Homélie du 22e dimanche de TO – C

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

par l’abbé Gaël de Breuvand
dimanche 28 août 2022

« Quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable » : on est bien d’accord. La caractéristique de Dieu est qu’Il n’est pas très palpable et, pour entrer en relation avec Lui, nous manquons de preuves. Il nous manque une vision, une audition, du contact…

I – être une bonne terre

Et pourtant, nous croyons. Cette foi, nous l’avons reçue, c’est un cadeau que Dieu nous a fait. Elle naît – c’est saint Paul qui le dit – de l’écoute. C’est par ce que nous avons entendu de nos parents, nos catéchistes, nos prêtres qui, eux-mêmes, ont entendu de leurs parents, de leurs catéchistes, de leurs prêtres, qui eux-mêmes ont entendu… et comme cela, on remonte jusqu’aux apôtres. Il a fallu écouter, il a fallu recevoir. Et aujourd’hui, ce cadeau de Dieu, c’est la foi qui grandit en nous. Elle grandit parce que Dieu est lui-même le jardinier.
Mais il y a une condition : si nous voulons que Dieu puisse travailler notre cœur comme un bon jardinier, il faut que nous soyons une bonne terre, et c’est le cœur des lectures d’aujourd’hui. Une bonne terre… En latin, la terre c’est l’ « humus ». Cet « humus » a donné le mot humilité, la caractéristique, la vertu qui fait que la personne est une bonne terre. C’est du coup l’appel du vieux sage Ben Sirah : « mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité. » Autrement dit, sois une bonne terre, aie le cœur ouvert. Et c’est encore Ben Sirah qui conclut : « l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. »

Je ne peux pas être une bonne terre si je me refuse à écouter, je ne peux pas être une bonne terre si je considère n’avoir besoin de rien. J’ai « besoin ». Il s’agit que je me laisse jardiner, arroser, que je me laisse parfois aussi sarcler, émonder… Il faut enlever les mauvaises herbes, quoi ! Il faut que j’entre dans une démarche d’écoute. C’est là encore ce que nous invite à faire Jésus, dans l’Évangile, dans cette parabole, cet enseignement de Jésus : ‘choisis la dernière place’, parce qu’alors on t’invitera à monter plus haut. Surtout, choisis la dernière place parce que, lorsque tu acceptes d’être un petit, cela veut dire que tu acceptes de te laisser enseigner, tu es capable de recevoir les cadeaux que Dieu lui-même – directement, ou médiatisés par d’autres – veut te faire. Nous ne pouvons pas recevoir les cadeaux de Dieu si nous considérons ne pas en avoir besoin. Forcément, si j’ai raison… « Quiconque s’élève sera abaissé, quiconque s’abaisse sera élevé. » Il s’agit d’être humble. C’est vrai que ce mot « humilité », qui nous fait aussi penser à « humiliation », on ne l’aime pas beaucoup ! Et pourtant, vous l’avez bien compris, il est la condition de l’accueil de la Parole de Dieu. Il est la condition d’une écoute véritable, il est la condition pour que puissent se déployer en nous les fruits du Royaume.

II – grandir en humilité

Alors aujourd’hui, nous sommes réunis – pas très nombreux, c’est encore la fin de l’été – dans cette église, et il s’agit pour nous de demander au Seigneur d’avoir des bonnes dispositions de cœur. Seigneur, fais grandir en moi l’humilité. Donne-moi d’accueillir Ta parole, celle qui m’est donnée dans les évangiles, dans toute la Bible, mais aussi celle que Tu m’adresses directement dans mon cœur quand je prends le temps de la prière. Et je sais combien il est important de prendre le temps de la prière. Mais aussi, celle que Tu me donnes lorsque l’Église enseignante veut m’enseigner ; mais aussi lorsque je rencontre des frères qui sont capables de me donner les paroles qui viennent de Toi. Parfois, ils ne s’en rendent même pas compte !

Demandons au Seigneur cette humilité du cœur. Peut-être que – c’est la pédagogie de Dieu ; c’est aussi la pédagogie pour notre humanité – pour gagner et avancer dans cette humilité, il va falloir que nous vivions quelques humiliations. Peut-être que, pour que nous puissions comprendre ce qu’est l’humilité, il va falloir que l’on s’entende dire : ‘laisse ta place’. Alors, demandons au Seigneur d’accueillir ces petites humiliations du quotidien, pour grandir en humilité, pour avoir ce cœur qui écoute, pour être une bonne terre, pour entrer dans la véritable crainte de Dieu car tout cela c’est synonyme. La véritable crainte de Dieu, c’est d’avoir ce cœur qui écoute, d’être bien conscient que tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons, tout ce que nous faisons, est de Dieu, vient de Dieu, est cadeau de Dieu.

Seigneur, fais grandir en nous l’humilité, ainsi, nous croirons et nous pourrons poser les actes d’amour dont le monde a tant besoin.