Homélie du 21e dimanche du Temps ordinaire – 21 août 2022 – Année C
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s‘agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
La parole de Dieu qui nous est donnée en ce jour nous dévoile deux choses :
premièrement, Dieu veut le salut de tous. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ».
et deuxièmement, le Salut ne se fera pas sans nous.
I – une histoire du salut
Rappelons-nous quelques instants : comment Dieu est-il rentré en relation avec nous ? Il a appelé une famille, Abraham et ses descendants, qui sont devenus un peuple. L’Histoire Sainte, l’histoire de toute l’humanité se concentre sur un tout petit peuple, le peuple d’Israël, pour qu’il soit un témoin, le témoin des merveilles de Dieu. Entre Abraham et Moïse, c’est tout le travail où Dieu se constitue ce peuple, qui devient sa famille. Et au cours des années, avec les rois d’Israël, avec les prophètes et avec l’Exil, jusqu’à Jésus… C’est le temps où Dieu enseigne son peuple, l’éduque, et en fait véritablement le témoin. Peu-à-peu, Israël va découvrir que le fait de connaître Dieu, ce n’est pas simplement le Salut pour lui-même, c’est aussi un Salut pour le monde entier. Et c’est exactement ce que dévoile Isaïe. Ce peuple d’Israël sera envoyé en exil, et là, chaque croyant pourra être témoin au milieu de ces païens. Et ces païens découvrant Dieu grâce à ces croyants, grâce à ces exilés, vont pouvoir eux-mêmes se tourner vers Jérusalem, se tourner vers le vrai Dieu et être à leur tour des témoins. Ils seront, et le monde entier deviendra, une offrande à Dieu. Parce que Dieu se donne à nous pour que nous soyons nous-mêmes une offrande à Dieu, et à nos frères.
En Jésus se réalise pleinement ce projet de Dieu, cette promesse de Dieu. Cette Alliance est renouvelée et elle est élargie au nouveau peuple d’Israël, l’Église toute entière. Nous sommes « envoyés comme des brebis au milieu des loups », pour être des témoins et pour que les loups deviennent brebis. Il s’agit que nous-mêmes, nous nous laissions convertir, nous nous laissions soigner par le bon berger.
L’Église est envoyée. Ecclesia, en grec, c’est ceux qui sont appelés. Mais nous ne sommes pas appelés pour rester entre nous et être paisible, non ! Nous sommes appelés pour être envoyés. C’est le sens du dernier mot de la messe : Ite missa est. On avait traduit par « allez dans la paix du Christ », qui est une très mauvaise traduction, je préfère : « Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie ». C’est cela que nous sommes appelés à vivre et à réaliser. Rappelons-nous d’une chose : nous ne sommes pas faits pour rester sur la Terre. Nous sommes faits pour le Ciel. Le Ciel pour tous ! Lorsque nous serons au Ciel nous exulterons de joie. Nous sommes faits pour cette joie. Ensembles : Louer, honorer, servir le Seigneur. Nous laisser aimer par lui, dilater nos cœurs, être dans la joie…
II – Le Salut ne se fera pas sans nous
Nous sommes tous appelés au Salut et ce Salut passe aussi par nous. Si nous ne disons pas les merveilles de Dieu, qui le fera ? Quelqu’un demande à jésus : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Nous avons entendu la Parole de Jésus. Jésus ne dit pas que très peu de gens seront sauvés ni que tous seront sauvés. Il dit simplement : « la porte est étroite et que tous sont appelés à entrer par cette porte » Et nous les premiers ! en tout cas, c’est notre appel. Seulement, elle est étroite. Et si nous sommes trop gros, nous ne passerons pas. Alors la cure d’amaigrissement que nous sommes appelés à vivre n’est pas une question physique, – nous sommes bien d’accord – il s’agit de se débarrasser de tout ce qui n’est pas le projet de Dieu, tout ce qui n’est pas Amour. C’est pour cela cette histoire de carême : On fait un effort d’amaigrissement. Il s’agit d’abord d’un amaigrissement spirituel, de mettre les choses en ordre dans notre vie et de mettre en premier ce qui doit être premier. Et en second ce qui doit être second, les frères. Il n’y a pas de premier s’il n’y a pas de second et inversement, donc on ne se passe ni de l’un, ni de l’autre. « Celui qui dit j’aime Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur ».
Cela nous interroge sur notre vie, aujourd’hui ! Quel est notre but aujourd’hui. Nous sommes un peu pollués par notre société. Et la société nous dit : ‘aah, ce qu’il y a de plus important, c’est le confort. Le plus important, c’est d’être en bonne santé. Le plus important, c’est d’être beau. Le plus important, c’est d’être riche. C’est d’avoir du succès…’ Mais tout cela, c’est sympathique, on n’est pas contre, mais ce n’est pas par là que nous obtiendrons le Salut. Ce n’est pas par-là que nous obtiendrons la vraie joie et le vrai bonheur. Car la vraie joie et le vrai bonheur, c’est d’aimer et de nous laisser aimer.
Je vais me permettre un petit exemple : il y a un siècle de cela, nos ancêtres n’avaient pas de machines à laver. Il fallait se retrouver au lavoir pour laver ensemble le linge et c’était dur, c’était exigeant et cela prenait du temps. Alors effectivement, cela prenait du temps et c’était inconfortable et l’hiver, cela devait être galère. Mais il y avait dans ce travail fait en commun l’occasion d’une relation, d’un Amour. Aujourd’hui, avec nos machines à laver, cela ne repose souvent plus que sur une seule personne. Et ce n’est plus un acte social, et cela devient difficile de le poser comme un acte d’amour, vécu ensemble. Pour celui qui remplit le lave-linge, le vide et étend le linge, oui, cela reste un acte d’Amour. C’est la question qui s’est posée à nous ces deux dernières années : est-il juste de prioriser notre santé personnelle plutôt que notre relation ? on s’est enfermés pendant deux ans. On n’a plus rencontré personne. Est-ce juste ? Je pose la question… Chacun de nous peut y répondre seul en se laissant éclairer par l’Esprit saint. C’est lui qui nous comble et qui nous met en route. C’est la question que pose Jésus : « à quoi sert-il de gagner le monde si c’est pour perdre son âme, si c’est pour se perdre soi-même ». Notre but c’est le Ciel. Nous sommes faits pour aimer et nous laisser aimer, regarder Dieu face-à-face. Et le faire ensemble. Ce Ciel, il commence aujourd’hui ; Cela implique que nous nous convertissions, que nous sachions lâcher prise sur ce qui nous encombre pour pouvoir passer la porte étroite.