est dans le désert, et ce n’est pas facile. Il y a les combats intérieurs : tout à coup, on se met à douter de Dieu. Le passage juste avant celui que nous avons entendu, c’est « Massa et Mériba », lorsque les Hébreux n’avaient pas confiance en Dieu et ont accusé Dieu de les avoir emmenés dans le désert pour les faire mourir de soif ! Donc, il y a des épreuves intérieures ; et puis, comme ici, il y a des épreuves extérieures : il y a des ennemis qui viennent s’abattre, comme une nuée de sauterelles, sur le peuple hébreu. Et là, nous voyons Moïse qui se lève, et il va prier Dieu. Il prend son bâton et il lève les bras, et tant qu’il a les bras levés, autrement dit tant qu’il a une prière constante et qu’il se tourne vers le Seigneur, ceux qui se battent gagnent. Mais, quand sa prière se fait moins efficace, moins concentrée, les bras baissent… et son peuple se fait battre. Il faut les deux : la prière n’est pas le tout en soi. Il faut que Josué et ses hommes combattent, pour que la victoire vienne. Mais si Moïse ne prie pas, la victoire ne viendra pas. C’est ce que disait de manière touchante sainte Jeanne d’Arc. On lui posait la question : si Dieu est avec vous, est-il besoin de mener la guerre ? « Les hommes d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire. » Alors, dans le texte biblique, comme pour Jeanne d’Arc, on voit de la bataille, du combat physique ; mais c’est vrai pour tous nos combats ; et le plus gros combat, vous le savez, c’est le combat contre nous-mêmes. Il faut prendre les moyens pratique de la victoire, mais il faut aussi entrer dans la prière, dans la relation.

II – Le priant est prêtre : un faiseur de pont

Moïse accomplit ce qu’on appelle une mission de prêtre. Un prêtre, c’est celui qui fait le pont, il est le pontife. Il fait le pont entre les hommes et Dieu, et c’est lui qui fait le pont entre Dieu et les hommes. Moïse n’est qu’un homme, et donc le pont qu’il construit n’est pas parfait, loin de là ; alors Dieu le soutient, Dieu l’aide. Mais, tout au long de l’histoire, on voit que ce pont entre Dieu est les hommes est fragile : alors Dieu a décidé de s’impliquer… et c’est Jésus. Il est Dieu de toute éternité, donc la relation au Père est parfaite. Donc le pont entre Dieu et Jésus est parfait. Et Jésus est aussi un homme, en relation avec chacun de nous ; donc, le pont entre nous et Jésus est parfait, grâce à Jésus. Entre Jésus et Dieu la relation est parfaite, entre nous et Jésus la relation est parfaite, donc par Jésus, avec Jésus et en Jésus, nous pouvons être connectés au Père. Jésus est LE prêtre, en fait, même, Il est le seul prêtre. Il n’y a pas de prêtre autre que Jésus : c’est le seul capable de faire ce pont.

Dans quelques instants, Ombeline va être baptisée. Et en étant baptisée, elle va recevoir la foi, on l’a demandée au début. La foi qui donne la vie éternelle. La foi qui connecte chacun de nous au Christ, et qui fait de nous des membres du Christ, du Christ total. Nous sommes tous – parce que baptisés, parce qu’ayant la foi et essayant de la mettre en pratique – membres du Christ. Et puisque nous le sommes, nous partageons avec Lui Son être et Sa mission. Donc nous, peuple chrétien, nous sommes prêtres. Nous avons mission, avec Jésus, en Jésus, par Jésus, de faire le pont entre les hommes et Dieu. C’est pour cela que nous sommes appelés à la prière. Parce que, pour construire ce pont-là, on y mette un peu du nôtre, il faut que nous donnions de notre temps et de notre énergie.

Ombeline, à partir d’aujourd’hui, la prière est ta mission : tu es chargée de représenter l’humanité tout entière aux yeux de Dieu, et tu es chargée de témoigner de Dieu auprès de l’humanité tout entière. C’est la mission de chacun de nous qui sommes baptisés !

Alors, aujourd’hui, c’est une question qui nous est posée à chacun : est-ce que nous prierons sans nous décourager ? Est-ce que nous accepterons de garder la foi ? Parce que Jésus a une parole inquiète, quand même : « Trouvera-t-il la foi sur la Terre ? » Accepterons-nous de vivre notre mission de prêtre ? Peut-être que, sur les 96 quarts d’heure qui composent une journée, peut-être que nous pourrions en donner un, environ 1% de notre temps, au Bon Dieu ? Le regarder, se laisser regarder par Lui, L’écouter, Lui parler, Lui rendre grâce, Lui demander. C’est aujourd’hui la question qui m’est posée, qui nous est posée à chacun : que décidons-nous ?